Yu Yu Hakusho
7.5
Yu Yu Hakusho

Anime (mangas) Fuji TV (1992)

Voir la série

Images rémanentes sur une plage d'été (Partie 2)

Partie 1 : https://www.senscritique.com/bd/Yu_Yu_Hakusho/critique/137125627


Ceci est la deuxième partie de ma critique du manga Yu Yu Hakusho débuté sur la page qui lui est dédiée.

Obligé de la couper en 3 puisque je suis apparemment trop productif pour ce site codé sur le dernier minitel de Pyongyang. Arf...


Partie 1 : https://www.senscritique.com/bd/Yu_Yu_Hakusho/critique/137125627


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Arc 3 : Sensui/The Seven.



Nous y voilà enfin ! L'arc Sensui ou l'excellence en quatre tomes et demi !


Pour tous les mangas action/aventure qui se sont fait une spécialité de développer des arcs scénaristiques d'une bonne dizaine de volumes Togashi semble lui s'être fait promettre de ne dépasser cette barrière symbolique qu’en de rares occasions. Privilégiant généralement les arcs plus cours afin d'offrir régulièrement un condenser de nouveaux concepts imaginatifs à son lectorat il préférera parier sur la surprise et le dépaysement pour renouveler l'attraction qu'exerce l'univers de son œuvre (chose qui apparaîtra de façon d'autant plus flagrante dans Hunter X Hunter).


Mais même en ayant dit cela je ne saurais vous préparer convenablement à l'impressionnante variété que propose ce troisième arc et cela en un nombre de chapitre réduit surtout comparé au nombre de ses grandes réussites.


J'ai parlé pour décrire cet arc de variété comme j'aurais pu parler de multiformité, de disparité, d'hétérogénéité ou tout autre adjectif abriter sous le parapluie du champ lexical de la diversité.
Et en effet s'il y a bien un mot qui selon moi caractérise la narration de l'arc Sensui, c'est sa recherche active de diversité secondée par sa fluidité édifiante.


C'est un peu comme si après avoir été prisonnier physiquement et thématiquement de l'île Kubikuri durant les 7 derniers tomes Togashi n'avait qu'une envie : celle de faire éclater le cadre de son récit.


Et il est ainsi intéressant de constater que si autant l'arc du tournoi des ténèbres que l'arc Sensui peuvent être considérés comme d'excellents arcs ils le sont pour des raisons fort différentes.
Comme dit à l'instant l'arc Sensui fait éclater le cadre de la narration que nous avait imposé les circonstances du tournoi des ténèbres et l'on a alors à nouveau véritablement l'impression de repartir à l'aventure.


La diversité des situations qui nous est proposée est mirifique et celles-ci s'enchainent avec un naturel trépidant.


Ainsi les moments de calme comme les plus tendues sont investis, imprégné de cette même unicité. C'est simple il est rare que l'on passe plus de deux chapitres dans une même situation. Les bouleversements sont légions et il n'est pas rare que d'importants changements d’atmosphère ne s'opèrent d'une partie à l'autre de l'arc. A titre d'exemple voici le déroulement (grandement simplifié) des évènements à partir du chapitre 124, voyez plutôt :


Du sauvetage de la part de Kuwabara d'un agent ennemi (chapitres 124-125) va naitre une scène d'exposition visant à nous informer sur le passé de Sensui (chapitres 126-127) qui va être interrompu par une mêlée générale en milieu urbain (128-129) qui débouche sur une course-poursuite (chapitre 130), qui va donner lieu à un duel entre Yusuke et le bras droit de Sensui en bord d'autoroute (chapitre 131) jusqu'à ce que Hiei ne vienne en aide à Yusuke et entame une discussion qui approfondisse leur relation (chapitre 132) à la suite de laquelle ils rejoignent leur allié au repaire de Sensui dans lequel ils pénètrent malgré une atmosphère oppressante (chapitre 133) pour ensuite se retrouver piéger d'un jeu vidéo qu'ils termineront (chapitre 134-135), leur victoire nous amenant ultimement à atteindre le lac sous la montagne ou se terre notre antagoniste principal.


Si vous avez un jour le plaisir de vous plonger (ou replonger) dans la lecture de l'arc Sensui je vous invite sincèrement à en savourer les moindres instants car arrivée à ce stade vous expérimenterez l'enchainement de péripétie le plus changeant et imaginatif de tout le manga.


Et encore je vous dis cela sans avoir lâché un seul mot sur les événements qui précède ceux décrit à l'instant qui sont eux embaumer d'un parfum de mystère, marquer par une atmosphère de thriller entêtante et exploite à merveille les nouvelles habilitées introduites dans cet arc.


Mais je vous parle de nouvelle habilité et de nouveau concept sans vous avoir encore précisé de quoi il retourne.


Il est question de ce qu'on l'on appelle dorénavant "territoires" des espaces aux caractéristiques qui varient d'un individu à l'autre et permette audit individu de plier sans effort la réalité à sa volonté.


L'arrivée des fameux territoires permet ainsi d'éviter ingénieusement les incohérences, banalisation de l'action et autres pièges scénaristiques qui peuvent découler de l'expression de nouvelle menace par la seule démesure (coucou Dragon Ball), en plus d'apporter une dose supplémentaire d'imprévisible et d'incongru aux affrontements à venir.


Il est plus que jamais admis qu'à partir de maintenant une stratégie finement développer à l'aide de ses capacités exclusives peut faire plier l'utilisateur de force pure.


Et de ce fait il n'est pas surprenant de voir que les deux premiers individus "punis" pour ne pas avoir intégré suffisamment vite ce changement de paradigme sont ceux à avoir fait montre des capacités les plus destructrices et spectaculaire au cours de l'arc précédent à savoir : Yusuke et Hiei.


Tout grand vainqueur du tournoi qu'il est Yusuke perd bêtement contre Kido car il est devenu trop sûr de sa puissance.


Idem pour Hiei qui serait tout simplement mort si Kurama n'était pas venu à son secours en déjouant l'énigme de Kaito.


L'intégralité de la remarquable épreuve de la maison des quatre dimensions en début d'arc a justement pour but de renverser les rapports de forces et d'apprendre au lecteur autant qu'au personnage à craindre à nouveau, l'individu moyen, l'homme du peuple car l'ennemi auquel nous faisons face à ce stade du récit nous est parfaitement inconnu et peut donc se cacher derrière le moindre rictus (d'où le génie de la phase d'enquête qui va suivre et capitalisera brillamment sur cette nouvelle ambigüité, un ennemi ne pouvant être éliminé sans avoir était identifié au préalable).


Et l'on pourrait même aller jusqu'à citer le style de combat de Sensui comme ambassadeur supplémentaire de cette autre façon de penser l'affrontement. En effet l'adepte du "Reikō Resshūken" ne plie plus sous les coups, il ne recule plus, ainsi dans cette nouvelle dynamique porter un coup irréfléchi et la garanti d'être puni par un contre. Pour avoir une chance de dépasser Sensui son adversaire doit constamment repenser sa technique de combat et innover dans le but de le surprendre.


Tant de nouveauté dans l'univers et dans la narration qui font souffler sur cet arc un vent frais de renouveau qui en fait un arc aussi singulier que passionnant.


C'est aussi à mes yeux dans cet arc que ce qui fera la quintessence du style de Togashi pour les années à venir ressort le mieux et cela malgré les premiers signes d'usure du mangaka.


Un certain réalisme prégnant pour les facies aidé par un ombrage stylisé afin d'accentuer la terreur qu'ils inspirent ou la gravité de la situation. Préférence accrue pour le flou et les lignes de mouvement lors des affrontements, pour garder l'action la plus lisible possible sans avoir à ajouter trop de détail. Des contours assez légers, flottant et oscillant à l'impact qui appuie parfaitement la vitesse et la puissance des coups mais qui ne manquera pas de rappeler au plus exigeant le caractère d'esquisse de certaines cases. Des environnements qui peuvent s'avérer aussi originaux que grandioses dotés d'une véritable atmosphère mais dont la représentation sera souvent limitée au strict minimum quand elle n'est pas tout bonnement inexistante. Un chara-design qui reste toujours bien pensé, marquant la plupart du temps et ne se prive pas par indolence de mettre l'emphase sur les atouts de charismes et de puissances de ses personnages. Et toujours les fameuses présentations en pieds qui font beaucoup pour l'iconisation de certains passages en plus de permettre de rendre compte de l'état d'un personnage sans avoir nécessairement à le replacer dans son contexte ce qui permet également de faire classe ou solennel tout en se ménageant.


Il est aujourd’hui de bon ton de taxer Togashi de feignant autant pour ses innombrables pauses que pour son style quelque peu inégal et inconsistant mais j'aimerais personnellement proposer une approche plus sensible de ce contentieux car c'est après tout ce qu'est en premier lieu mon rapport au style: une question de sensibilité. Je ne nie pas que certains visuels aient pu en pâtir de la nonchalance du mangaka mais après avoir lu les 19 tomes de Yu Yu Hakusho je suis convaincu que Togashi est très conscient de ses défauts et a appris à compenser par son excellent découpage, son sens de la mise en scène et ce style qui lui est propre les quelques manques à gagner que l'on peut identifier dans les pages de son œuvre et que certains, dans une démarche très peu productive, s'ingénieront à moquer jusqu’à ce que mort s’ensuive.


Le fait étant que même dans ces moments qui semblent ne pas avoir profité de la plus grande attention il y a quand même quelque chose, quelque chose d'agissant, quelque chose de notable. Dans ces moments Yu Yu hakusho arrive à faire ressentir quelque chose de grand et de fort avec peu et pour ma part cela compte plus souvent que l'inverse comme une qualité.


Mais mon avis est sans doute biaisé car je ne me cache pas d'apprécier grandement le style de ce bon Togashi et cela entre autres choses parce qu'il a capturé pour moi une certaine esthétique manga des années 90 et l'a connecté à mon présent à la façon d'une capsule temporelle.


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"Je pense avoir suffisamment causé style" se dit alors l'homme à la fistule anale en observant d'un vif coup d'œil le plan de son analyse rédiger au préalable. "Il va être temps de passer au décryptage de l'affrontement principal de ce troisième arc. Chic, voilà qui est réjouissant !"
s'exclame l'élagueur de chêne blanc le plus connu des services secrets américains alors que sa face tuméfiée brille à la lumière de son écran LCD saturé de pop-up de naine bossue et protestante à l'allure aguicheuse.


Si je suis bien certain de ne jamais avoir écrit un plan de mon analyse avant d'avoir débuté cette critique il y a cependant un point sur lequel cette narration aussi inopinée que douteuse n'a pas menti : c'est que nous approchons de l'analyse du combat final de cet arc.


Mais avant de nous y attaquer j'aimerais comme la dernière fois profité de cette modeste tribune qui m'est offerte pour donner un petit coup de projecteur sur certains personnages qui ont souffert de l'aura envahissante de ceux avec qui ils font équipe.


Parmi les 7 individus qui ont rejoint Sensui dans son projet apocalyptique j'en retiendrais deux : Hagiri et Kamiya.


Hagiri est cet adolescent au visage sombre que l'on peut apercevoir pour la première fois à la droite de Sensui sur la couverture du tome 14 une mise en valeur qu'il ne partagera qu'avec Itsuki autre membre important du groupe des 7. Pourtant déjà sur cette couverture alors que Sensui et Itsuki semblent nous dévisager d'un air de défi Hagiri lui à la mine basse et le regard fuyant comme s'il cherchait à se dissocier subtilement de ses partenaires de crimes.


Le fait est qu'Hagiri n'a pas rejoint le camp de Sensui par conviction il l'a rejoint pour la liberté que lui apporte le statut d'hors la loi.


En ce sens du haut de ses 17 ans Hagiri possesseur d'un pouvoir qui dépasse l'entendement humain incarne en partie cette recherche typiquement adolescente de sensations fortes quitte à piétiner la morale, l'éthique, voire même autrui pour atteindre le grand frisson.


Mais si j'ai précisé qu'Hagiri ne partage qu'en partie cette mentalité c'est parce qu'il est en premier lieu un jeune garçon réfléchi et distant qui est très conscient de sa situation et de son rôle ce qui l'amène à exécuter son travail avec un sérieux qui détonne avec ses désirs en apparence puérils.
Ce contraste apporte de l'épaisseur au personnage en plus de l'entourer d'une aura mystérieuse qui sera l'apparat d'Hagiri jusqu'à ce qu'il nous quitte, ce dernier ne nous ayant jamais vraiment révélé le fond de sa pensée ceci renforçant encore son caractère de doux rêveur insaisissable.


Hagiri a donc construit, entre autres et sans forcer, son identité autour de cet attrait pour le spectaculaire en dedans et de son élégance dans la rébellion en dehors deux éléments qui se retrouvent dans son choix d'une esthétique de vie aventureuse qu'il a préférée malgré les risques afin de s'offrir un peu d'amusement avant de s'évaporer dans le lointain.


Une esthétique ou le charisme, sans qu'Hagiri lui-même semble s'en préoccuper, joue une place très importante ce qui est d'ailleurs très bien retranscrit dans chacune de ses apparitions plus aveuglante les unes que les autres.


Hagiri est ce type à l'allure romanesque qui transpire la classe quoi qu'il fasse et que l'on a peu d'autre choix que d'adorer ou de détester pour cette exacte raison.


Avant de retourner au lycée pourquoi ne pas filer un coup de main à l'ange de l'apocalypse pour tuer le temps ? Voilà probablement le hobby le plus remarquable et distrayant qu'un étudiant doucement loufoque puisse se trouver.


Kamiya quand à lui ne partage pas ce caractère détaché des ambitions de son commanditaire. Cruel, manipulateur et habité d'un complexe de supériorité en sommeil Minoru Kamiya est un de ces antagonistes qui a tant de potentiel qu'il est presque criminel de le relayer au second plan. Mais ça tombe bien redorer le blason d'ennemi resté dans l'ombre est un de mes passe-temps favori.


Haïssant l’humanité au point d'accepter de partager un charnier avec ses représentants du moment qu'il peut participer à leur extermination Kamiya le chirurgien de la mort est l'un des alliés de Sensui les plus motivés à mener à bien son projet de génocide planétaire.


Il est d'ailleurs bien possible que Kamiya est joué un rôle plus important qu'il a bien voulu nous l'avoué dans la mise en marche du plan de Sensui celui-ci ayant été son docteur personnel suffisamment longtemps pour retarder sa mort. De plus le nom de "Minoru" reviendra plus tard dans la bouche d'Itsuki pour décrire l'une des personnalités multiples de Sensui, comme par hasard un grand orateur élitiste, manifestement influencé par le caractère du docteur.


Médecin pour le compte de l'hôpital de Mushiyori son pouvoir redoutable lui donne un contrôle total des fonctions du corps humain faisant ironiquement de ce mégalomane nihiliste un docteur hors pair apte à sauver de nombreuses vies. Mieux encore comme une ultime raillerie à la face des idées les plus humanistes Kamiya laisse entendre que ce don de maitrise de l'organisme se serait éveillé en lui pour satisfaire sa soif de sang, ultime preuve que l'humain peut pervertir même les plus nobles vocations.


L'existence même de Kamiya se posant alors comme le meilleur argument de l'annihilation de l'espèce humaine, à la fois poison et antidote le chirurgien de la mort a pour projet d'infecter ses semblables du virus né de son imagination avant de se trancher les veines avec une impassibilité à faire froid dans le dos.


J'adore particulièrement Kamiya car son discours autant que son parcours souligne à merveille les carences et les imperfections inhérentes au monde des humains qui tels une main invisible va favoriser indistinctement les pires ordures comme les plus vertueux.


Une thématique sublimée dans le magnifique chapitre 153 "Le lendemain de chacun" dans lequel l'on apprend que Minoru Kamiya a profité de l'agitation pour fuir la police et se refaire une vie sans être inquiété des conséquences de ses actes passés.


Le chirurgien de la mort ayant bénéficié de l'imperfection de la justice de ce monde institutionnelle comme immanente qui laisse un meurtrier psychopathe et menteur pathologique se soustraire aux répercussions de ses actes et vivre la vie qu'il a choisie malgré tout le sang qu'il a sur les mains.


(Donnez-moi un spin-off sur Kamiya je veux savoir ce qu'il devient !!!!!!!!!!!!!)


Rapide mention spéciale aussi du trio Kaito, Kido, Yanagisawa qui va joindre ses forces à celle de Yusuke après s'être d'abord fritté avec lui à la demande de Genkai.


Aussi convaincant qu'intriguant en tant qu'antagoniste les membres du trio ont eux aussi leur moment de gloire et participent grandement au changement d'atmosphère à l'aube de ce troisième arc, en plus de dépoussiérer la figure du loubard provocateur en faisant montre d'une malice inédite qui les enrichit d'un charisme énigmatique dès leur premières apparition.


Mais je parle, je parle et la fin du monde approche et il serait fort dommage de manquer le spectacle qui va décider de l'avenir de cet univers.


Enfonçons-nous dans la grotte et suivons l'écho des voix de nos protagonistes jusqu'au centre névralgique de cette affaire.


Au fond de cette caverne, au premier plan d'un lac souterrain, deux individus se font face.


Yusuke vs Sensui.



Sensui : l'Ange qui voulait mourir en enfer



Dans l'idée de poursuivre mon parallèle entre l'arc du tournoi des ténèbres et l'arc Sensui j'aimerais commencer à parler du duel de notre second antagoniste principal en le comparant avec celui de son prédécesseur.


Tout d'abord le combat Toguro vs Yusuke nous est présenté comme une évidence au moins 6 tomes avant que l'on y est vraiment droit sans parler du principe du tournoi qui par sa structure même participe à faire grandir les attentes vis-à-vis dudit affrontement que l'on sait prévu pour la finale.


Sur le plan physique Toguro est un mur qui doit être franchi pour poursuivre l'aventure sur le plan thématique/psychologique il est l'ombre dansante sur les parois de l'esprit de Yusuke, si similaire et pourtant si diffèrent de lui il est ce doute dont il doit se débarrasser afin de pouvoir à nouveau employer sa propre force sans être guidé par la peur.


L'on nous promet alors un combat sans ko ou l'un survit et l'autre meurt, une promesse qui je le comprends parfaitement à tout pour mettre l'eau à la bouche de ceux qui prennent un plaisir indescriptible à flairer les combats de légende (moi le premier).


A l'inverse les prémisses du combat Yusuke vs Sensui sont plus vagues, à première vue moins personnels, moins monter en épingle et suscitent donc moins d'engouement.


Le véritable danger n'étant alors plus incarné par l'antagoniste lui-même mais par l'ouverture du portail des ténèbres censé déverser des hordes de démons sur le monde, portail que Sensui ne contrôle pas directement. Il devient alors plus difficile de présager de l'issue finale de cette rencontre.


De plus lors de leur première confrontation Yusuke est certes désemparé face au style de combat de Sensui mais rien n'indique alors que la différence de puissance entre les deux adversaires ne soit similaire au gouffre qui séparait jadis Yusuke de Toguro.


Et là ou Toguro met un point d'honneur à faire savoir à son adversaire à quel point il lui est supérieur ce que l'on traduit narrativement de façon plus évidente encore par l'usage d'une échelle de puissance en %, Sensui lui reste secret et une véritable énigme jusqu'à très tard.


Les personnages le décrivant eux-mêmes comme quelqu'un de fourbe qui n'a pas pour intention de révéler ses cartes à moins qu'il n'y soit forcé.


A la différence de Toguro qui évidemment sans être unidimensionnel reste assez entier (à l'exception de ses derniers instants qui dévoilent une nouvelle facette de sa personnalité), Sensui lui semble capable de tout, n'importe quand.


Et voilà une des principales raisons et aussi une des plus évidentes qui participent celons-moi à faire du combat contre Sensui un affrontement plus mémorable que celui contre Toguro : Sensui n'est pas Toguro.


Sensui est cet ange du bizarre qu'on ne sait pas bien par quel bout attraper et c'est pour cela que la marge créative qu'offre son affrontement contre un Yusuke tout autant dans l'ignorance que le lecteur permet d'assister à des retournements d'une incongruité lunaire, tout aussi prégnant que Toguro par leur visuel mais en plus de cela mémorable parce que imprévisible, et imprévisible parce que leur premier instigateur est un dément.


Ainsi le champ de bataille s'imprègne de cette énergie chaotique qui en vient à contaminer Yusuke lui-même qui nous fait grâce de ses expressions les plus charismatiques et pénétrantes du manga en plus d'entretenir un discours délicieusement abscons.


Spécialement après la révélation de la schizophrénie de Sensui et l'éveil de Kazuya le combat prend une tournure âpre, plus crasse et plus spontanément sanguinaire.


Si le combat contre Toguro est une démonstration de puissance marquée par la sueur de l'effort dans une arène en plein air le combat contre Sensui (sa première partie tout du moins) tourne rapidement à l'écharpage marqué par l'odeur du sang dans les profondeurs d'une grotte envahi par les ténèbres.


Une situation des plus déstabilisantes qui va m'amener à parler du point de basculement du combat, je veux bien sur parler de ce moment exceptionnel ou Yusuke lâche sans bégayer entouré de ses alliés de longue date qu'il se fiche que les démons se répandent sur le monde par le portail des ténèbres du moment qu'il peut mener à bien son duel comme il l'entend.


Troisième moment crucial de l'évolution psychologique de Yusuke celui-ci est d'autant plus singulier qu'il apparaît à première vue comme rétrograde et semble avilir les nouvelles valeurs que l'on pouvait prêter au personnage depuis la fin du tournoi des ténèbres.


A l'opposé parfaite du combat contre Toguro Yusuke décide ici de faire d'un combat qu'il avait engagé pour le bien commun un duel suicidaire afin de servir ses intérêts égoïste.


Autrement dit ce combat est un véritable braquage aux yeux et à la barbe des instances célestes qui avait placé de bon espoir de réussite en Yusuke et se retrouve avec une seconde bombe à retardement sur les bras.


Comme si Yusuke en avait assez des responsabilités qu'implique son statut "héroïque" ce dernier, titubant, le visage ensanglanter et cabosser lance un sourire narquois à son adversaire lui intimant contre tout bon sens d'en finir avec lui.


Et autant je ne suis pas un grand fanatique de Yusuke autant je trouve cette décision et ses répercussions tout bonnement fascinantes.


Mais alors que se passe-t-il ? Est-ce que Yusuke a vraiment juste pété un câble ?


Eh bien... Cela pourrait être une réponse valable du moment que l'on comprend que Yusuke a en réalité toujours été ainsi.


L'un des meilleurs signes annonciateurs de ce soubresaut se trouve d'ailleurs pertinemment au tout début de l'arc Sensui.


De sa propre confession au cours d'un des tout premiers dialogues qui fait suite à la mort de Toguro Yusuke nous révèle qu'il se sent vide.


Cette victoire, avoir atteint le sommet d'une telle manière n'a en rétrospective pas su combler sa satisfaction personnelle. Yusuke en a marre de jouer au bon détective et s'empressera d'ailleurs d'envoyer balader Botan, la messagère des instances céleste, pour se jeter gaiement dans la baston comme au bon vieux temps après avoir répondu aux provocations du trio Kido, Kaito, Yanagisawa.


Cette énergie sauvage qui bout sous la surface a toujours été présente mais c'est son duel contre Sensui qui aura amené l'incubation de ce désir combattant à son terme et son explosion une fois le moment venu boutera une bonne fois pour toute au second plan ses velléités de sauveur.


Et si ce choix peut sembler balayer d'un revers de la main maladroit les "progrès" du personnage fait dans l'arc du tournoi des ténèbres il ne s'agit en vérité que d'un retour aux sources, un retour aux sources certes amorcé d'une façon des plus singulières, mais un retour au source tout de même, envers et contre tout et qui n'est pas pour autant synonyme de perte d'expérience ni de conscience (comme aura l'occasion de nous le prouver l'arc suivant).


Il s'agit de l'expression d'une part de la personnalité de Yusuke qui ne l'avait jamais quittée, peut-être même bien sa part la plus forte, un trait de caractère dominant et qui pourtant avait été quelque peu inhibé par son nouveau statut de sauveur et ses implications :


son individualisme.


Et si je voulais me la jouer psychanalyste je vous dirais que le moi de Yusuke (principe de réalité plus conservateur qui discipline les désirs pour survivre en société) est passé au second plan par rapport au ça (les pulsions et satisfactions instinctuelles) à travers lequel Yusuke a le plus souvent depuis le début de notre récit réagit aux stimuli externes les plus hostiles à sa personne.


Mais vous savez quoi je pense que l'on va laisser le dernier mot au meilleur ami de l'intéressé car il est encore celui qui est le plus à même de nous éclairer à ce sujet.


Ainsi comme le dit si bien Kuwabara dans le chapitre 142 alors que Yusuke déclame ses ambitions absurdes : "Il est redevenu le vrai Yusuke".


Yusuke n'est pas un détective spirituel, pas plus qu'il n'est un démon meurtrier, Yusuke est Yusuke et personne d'autre. Et si à partir de ce moment il peut donner l'impression d'avoir perdu son sang-froid, il a en réalité repris le contrôle, il a reconquis son âme.


Cependant ce conflit interne pour décider de la préséance de ses désirs sur les exigences que lui impose sa réalité mentale comme physique se conclura malheureusement pour Yusuke à nouveau de façon particulièrement frustrante lorsque le rappel de son appartenance à une lignée démoniaque, sous la forme d'une ingérence de son père, un démon surpuissant, le poussera à éliminer Sensui contre son gré.


Et justement dans tout ça que devient Sensui ? Pour le savoir procédons à un rapide retour en arrière.


La première partie de notre combat vient de prendre fin et Yusuke en est l'évident perdant. Allongé au sol et présumé mort un trou dans la poitrine, ses amis abasourdis se rassemblent autour de lui.
Sensui, pourtant un simple humain se révèle être l'utilisateur unique du « Seikou-ki » le ki des dieux et semble alors invincible.


Les démons commencent à échapper du portail des ténèbres et le combat opposant à présent Kuwabara, Kurama et Hiei à Sensui se poursuit dans le Makai, le royaume des démons.
Mais à partir du moment où Sensui pénètre dans le Makai quelque chose change en lui. Ce dernier se fait moins éloquent, moins démonstratif, il repousse les assauts de ces trois adversaires sans difficulté presque par automatisme il va même à leur confesser que sa grande puissance le pousse à la cruauté mais qu'il n'en retire pas spécialement de plaisir.


A quoi joue Sensui ? Le portail des ténèbres est ouvert et son plan d'annihilation de l'humanité est en bonne voie alors pourquoi s'exposer volontairement à de plus grands dangers en se laissant entrainer dans le Makai à un tel moment au lieu d'observer tranquillement le monde plonger dans le chaos ?


Il faudra finalement attendre que Yusuke possédé par l'esprit de son ancêtre démoniaque lui porte le coup de grâce pour qu'enfin les dramatiques circonstances de cet ultime assaut nous délivrent les derniers secrets de l'ange du bizarre.


Sensui est mourant, son corps est infecté par une maladie incurable qui ne lui laisse pas plus de deux semaines à vivre.


A l'origine Sensui voulait punir l'humanité après avoir contemplé de ses propres yeux l’abomination dont le genre humain et notamment les membres du Black Book Club dont j'ai mentionné les méfaits plus avant se sont rendus coupable à l'encontre des démons, ces derniers étant traité comme du bétail afin de satisfaire leurs jeux pervers.


Et c'est pourquoi en tant qu'ex-détective spirituel il a lui-même lutté contre ces incarnations du mal que les instances célestes avaient défini pour lui.


Mais à partir de l'évènement susmentionné quelque chose en lui s'est brisé et a entrainé ce que Sensui défini lui-même comme une putréfaction de son esprit. Cependant, je pense qu'il est possible d'aller encore plus loin dans l'analyse de la genèse de Sensui le schizophrène. Sensui Shinobu l'être humain a été le réceptacle de tant de souffrance et de tant de traumatisme que son propre esprit ne lui suffisait plus pour abriter le désordre mental dont il a été victime. Tous ces traumatismes ne nous sont d'ailleurs pas explicitement mentionnés mais ses multiples personnalités nous renseignent suffisamment sur le caractère dérangeant et dégénérescent de son parcours.


Parmi ses sept personnalités multiples l'on peut noter : Naru une jeune femme peureuse qui a besoin d'être consolé, s'accable des violences auxquelles elle assiste et incarne sans doute la sensibilité refoulée de Shinobu, Kazuya une brute irascible et sanguinaire qui alimente ses pulsions meurtrières, ou encore Minoru suave manipulateur qui se complaît dans une forme d'élitisme qui tend à justifier le fait d'imposer ses décisions à autrui.


Avec ce sympathique florilège on peut déjà commencer à se faire une idée de l'état de confusion absolue dans lequel Sensui Shinobu a dû vivre durant de nombreuses années ainsi que du genre d'épreuve qu'il a eu à traverser avant de voir son esprit être ainsi parasiter.
Sensui a donc fragmenté son esprit pour se survivre et pour survivre à son monde et pourtant lorsque ce même Sensui Shinobu plonge dans le Makai tout porte à croire que c'est pour s'y voir ôter la vie.


Ce désir de mort, cette funeste décision a-t-elle fait l'objet d'un consensus entre les 7 personnalités qui partage son subconscient ou Sensui Shinobu en a-t-il pris individuellement la responsabilité ?


Nul ne le saura sans doute jamais.


Pour ma part j'aime à penser qu'il s'agit de la façon qu'a choisie Sensui l'être humain de nous exprimer son individualisme, une dernière fois.


Au final Sensui était un homme malade de corps comme d'esprit, un homme d'une unicité à toute épreuve qui a rassemblé en son cœur pour un résultat à nul autre pareil la candeur et la cruauté de l'enfance ainsi que la vanité des élues et a mué au fils de ses plus atroces expériences en une improbabilité ambulante, un être humain, bénie par un ki divin qui ne rêve que de mourir en enfer, en apparence divinisé mais tourmenté par des visions infernales.


Ayant manifestement déjà trop vécu malgré son jeune âge (26 ans), traumatisé et gangrené par un mal qu'il abrite en son sein Sensui Shinobu cherche à se trouver une porte de sortie à l'image de la vie chaotique qu'il laisse derrière lui.


Et si je devais me prononcer sur le message qu’il cherche à transmettre dans ses derniers instants je dirais que Sensui veut se fuir, pour s'extraire de son propre marasme psychologique il veut mourir dans un endroit loin de tout ce qu'il a connu et de tout ce qui l'a façonné.


Voilà pourquoi à ses yeux le royaume des démons est magnifique, il est autre, c'est un ailleurs qui n'abrite aucun souvenir déplaisant. Ainsi tout naturellement l'ange aux ailes encrouté en a eu assez de vivre, assez de se complaire, assez de s'opposer.


Et lorsque Itsuki, son compagnon de toujours, traine sa dépouille dans un espace hors du temps puis l'enlace tendrement je pense que Sensui Shinobu obtient véritablement ce qu'il recherchait depuis si longtemps, à savoir : le silence reposant d'un sommeil éternel.


En choisissant d'envoyer balader les instances célestes pour profiter pleinement de son combat contre Sensui Yusuke rejoint son adversaire dans son dédain pour toute forme d'autorité. Et bien que les deux combattants aient emprunté des chemins différents ayant donnés naissance à deux visions discordante de leur monde ils auront décidé ensemble de n'en faire qu'à leur tête jusqu'au bout, témoignage de leur individualisme triomphant.


In fine ce combat ne connaît pas de véritable perdant car chacun a eu largement l'occasion de laisser s'exprimer ses désirs les plus profonds.


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Sensui étant quelqu'un de particulièrement complexe je suis bien conscient que l'approche choisit pour cette d'analyse ne permet pas de présenter en détail toutes les facettes de sa personnalité.
J'aurais par exemple pu m'attarder plus longuement sur l'intrigante relation qu'il entretient avec Itsuki ce démon au pouvoir dimensionnel qui prend un plaisir pervers à voir les beaux principes de son partenaire être éclaboussé des vices de ce monde. Tout comme j'aurais pu également pousser plus loin la comparaison entre Yusuke et Sensui en prenant pour base leur méthode et évolutions respectives en tant que détective spirituel.


Ceci étant dit il ne devrait de toute façon y avoir aucun doute dans l'esprit du lecteur de cette critique quant au caractère non exhaustif de cette dernière (et j'en suis le premier frustré il n'y a aucun doute à ce sujet non plus).


Mais malgré cela je continue à en gribouiller une toute les deux ou trois pleines lunes car je prends encore plaisir à réfléchir à pourquoi certaines œuvres et personnages me fascinent autant. Et dans ce cas précis je reste satisfait d'avoir pu par l'intermédiaire de cette critique faire un petit signe de la main à un de mes antagonistes favoris.


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Nous voilà maintenant bien éloigné de notre point départ et pour cause nous sommes à présent plus proches de la fin que du début de cette aventure.


Chose promise chose du le chemin emprunter par cette critique va maintenant se séparer en deux.


Comme dit à l'instant c'est en grande partie la fascination que j'éprouve pour mes personnages favoris qui m’amène à me lancer dans ce genre d'écrit et le moment est donc venu d'honorer mon personnage préféré de Yu Yu Hakusho par l'inauguration d'une avant-dernière partie qui va retarder de quelques lignes la fin de ce voyage.


A ceux qui se sentent de faire ce détour l'on ne se quitte donc pas, quant aux autres je vous donne rendez-vous au début de l'analyse de notre quatrième et dernier arc (du coups dans la troisième partie de cette critique... Merde !), peu importe la distance notre destination reste normalement la même.


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Le temps passe vite...


C'est déjà la nouvelle année.


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L'année de Hiei.



Hiei, Hiei, Hiei.


Le solitaire indifférent à ses blessures, l'assassin a l'œil mauvais ou encore l'enfant du néant.
Hiei est indubitablement mon personnage favori de Yu Yu Hakusho et je n'aurai pas vu cette critique comme complète avant de lui en avoir au moins dédié une partie.


Si j'ai dès sa première apparition eu des atomes crochus avec le personnage, ne serait-ce dû qu'à mon attrait pour son chara-design, c'est lorsqu'il ira botter des culs au côté de Yusuke et compagnie dans l'arc Suzaku que je commencerais véritablement à le considérer comme mon champion.


Charismatique et ténébreux sans être caricatural il est juste suffisamment egocentrique et culotté pour que l'on adore le voir trancher des jugulaires de monstre qui font 10 fois sa taille et se méprenne sur sa force.


C'est simple lorsqu'un combat d'Hiei se prépare vous savez que vous allez en avoir pour votre argent, l'exécution étant généralement aussi classe que l'exécutant. Mais au-delà de la tension et de l'épique qu'il apporte aux affrontements auquel il prend part Hiei et aussi et surtout passionnant pour sa philosophie personnelle et son évolution psychologique.


Ainsi plus qu'une liste de ses exploits que je vous laisse découvrir par vous-mêmes je souhaite traiter dans cette partie ces deux aspects fascinant du démon à l'œil mauvais.


Je vais donc pour ce faire m'arrêter sur les passages les plus pertinents du manga pour rendre compte de son évolution ce qui, vous allez le voir, nous amènera naturellement à discuter de la relation qu'il entretient avec ce bon Yusuke.


Commençons donc par le commencement.


Vous le savez maintenant Hiei apparaît pour la première fois au cours du sous arc des artefacts des ténèbres. Dans cet arc Yusuke et Hiei sont ennemis et leur rapport n'a alors rien d'une saine rivalité. Hiei ayant pour projet de faire de Keiko son esclave sous les yeux de Yusuke qui n'est alors pour lui qu'un humain gênant de plus à éliminer pour mener à bien ses projets maléfiques.


Il est d'ailleurs bon de noter que plus jamais après l'arc des artefacts des ténèbres, Hiei n'apparaîtra sous un visage aussi diabolique. Ricanant de plaisir à la vue de la souffrance de ses adversaires, manipulateur et opportuniste Hiei est ici plus que jamais en phase avec sa nature démoniaque. Son seul objectif étant alors de semer le chaos parce qu'il en a envie et que son statut le justifie.


Seulement après avoir été battu par Yusuke et intégré de force à son équipe une nouvelle possibilité d'approche va germer dans l'esprit de Hiei.


Le début de ce changement de paradigme est brillamment illustré dans l'arc de Suzaku ou Hiei laisse transparaitre au fil des épreuves certains indices de cette première métamorphose.
La péripétie du plafond descendant par exemple est assez parlante à ce sujet.


Lorsque le quatuor est bloqué par un piège qui les places dans une situation précaire Yusuke, de ses trois alliés, demandera à Hiei de désactiver le mécanisme qui met leur vie en danger sachant pertinemment qu'il serait aisé pour ce dernier de fuir et abandonner tout bonnement ses anciens ennemis à une mort certaine.


Hiei d'abord surpris sera marqué par l'assurance avec laquelle Yusuke place sa confiance en un ancien adversaire ce qui tend à lui faire comprendre que son nouveau compagnon n'opère pas celons les mêmes normes sociales voire morales que la plupart des individus qui l'ont jugé jusque-là.


Après avoir étonné Hiei par son aptitude au combat Yusuke interpelle maintenant le démon taciturne par son caractère.


Un peu plus loin le groupe assiste à la mise à mort de Byakko, l'un de leurs ennemis, par un de ses propres camarades. Cet acte de trahison crasse va contre toute attente faire entrer Hiei dans une colère noire lui qui quelques jours plus tôt transpercer pourtant sans remords de son épée le corps de Kurama, son plus ancien associé.


Sans pour autant que cela ne marque l'adhésion totale de Hiei aux valeurs de camaraderie que défend Yusuke cette saute d'humeur nous confirme tout de même que les principes propres au détective spirituel sont en train de déteindre sur notre chasseur solitaire.


Kurama allant même jusqu'à glisser à Yusuke dans le chapitre 39 que Hiei "le prend comme exemple".


Au terme de cet arc Hiei comprend que Yusuke est quelqu'un d'hors normes et que rester un temps à ses côtés pourrait s'avérer riche en enseignement en plus de lui offrir l'occasion de se mesurer à des adversaires sans cesse plus fort ce qui par extension l'amènerait lui-même à progresser.


Yusuke et Hiei ont tous deux soif de puissance mais alors que Hiei exprimait jusque-là de façon indéterminée ce désir comme un droit de vie ou de mort sur autrui, les ennemis du monde des humains servent alors encore à ce stade du récit de catalyseur à la puissance de Yusuke et le poussent à agir pour une cause, dans les limites du raisonnable ce qui inspire Hiei à donner à son tour une chance à cette vision du combat qu'il découvre chez le jeune furyo.


Une révélation apparait alors à Hiei : la rivalité peut être stimulante.


Hiei estime à présent Yusuke autant en tant qu'allié qu’en tant qu'adversaire et bien qu'il ne l'avouera jamais commence à changer à son contact.


On prend d'autant plus conscience de cette estime grandissante que le démon entretient pour son ancien opposant lorsque le quatuor se retrouve plus tard pour le tournoi des ténèbres et que Hiei se jette sur Yusuke sans prévenir pour tester son niveau.


Yusuke pare alors habilement ses coups à la suite de quoi Hiei affirme que Yusuke et lui-même devrait être suffisant pour remporter le tournoi suggérant qu'ensemble nul ne peut les arrêter.
Hiei en agissant ainsi envoi comme message à Yusuke que celui-ci se doit de mériter sa compagnie en se maintenant à son niveau. Mais là où ce message prétentieux de Hiei pourrait causer des étincelles s'il s'adressait à quelqu'un d'autre (comme on le voit souvent avec Kuwabara ce dernier étant plus concerné par le fait d'être à la traine) celui-ci se marie étonnamment bien avec le caractère insouciant de Yusuke, ces provocations et autres aller-retour musclé entre les deux combattants devenant la clé de voute de leur relation pérenne.


Cette vision très personnelle de l'amitié s'exprime à nouveau de façon particulièrement jouissive au beau milieu du tournoi alors que Yusuke est en difficulté face à Zin, l'un de ses plus coriaces opposants à ce jour. Dans cette situation Hiei a injustement était fait prisonnier d'un sort qui le place automatiquement hors compétition sans qu'il ait eu l'occasion de se battre. Yusuke étant alors le dernier membre de son équipe reconnu par le règlement une défaite lui serait fatale autant qu'à ses camarades (les perdants étant exécutés).


Au lieu de l'encourager ou de prier pour sa vie Hiei fait comprendre à Yusuke que s'il ne remporte pas rapidement la victoire il ne s'embarrassera pas des conséquences et quitte à aller contre le règlement massacrera jusqu'au dernier tous ceux qui s'opposent à lui pour ultimement vaincre cet adversaire qui semble donner tant de peine à son partenaire.


Yusuke sachant que Hiei a à cet instant accumulé suffisamment d'énergie pour joindre l'acte à la parole revendique ce duel comme étant le sien et galvaniser remporte la victoire. A ce stade le combat qui oppose Zin à Yusuke devient un second duel indirect entre ce dernier et Hiei, afin de rappeler que dans leur relation l'approbation du droit à la décision de chacun passe par les capacités au combat. Lors d'une mésentente chacun doit prouver que son idée vaut au moins celle de l'autre en la défendant par ses actes, prouvant ainsi qu'il est à même de la soutenir jusqu'à sa réalisation.


Il s'agit donc d'un autre exemple ou la course à la puissance du duo l'aura rassembler au-delà de leur différend. Celui-ci étant je trouve particulièrement remarquable car il vient s'inscrire avec une certaine subtilité dans un combat dont Hiei se trouve être expressément exclus.


Une bonne œuvre est capable de nous faire ressentir les liens qui unisse ses personnages au même titre que les oppositions qui les éloignent sans avoir à nous les détailler outre mesure et disons-le une fois de plus histoire de lever toute ambiguïté possible à ce sujet : Yu Yu Hakusho est une très bonne œuvre.


Ceci étant dit je pense qu'arriver ici vous commencez à avoir une bonne idée des rapports qu'entretiennent Hiei et Yusuke tels que je vous les ai décrit. Dans ce cas cela signifie qu'il est temps que le récit nous propose de nouveau développement et cela tombe bien car le fameux arc du renouveau se présente à nous.


Je vous ai suffisamment répété que l'arc Sensui avait changé bien des choses en comparaison de ceux qui l'on précédé et la relation Hiei/Yusuke ne fait pas ici figure d'exception.


Tout commence par une séparation formelle.


Fatigué de servir, même indirectement, les intérêts des instances célestes Hiei avait depuis un certain temps déjà manifesté son désir de se dissocier graduellement des affaires du groupe auquel on l'a affecté de force.


C'est finalement chose faite peu de temps après le début de l'arc Sensui lorsque ce dernier apprend que la cible a éliminé cette fois-ci se trouve être un humain qui a pour projet d'ouvrir un portail vers les ténèbres afin de précipiter la fin du monde.


A l'aune de cette information Hiei en déduit qu'il n'a aucune raison personnelle de s'opposer aux ambitions de celui qui a pour objectif de détruire un monde qu'il ne tient pas lui-même en haute estime. Mieux encore, Hiei avait gardé pour lui une mission qu'il s'était promis d'accomplir une fois de retour dans les ténèbres et il semblerait que les manigances de l'ennemi s’alignent pour une fois avec ses propres intérêts.


Il n'en faudra pas plus pour que notre démon misanthrope laisse derrière lui la "dream team" et joue les passes-murailles durant la majorité de l'arc.


Cette absence nous en dit déjà pas mal sur l'état d'esprit avec lequel Hiei se prépare à faire face à l'adversité à partir de ce point. Ce dernier a eu le temps d'évaluer le potentiel du monde des humains et il en a épuisé ses options les plus signifiantes. Fort de l'expérience accumulé aux côtés de ses camarades Hiei est à présent prêt à reprendre sa quête en solitaire par lui-même et pour lui-même : il est prêt à mettre fin à ce chapitre de sa vie.


Et même si les circonstances autant que l'appétit du combat qu'il entretient par sa proximité avec Yusuke l'amèneront à combattre une dernière fois aux côtés de ses trois compagnons afin de stopper Sensui il est difficile de ne pas voir dans son désintérêt prononcé pour les affaires de la terre le signe avant-coureur de ce nouveau replie sur soi-même qui prendra tout son sens à la suite des révélations de notre dernier arc.


En se plaçant en retrait et se trouvant stimuler par l'appel du monde des ténèbres Hiei va aussi se rapprocher à nouveau de sa nature profonde qui sans pour autant le pousser à redevenir le démon machiavélique de ses débuts va très certainement le rendre plus farouche.


Un retour aux sources en somme qui vous vous en souviendrez est une thématique qu'il partage avec un autre personnage clé de cet arc à savoir notre cher détective spirituel.


A l'initiative de Hiei, le moment viendra alors où les deux vont se retrouver au sommet d'une falaise pour leur dernière échange solennel, alors qu'un vent mauvais balais la forêt en contrebas, annonciateur des bouleversements à venir.


Hiei horripilé par le masque de justicier contrit qu'arbore Yusuke et qu'il ne reconnaît pas comme le vrai visage de ce dernier provoque un second duel entre les deux parties afin de déterminer ce qu'il reste de l'essence de son ancien partenaire, celui qui avait gagné son respect et changé par la force son destin.


A la suite de ce cours affrontements Hiei un sourire en coin note que la frustration qui assombrissait jusque-là le visage de son adversaire semble enfin l'avoir abandonné. Yusuke qui comprend alors les intentions de Hiei éclate de rire le cœur léger, malgré la gravité de la situation. En permettant à Yusuke de se défouler en combat comme au bon vieux temps, sans s'embarrasser de "territoire" stratégique ou autres enjeu planétaire, Hiei rappelle à Yusuke la mentalité devenu subsidiaire qui lui a pourtant tout autant que le reste permit d'arriver là où il en est aujourd'hui :


Yusuke est un voyou impétueux qui agit selons ses propres règles.


Ainsi Hiei étant le premier à assimiler à nouveau son ancien moi joue un rôle important dans la future reconquête de son individualisme par Yusuke qui va d'abord apprendre de lui les bienfaits d'un retour aux fondamentaux.


Hiei l'influencer devient l'influenceur, les rôles s'inversent alors avec un naturel signifiant.


Et c'est là pour moi le point culminant de cette relation entre Hiei et Yusuke qui a débuté sur une opposition mortelle pour se transformer en un rapport de modèle à "apprenti", pour muer en une rivalité indirecte, jusqu'à enfin atteindre son stade final au cours de l'arc Sensui, celui d'une relation d'inter-influence, d'égal à égal.


Une conclusion appuyée par la mise en scène qui nous gratifie d'un visuel d'une classe insolente présentant Yusuke et Hiei réuni dans l'action pour la première fois depuis bien longtemps.
Seulement si la relation Yusuke/Hiei ne connaîtra pas d’autres changements majeurs à compter de cet instant ce n'est pas à dire que c'est avec elle que s'achève l'évolution du démon au troisième œil.


Au contraire le retour à la solitude et le choix de Hiei de reprendre une quête personnelle vieille de plusieurs années pavent le chemin introspectif que s'apprête à emprunter ce dernier à l'aube de notre quatrième et dernier arc.


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Partie 3 :


https://www.senscritique.com/serie/Yu_Yu_Hakusho_Special/critique/232581685


Clubbing : l'acte de subtiliser au gobelin local son précieux gourdin et de semer le chaos dans la ville endormie.


Exemple d'usage en situation :


J : Hey mec, t'étais ou je t'ai pas vu de la soirée ?


V : Ho mec, t'aurais du venir ! Hier soir entre deux tapages nocturnes j'ai clubbé à mort l'autre tantouze du parc des princes.


Partie 3 :


https://www.senscritique.com/serie/Yu_Yu_Hakusho_Special/critique/232581685

Dr_Stein
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le 27 oct. 2020

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Dr_Stein

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