Pauvres créatures devant une nature toute-puissante

Il est impossible de ne pas voir un lien (même faible) entre Top of the lake et Twin Peaks, la série de David Lynch, et pourtant l'univers du cinéaste n'est pas celui de Jane Campion. Mais il y a un rapport à la nature qui fait de ces beaux et vastes paysages un personnage de premier plan, une puissance qui écrase l'Homme, le regarde avec insistance.

Ce qui est gênant cependant dans Top of the lake, c'est la volonté des deux auteurs de faire des habitants de cette région paradisiaque des ordures finies. Personne n'est épargné par la pourriture ambiante qui se répand toujours un peu plus de décennies en décennies. Il est dommage que cet endroit ne soit peuplé que de criminels. Mais il ne faut pas non plus faire de jugements hâtifs car il est clair que tout cela est très symbolique et que nous sommes dans l'imaginaire du film noir. Il serait bon de voir l'ensemble de la série comme un rêve éveillé, ou cette nature très belle et cette corruption si présente ne peuvent être réelles et surtout, ne peuvent cohabiter. Top of the lake, sa grande beauté, sa marque unique, c'est justement le rôle fantastique de cette nature et le déplacement des corps en son sein. Cette nature, ce climat, cette météo recouvre toute l'histoire d'un voile mystique. La nature est notre oeil et nous jetons un regard bien cruellement accusateur sur ces hommes qui ont profané ces lieux sacrés.

C'était un pari difficile que de placer un film noir au coeur d'une nature aussi paisible, alors que la plupart de ce genre de films se situe dans les métropoles. La musique crée une atmosphère brumeuse et le casting est irréprochable, en tête Elizabeth Moss de Mad Men et le grand Peter Mullan.