Netflix est-elle en train de prétendre au titre de meilleure chaîne pour les séries SF ? L'année 2016 pourrait nous faire croire que oui. Après Stranger Things qui m'avait renversée en début d'année, je termine sur The OA...série étrange, envoutante, difficile à classer, difficile à assimiler à d'autres choses...série à voir.
The OA c'est l'histoire de Prairie Johnson, jeune femme retrouvée après des années de disparition. Je choisis de ne pas parler des circonstances, le premier épisode sera peut-être pour vous d'autant plus poignant. Elle avait quitté le foyer parental en étant aveugle, elle revient à eux en ayant retrouvé la vue. Très rapidement son retour vient retourner la petite ville américaine dans laquelle elle vit: personnage doué de pouvoirs surnaturels, monstre à retardement ou encore cas psychiatrique...chacun se fait son avis sur la question.
Cette série est...déstabilisante. Ce n'est pas qu'elle manque de dynamisme, malgré quelques longueurs (depuis Walking Dead ce n'est plus un argument valable pour discréditer une série...) elle sait se montrer captivante. Ce qui est déconcertant c'est qu'elle n'est pas linéaire, c'est un peu comme si chaque épisode venait nourrir l'intrigue principale MAIS en proposant quelque chose de bien différent de ce qui précède. La narration est différente, le personnage principal se fait doubler par un personnage secondaire sur lequel on se focalise alors même qu'on n'a pas eu le temps d'apprendre à connaître le premier...en spectateur on se sent bien baladé. Certains diront "on n'y comprend rien, ça part dans tous les sens"...peut-être. Pourtant, j'ai eu la conviction qu'en continuant à gratter on finirait bien par tomber sur une idée colossale.
Si on reste, c'est aussi parce que Netflix sait définitivement créer cette ambiance bizarre qui rend hommage aux meilleurs films du genre. J'ai pensé à des films comme Bienvenue à Gattaca ou Signes de Mel Gibson...ce qui est un compliment. Non seulement les auteurs ont varié les méthodes de narration, mais en plus la façon de filmer est très fine. ca reste assez sobre et pourtant ça marche. Le premier épisode vous le confirmera, l'entrée en matière sait être brutale. J'apprécie qu'une chaîne puisse aborder la fiction, l'irréel sans tomber dans l'excès des flash et des effets spéciaux qui dégoulinent sur tous les murs. Pour hypnotiser, rien de mieux que le suggérer. Tout est dans l'ambiance que l'on arrive à créer ou non.
Dans ce qui peut laisser un peu dubitatif, cette façon de vouloir aborder pas mal de thèmes et de questions en même temps, d'en rajouter un peu plus à chaque épisode, j'ai un peu peur de ce que ça va donner sur le long terme. On avance, on avance, et on met du temps à cerner les objectifs des auteurs. Une excellente série nous fait demander "quand est-ce qu'on arrive ?", une série comme The OA nous fait demander "on va où ? est-ce que quelqu'un sait où on va ?"
Globalement, ça répond bien aux objectifs de la science-fiction, il y a des piques lancées à notre société actuelle, sur l'éducation, les relations humaines, la communauté, la recherche...le paranormal a toujours son utilité.
Bravo pour la musique aussi...de bons choix, de belles compositions. Du côté du casting, ils se se sont fait plaisir aussi...de plus en plus de bons noms dans les rangs de Netflix. Je note surtout la prestation de Jason Isaacs (Awake, Harry Potter) et de Brit Marling qui sont encore meilleurs que les autres. Aussi un plaisir de revoir Scott Wilson (The Walking Dead) qui a toujours la tête sur les épaules (^^...hum).
En bref, une série à voir qui, sans arriver à atteindre la mention "coup de coeur" que j'ai pu avoir pour Stranger Things, a encore montré que Netflix sait proposer de la qualité sur tous les plans dans ce genre un peu boudé du grand public. Peut-être pas un chef d'oeuvre...mais un potentiel fascinant et des réalisateurs qui ne filment pas avec les pieds.