32 ans avant l'excellent La Taupe de Tomas Alfredson avec un excellent Gary Oldman, le roman de John le Carré Tinker, Tailor, Soldier, Spy avait déjà eu le droit à l'honneur d'une excellente autre adaptation. Une excellente adaptation non pas cinématographique cette fois, mais sous la forme d'une mini-série, produite par la BBC, en sept épisodes d'environ 45 minutes chacun.


Tinker, Tailor, Soldier, Spy ou bienvenue dans l'univers glacial et complexe des hautes sphères de l'espionnage pendant plus de cinq heures... Oubliez les séquences d'action, il n'y en aura qu'une seule et unique et elle est dans le premier épisode. En fait, on plongera plutôt dans un bain de trahisons, de faux-semblants, de manipulations et de failles humaines.


Ainsi la question récurrente souvent posée au protagoniste, George Smiley, "How's Ann ?" n'est pas une question bienveillante pour avoir des nouvelles de sa tendre moitié, mais un moyen psychologique de lui rappeler son talon d'Achille, à savoir que sa chère épouse le cocufie copieusement. Et pourtant, si le monde qui nous est représenté est froid et cynique, le fait que l'humain soit autant creusé que l'histoire rend l'ensemble finalement émouvant ; tous les personnages le sont, même ceux envers lesquels on avait des a priori très négatifs.


Les acteurs secondaires sont pour la plupart brillants, spécialement Ian Bannen et Ian Richardson, mais celui qui domine incontestablement est le "classe et génial" Alec Guinness, qui arrive magistralement à rendre son George Smiley insignifiant extérieurement tout en parvenant à lui faire dégager une force et à lui donner un charisme incroyables en même temps ; un contraste que l'immense comédien rend pleinement fascinant (le fait que John le Carré ait été bluffé par cette performance et qu'il n'ait pas hésité par la suite à donner l'apparence de Guinness pour décrire son personnage n'est guère étonnant !).


Pour conclure à propos de ce must de la télévision britannique et de l'espionnage, on signalera aussi un générique de début à base de poupées russes simple mais bien pensé, car résumant parfaitement le propos de la série, et une chanson de générique de fin, composée par Geoffrey Burgon, absolument magnifique.

Plume231
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le 28 déc. 2014

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