Top of the Lake
7.3
Top of the Lake

Série SundanceTV (2013)

Top of the lake, polar d'atmosphère (sans spoiler, c'est promis)

On le sait, ou l'on commence à le savoir, la télé n'est plus le purgatoire de scénaristes qui bâclent leur travail sous la pression de producteurs peu scrupuleux, de réalisateurs aux talents discutables ou d'acteurs en bout de course ou wanabe... Aujourd'hui, les séries télé innovent, elles sont inventives, elles captivent, elles investissent dans la qualité, et attirent donc tout naturellement des réalisateurs les plus talentueux. La qualité appelle la qualité.

Jane Campion fait désormais partie de ces réalisateurs qui ont fait le saut entre cinéma et séries (je ne vous ferai pas l'affront de vous dresser la liste, vous la connaissez sans aucun doute mieux que moi, chers lecteurs). A-t-elle bien fait, me demanderez-vous si vous n'avez pas encore portez votre attention sur cette série compacte de 7 épisodes dans les montagnes néo-zélandaises ? Oui, vous répondrai-je sans hésiter.

Parce que ce polar sombre et lent a des petits airs de Twin Peaks. De légères ressemblances, comme le rôle d'ambianceur que joue l'environnement alentour, la nature sombre et légèrement inquiétante, mais diablement belle. Comme l'atmosphère, que cette petite communauté qui semble fermée, coupée du monde, dégage. Une troublant mélange d'air pur et de confinement. On croit respirer profondément et étouffer, à tour de rôle. On ressent le froid et l'humidité dans nos os, comme si l'on y était. On ressent la poisse et le malaise malsain du bar local, à la population légèrement (voire complètement) nauséabonde, puis on jouit du silence paisible des bords du lac.

Ensuite, on remarque avec plaisir que '' '' n'est pas juste Peggy de Mad Men, à qui l'on s'était habitué, mais bien une actrice au talents polymorphes. Elle dégage ici un mélange de confiance en elle, de détermination, et pourtant de fêlures personnelles et de traumatismes assez captivant.

Pour le reste, l'élément principal n'est pas l'enquête menée par le personnage de … pour retrouver une petite fille disparue, mais plutôt le développement de cette atmosphère, la découverte de ses racines profondes et sombres, la compréhension de sa complexité et des liens entre les personnages. Une image récurrente résume bien le ressenti : une vue des montagnes néozélandaises, en deux plans. Au second plan, un versant illuminé d'un soleil qu'on imagine de fin d'après midi ; au premier plan, une colline sombre, privée de lumière. Comme si l'espoir, c'était pour les autres. Comme si, ici, il n'y avait rien à espérer. Comme si seul le départ pouvait être une solution.
Philippe_Delaco
7
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le 19 mars 2014

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Phil Dela

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