Le geek, c'est chic ?

"Have you tried turning it on and off again ? Have you tried forcing an unexpected reboot? "

Ces deux phrases sont le quotidien de Moss et Roy, les deux "gestionnaires/"réparateurs" informatiques qui animent de leur culture geek le misérable sous-sol dans lequel on les a confinés. Jusqu'à ce que Jen, une quiche en informatique, vienne les rejoindre, en tant que manager communication. Du trio naîtront maintes situations improbables et cocasses, qui ne dépayseront pas les amateurs de The Big Bang Theory.

Je ne suis pas une grande consommatrice de sitcoms : à l'exception de Black Books, aucune ne parvient véritablement à renouveler en moi le pacte du "rire aux éclats". Si je continue à suivre TBBT, c'est moins par amour des personnages que pour voir la manière dont hollywood s'approprie la culture geek. J'étais donc curieuse de voir la manière dont les brittons l'accommoderaient.

Bilan mitigé : si certains épisodes m'ont faire rire aux éclats, pour leur dose d'absurde tout britannique, pour les jolies trouvailles geek (The Elder of the Internet...le détournement des pirate advising qui hantent les dvds...) ou certains personnages (la destinée de Richmond, le gothique fan de Craddle of Filth, m'a fait rire de bon coeur), d'autres m'ont semblé plutôt convenus, décevants, voire lourdingues.

La série ressemble un peu à une montagne russe : certains épisodes sont très réussis et poussent jusqu'au bout le délire dans lequel ils nagent (Calendar geeks, The speech, Moss and the german...), d'autres sont bien plus poussifs. J'aurais aimé que les références geeks soient plus développées (le décor est truffé de joyeusetés inexploitées - dont un de mes jeux de plateau préférés = frustration !), pour apporter un chouille de densité aux persos, qui, à force de n'être que des prétextes à gros délire, s'essoufflent un peu. La rôliste que je suis aurait notamment aimé que la partie d'ADD, pourtant chouette avec son ptit côté cathartique, soit plus développée ; que les jeux ne se limitent pas à Guitar Hero ou un vague passage par une arcade ; et que le clash geek/obsédée des chaussures ne se résume pas à quelques blagounettes sur les virus qui envahissent l'écran des noobs ou sur le vocabulaire technique (RAM, Vista...), la musique soit-disant improbable qu'écoutent les nerds, une vague référence à Matrix (dans un épisode assez chouette qui explore un jeu façon "des chiffres et des lettres" à l'anglaise) et parodie de facebook, ou l'échec critique social et sentimental auquel sont censés être voués les geeks.

Cet aspect "social failure" est parfois "exploité" de façon intéressante (l'épisode où Roy et Moss -le Sheldon de The it crowd- dowloadent une application pour faire des commentaires virils et poilus sur les matchs de foot et s'insérer dans des conversations couillues au pub, a des aspects bien trouvés), mais une part de moi doit sûrement être fatiguée par la caricature... celle du geek et celle de la trentenaire obsédée par le shopping et l'idée de se caser.

J'en retiens donc une poignée de moments et quelques répliques ( Roy (chantant): We don't need no education. / Moss: Yes you do. You've just used a double negative.... bon, ça fait certainement beaucoup plus rire quand on a longtemps écouté les Pink Floyd ^^)... et la sensation que c'est peut-être le format sitcom qui me frustre ?

A regarder par curiosité, et à oublier ensuite.