SensCritique
Cover Les meilleurs albums de 2021

Liste de

31 albums

créee il y a plus de 3 ans · modifiée il y a plus de 2 ans

A Beginner’s Mind
7.2
1.

A Beginner’s Mind (2021)

Sortie : 24 septembre 2021. Indie Folk

Album de Sufjan Stevens et Angelo De Augustine

Annotation :

Indie Folk / Chamber Folk / Chamber Pop
(Après plusieurs écoutes) Sans surprise, A Beginner's Mind va sans doute finir l'année en tête de mon top 2021. Cela fait moins d'une semaine qu'il est sorti et je ne compte plus le nombre de fois que je l'ai fait tourner. Pourtant, je dois avouer que je m'attendais à un album encore plus fantastique, mais j'ai des attentes démesurées avec Sufjan Stevens - et d'autant plus après avoir écouté des singles de la trempe de Back to Oz et Reach Out. Aussi bizarre que cela puisse paraître, A Beginner's Mind n'est pas une révélation totalement transcendante mais il s'avère être bien plus que cela, en tout cas il exerce un étrange pouvoir sur moi puisque j'ai du mal à m'en détacher, il y a quelque chose qui me retient et m'attire dès que Lacrimae touche à sa fin. Comme une présence qui reste en tête, ineffable et réconfortante. Pas un truc qui semble vital, intense ou addictif, non, juste une sorte de flow naturel et d'une douceur si attachante qu'il est difficile de s'en détacher.

A Beginner's Mind est donc une indéniable réussite, dans le sens où il dépasse les attentes ou les a priori que l'on pourrait avoir sur lui pour s'échapper dans des contrées d'un charme déroutant. Si je confirme que rien n'arrive à la cheville de Reach Out, Back to Oz et Cimmerian Shade (et de Fictional California dans une moindre mesure), d'autres titres tirent leur épingle du jeu comme l'excellent Lady Macbeth In Chains (le début de l'album est vraiment parfait) et les plus atmosphériques The Pillar Of Souls et Lost in the World qui amorce une fin d'album incroyablement douce et lumineuse. Au milieu c'est plus compliqué, on sent que Stevens et De Augustine prennent sciemment des chemins de traverse pour donner plus de profondeur à leur musique, que ce soit via des recherches sonores plus poussées ou des titres plus calmes - avec un nouvel écho à Elliott Smith avec Murder and Crime ou des titres qui n'auraient pas dépareillé sur Carrie & Lowell ((This Is) The Thing). Je pense que ce milieu d'album a encore beaucoup de potentiel à révéler et viendra effectivement rajouter de la matière à l'ensemble, tandis que le début et la fin de l'album continueront à émerveiller et à assurer le statut de classique de A Beginner's Mind. Je voulais aussi parler de la complémentarité incroyable des voix de Angelo De Augustine et de Sufjan Stevens - le travail sur les harmonies et les chœurs est dingue - mais je n'ai plus de place.

Far In
7.3
2.

Far In (2021)

Sortie : 22 octobre 2021 (France).

Album de Helado Negro

Annotation :

Neo-Psychedelia / Ambient Pop / Art Pop
(Après plusieurs écoutes) J'ai beaucoup écouté cet album - il fait d'ailleurs partie de cette cohorte de bons albums sortis le 22 octobre, coïncidence assez étonnante et densité qualitative hors normes en 2021 - et il rayonne comme aucun autre cette année. Helado Negro perfectionne l'art de l'ambient pop à son summum, les morceaux s'étirent, les rythmes paressent, les mélodies sont lascives, le chant traînant et rêveur, parfois cela s'éternise mais il y a une alchimie étrange, un exotisme délicat, qui jongle avec l'ennui potentiel pour le transformer en contemplation, en suspension du temps. Et les morceaux semblent s'évanouir au bout d'une minute alors qu'ils en durent le double ou le triple (ça me fait ça à chaque fois sur Wake Up Tomorrow, le titre d'intro). Il y a aussi un subtil équilibre entre morceaux de pure abstraction musicale (le sublime Aguas Frías qui tient sur presque rien) et titres electro plus rythmés mais à la sensualité enivrante (Gemini and Leo, There Must Be a Song Like You, La Naranja). Jusqu'au bout des 68 minutes que dure l'album, Helado Negro déploie des atmosphères d'une sérénité palpable, soufflant un sentiment de nostalgie et de mélancolie éthéré et rayonnant, profondément sensible. Far In fait partie de ces albums élastiques qui dépassent les simples jugements de valeur en tentant d'atteindre une sorte d'idéal hors du temps.

The Turning Wheel
7.5
3.

The Turning Wheel (2021)

Sortie : 25 juin 2021 (France).

Album de Spellling

Annotation :

Art Pop / Baroque Pop / Progressive Pop / Neo-Psychedelia / Darkwave / Psychedelic Soul / Synthpop
(Après plusieurs écoutes) L'univers de Spellling a définitivement quelque chose de fascinant, à la fois d'extrêmement familier et de totalement original, psychédélique et bizarre. C'est une des rares musiques récentes à dégager un véritable onirisme. La qualité et la richesse des ambiances sont enivrantes. Chaque chanson réserve son passage, son break, sa mélodie, son crescendo, son twist, qui la fait briller au milieu des autres et qui nous donne envie de l'observer dans le détail, de la disséquer pour en saisir la magie et la délicatesse. La musique de Spellling déborde de musicalité comme rarement, que ce soit dans les arrangements foisonnants, les genres qui se télescopent avec une grâce étrangement évidentes ou dans la maîtrise absolue des sonorités qui semblent émerger d'un monde lunaire. Le pouvoir de cette musique pousse à vouloir se l'approprier, à en retenir les moindres détails pour les intégrer et les faire siens, en tout cas c'est ainsi que je reçois les morceaux de Spellling, j'ai envie de me noyer dans les motifs, les idées, les sonorités, en noter chaque élément pour mieux les mémoriser.

C'est difficile de résister à la tentation d'en faire l'inventaire : Little Deer est le tube définitif d'entrée, le morceau le plus accessible de Spellling, mélange savant et parfait de soul psychédélique chatoyante d'un groove évanescent (dans le top des chansons de l'année) ; Turning Wheel et son piano final - qui me rappelle Austra ; Awaken et ses notes electro cosmiques qui reprennent les motifs du précédent album de Spellling ; Emperor with an Egg et son ambiance à la Kate Bush sous acides croisé au psychédélisme orchestral des Beatles, qui m'émeut d'une façon tout à fait spéciale (le break de cordes vers 2:20, à chialer) ; la pièce centrale Boys at School et son motif entêtant qui transite du synthé à la guitare électrique ; Legacy et son final à l'exotisme de maison hantée ; Magic Act et son solo de guitare électrique enivrant - oui, il faut s'attendre à tout avec Spellling ; le final de Revolution, idéal de roue libre tout en finesse et en fusion élégante de jazz dissonant et d'art pop... Et je pourrais encore parler des échos de BO de jeux vidéo que je fantasme sans doute ici ou là (Little Deer / Monkey Island, Legacy / Final Fantasy, Queen of Wands / Perfect Dark) - je serais curieux de savoir si Spellling a été biberonnée à ce type de musique.

Blue Weekend
7
4.

Blue Weekend (2021)

Sortie : 4 juin 2021 (France).

Album de Wolf Alice

Annotation :

Alternative Rock / Dream Pop / Art Rock / Art Pop
(Après une 3ème écoute) Je crois que c'est le premier album de l'année que j'ai envie d'écouter plusieurs fois d'affilée en une seule journée. En fait il y a de sacrées ambiances d'une générosité dingue, c'est puissant, conquérant, euphorisant, riche, la musique est habitée par un souffle que l'on a du mal à quitter et dont je n'arrive pas à me lasser pour l'instant. Le groupe trouve un équilibre idéal entre une pop accessible, mélodique, qui parlera à tout le monde, et une richesse sonore, des ambiances chatoyantes qui donnent une profondeur, de la personnalité et beaucoup de charme aux morceaux. Je suis toujours partagé sur la production qui possède ce grain passe-partout, où les instruments semblent avoir du mal à exister dans le mix - il y a très peu de contrastes et de reliefs - et malgré tout il faut avouer que ce fameux souffle, cette énergie qui se déploie, est aussi le résultat d'une production qui possède une vraie vision et fait sortir l'album du lot. Wolf Alice n'a pas peur d'assumer ses élans, c'est un groupe qui joue sa musique à fond, qui croit dans ce qu'il fait, et je pense que c'est aussi cela qu'on ressent dans Blue Weekend. Seul bémol, ce très moyen Play the Greatest Hits, trop frontal et benêt. Sinon le début de l'album est fantastique, de même que la fin.

HEY WHAT
7.1
5.

HEY WHAT (2021)

Sortie : 10 septembre 2021 (France).

Album de Low

Annotation :

Post-Industrial / Ambient Pop / Experimental Rock / Noise / Drone / Glitch Pop / Electroacoustic / Ambient
(Après plusieurs écoutes) L'album confirme ses qualités écoutes après écoutes. Et si la surprise du mariage admirable entre bruit et beauté planante s'atténue, les ambiances restent là et continuent à dégager un magnétisme incroyable. L'album est d'une cohérence infaillible, je n'avais pas entendu une unité sonore pareille depuis un bon moment. Le groupe arrive à moduler sa musique avec une grande maîtrise, déployant des nuances toujours plus puissantes et subtiles pour propulser ses explorations dans des contrées enivrantes. Le contraste entre les effets sonores, les déflagrations massives, et la clarté du chant et des mélodies, a rarement été aussi réussi - ce qui rend l'ensemble aussi accessible qu'exigeant. Il n'y a aucun moment faible, à part à la rigueur vers les pistes 7-8-9 et encore par intermittences, mais il faut dire que White Horses, All Night, Disappearing, Hey et The Price You Pay (It Must Be Wearing Off) atteignent de tels sommets que c'est difficile de rivaliser.

Mother
7.9
6.

Mother (2021)

Sortie : 19 août 2021 (France).

Album de Cleo Sol

Annotation :

Neo-Soul / Smooth Soul / Contemporary R&B / Gospel
(Après une 3ème écoute) Cet album est une véritable révélation, et un magnifique album de soul contemplative, d'une beauté sereine peu commune. Si lors des premières écoutes je m'étais focalisé sur quelques titres, en réalité quasiment tout est excellent, malgré la longueur de l'album. Dès l'introduction Don't Let Me Fall, la douceur rayonnante de Cleo Sol irradie et nous plonge dans l’atmosphère unique de Mother - qui comme son titre l'indique est une ode de l'artiste à son nouveau rôle de mère. Ce qui se ressent parfaitement dans la paix et l'onirisme qui baignent les morceaux. Build Me Up, 23 et Spirit sont fantastiques, mais Sunshine, We Need You et Just Know That You Are Loved sont tout aussi excellents. Le flow entre la délicate luminosité du piano, le chant vibrant de Cleo Sol et ces chœurs gospel venus d'ailleurs - limite trop rares - est franchement bouleversant, mais d'une manière positive et réconfortante.

Green to Gold
6.8
7.

Green to Gold (2021)

Sortie : 26 mars 2021 (France). Indie Folk, Dream Pop

Album de The Antlers

Annotation :

Dream Pop / Indie Folk / Chamber Pop / Slowcore
(Après plusieurs écoutes) Je comprends un peu mieux Green to Gold après avoir écouté Familiars, le précédent album de The Antlers, ou en tout cas je saisis mieux la démarche du groupe qui semble tendre de plus en plus vers une épure transcendante. On ne peut pas faire album plus paisible et serein que Green to Gold, et si certains y ressentiront peut-être de l'ennui - on ne peut pas trop les blâmer - c'est surtout une musique d'une beauté ahurissante, et d'une pureté vraiment émouvante. C'est sincèrement beau. Les deux titres Stubborn Man et Green To Gold sont des sommets de délicatesse onirique. C'est tellement pénétrant, profond, et en même temps d'une simplicité totale, humble et sans prétention - la puissance de la musique tient sans doute dans ce sentiment de retenue et de discrétion. Mais si le groupe fait preuve d'humilité dans son interprétation, la production est, comme d'habitude chez The Antlers, chatoyante et sensorielle à souhait : les détails éclatent, les textures sont très travaillées, les instruments respirent, les atmosphères sont amples et panoramiques. Green to Gold s'impose sans mal comme un des plus bel album de 2021.

Minari (Original Motion Picture Soundtrack) (OST)
7.5
8.

Minari (Original Motion Picture Soundtrack) (OST) (2021)

Sortie : 12 février 2021 (France).

Bande-originale de Emile Mosseri

Annotation :

Ambient / Modern Classical / Film Score
(Après une 2nde écoute) J'essayais d'écouter pas mal de BO de films à une époque. C'est une musique qui m'a toujours fasciné. Une bonne BO est capable de me transporter et de m'émouvoir d'une manière tout à fait unique. Bon, c'est surtout le néo-classique, les arrangements de cordes et le piano, qui me font de l'effet car au fond les BO qui me touchent profondément sont celles qui jouent sur ce registre. Mais je trouve néanmoins que les BO arrivent à sublimer ce matériau, peut-être en arrivant à matérialiser la puissance des images qu'ils accompagnent - et traduisent d'une certaine manière - et ainsi à en puiser la force pour les transcender sous la forme la plus universelle et puissante qui soit à mon goût : la musique. Et voici donc Minari - film coréen que je n'ai pas vu - mais qui doit avoir un potentiel de chialitude élevé quand on écoute la qualité fantastique de ses musiques qui cochent toutes les cases de mon bingo perso d'une BO sublime et réussie. Les thèmes sont immédiatement émouvants, parlants et identifiables sans être imposants ou trop évidents. Ils se promènent au fil des morceaux, tout en nuances et en sensibilité - avec un équilibre original et sublime entre sonorités occidentales et asiatiques. Émile Mosseri est arrivé à capter le meilleur de ces deux univers. Et par moment une fulgurance telle The Wind Song apparaît, le style de morceau qui marque une BO au fer rouge et achève de rendre l'ensemble mémorable, déchirant et essentiel.

Fever Dreams
7.1
9.

Fever Dreams (2021)

Sortie : 20 août 2021 (France).

Album de Villagers

Annotation :

Indie Pop / Chamber Pop / Sophisti-Pop / Progressive Pop / Neo-Psychedelia
(Après plusieurs écoutes) Cet album a confirmé tout le bien que j'en pensais après la première écoute, et développe un univers indie folk pop que j'apprécie particulièrement. C'est un des rares albums de 2021 à atteindre une telle qualité dans le domaine, c'est intelligent, très bien écrit, superbement arrangé et très mélodique. Il y a suffisamment de nuances pour avoir envie de revenir auprès de ces morceaux délicieusement lysergiques, fourmillant de musicalité et d'une douceur caressante et réconfortante. C'est un album infiniment sensible et chaleureux, attachant et délicat. Les cinq premiers morceaux sont fantastiques - surtout le triptyque The First Day / Song in Seven / So Simpatico - déployant un côté pop folk progressive avec ses variations toujours aussi positives et enivrantes. Par la suite, l'album peut tomber dans un faux rythme plus sinueux et moins immédiatement marquant, mais il y a toujours une sensibilité émouvante palpable sur Full Faith in Providence, Fever Dreams et Deep in My Heart. Fever Dreams est un sérieux candidat au titre de meilleur album méconnu de 2021.

Ancient Dreams in a Modern Land
6.9
10.

Ancient Dreams in a Modern Land (2021)

Sortie : 11 juin 2021 (France).

Album de MARINA

Annotation :

Pop / Pop Rock / Dance-Pop / Electropop / Synthpop
(Après plusieurs écoutes) Cet album est vraiment une excellente surprise. Je ne pensais pas qu'il se révélerait aussi accrocheur avec les réécoutes. C'est sans doute le meilleur album de pop / dance / electropop que j'ai entendu depuis longtemps, voire le meilleur tout court. Je ne suis pas un expert dans le genre, mais j'ai surtout tendance à ne pas accrocher à ce style de musique, donc je serai bien incapable de donner le nom d'un album similaire que j'ai apprécié à ce point. L'intelligence et le talent de Marina est toutefois de ne pas se limiter à la dance-pop, puisque l'on retrouve parfois un style art pop qui peut se rapprocher pour le coup d'Austra - mélangé à de l'electropop - mais aussi pas mal de titres calmes au piano qui n'ont rien à envier au meilleur de Lana del Rey. Il y a une spontanéité et une générosité dans l'interprétation de Marina qui me touchent particulièrement. Si l'on retrouve certains gimmicks et des sonorités incontournables de l'electro-dance-pop, la voix de Marina dégage quelque chose de pur et sincère.

De ce fait les morceaux n'ont jamais ce côté aseptisé que je ressens souvent avec le genre, c'est étrangement rafraîchissant. Les titres au piano sont fantastiques, simples et mélodiques, portés par un chant limpide (Highly Emotional People, Flowers, Goodbye). Et les titres dansants alignent les tubes assez irrésistibles - il est inutile de les citer car il n'y a rien à jeter (même New America ne me fait plus peur). C'est réjouissant de franchir une sorte de cap psychologique et de dépasser l'impression clichée de la rythmique de Ancient Dreams in a Modern Land - par exemple - pour rentrer dans le domaine gentiment dingo de Marina avec sa mélodie accrocheuse et baroque, qui ne craint aucune rupture et élan éclatant, sans jamais verser dans l'excès. C'est ambitieux, malin, intelligent, bien écrit - les arrangements sont excellents et foisonnants - et bien produit, ça ne sonne jamais de manière étriqué, cette fluidité et cette opulence étant une des grandes qualités de l'album.

VOLCANIC BIRD ENEMY AND THE VOICED CONCERN
7.4
11.

VOLCANIC BIRD ENEMY AND THE VOICED CONCERN (2021)

Sortie : 12 octobre 2021 (France).

Album de Lil Ugly Mane

Annotation :

Neo-Psychedelia / Hypnagogic Pop / Dream Pop / Trip Hop / Indie Pop / Plunderphonics / Alternative Rock
(Après plusieurs écoutes) Voici l'album pop de cette année, la grande oeuvre qui tape dans tous les sens, au point de s'éparpiller parfois, mais pas tant que ça finalement - la musique reste plutôt accessible malgré ses excentricités et ses morceaux qui naviguent entre les lignes, et ressemblent parfois à des vignettes en apparence anodines mais qui façonnent un univers étrange, sur le fil entre expérimentations décalées, et musicalité naïve et merveilleuse. L'ensemble me rappelle l'esprit de la pop décomplexée de la fin des années 90 / début des années 2000, celle qui tentait tout sans pour autant sacrifier les mélodies et le pouvoir assez magique de la musique à dresser des univers oniriques, aussi flippants qu'accrocheurs, en utilisant des sonorités étranges. Bref, c'est comme si Eels avait viré dans un registre expérimental fracassé. Il faut absolument écouter headboard et porcelain slightly pour comprendre le pouvoir euphorisant de la musique de Lil Ugly Mane sur cet album. J'aurais aimé plus de morceaux dans le genre (benadryl submarine est pas mal aussi) mais je suis agréablement surpris de voir que l'ensemble ne dénote pas tant que ça à la réécoute et ne sombre jamais dans l'originalité gratuite.

Daddy’s Home
6.7
12.

Daddy’s Home (2021)

Sortie : 13 mai 2021 (France).

Album de Annie Clark (St. Vincent)

Annotation :

Art Rock / Psychedelic Soul / Funk Rock / Raga Rock / Psychedelic Rock
(Après une 3ème écoute) Je confirme la qualité de ce nouvel album de St. Vincent qui est sans doute l'album le plus cohérent et dense de la discographie d'Annie Clark qui s’évertue ici à proposer un véritable voyage sensoriel fait de morceaux funk psychédéliques et de ballades chatoyantes, le tout étant produit avec faste et sensualité. Il y a plus de musicalité ici que dans tout ce qu'Annie Clark a fait jusque-là (il y a peut-être match avec Marry Me). En tout cas c'est un album d'une générosité folle. C'est aussi le truc le plus accessible de St. Vincent. Certains le regretteront peut-être mais je trouve qu'il y a une telle qualité dans l'écriture, l'interprétation toujours impeccable et la production sensuelle et groovante (ces claviers, ces guitares, ces sitars (?) aussi) que c'est un luxe difficile à bouder.

G_d’s Pee AT STATE’S END!
7.3
13.

G_d’s Pee AT STATE’S END! (2021)

Sortie : 2 avril 2021 (France). Rock, Post Rock

Album de Godspeed You! Black Emperor

Annotation :

Post-Rock / Chamber Music / Drone / Field Recordings
(Après une 2nde écoute) J'aime le côté très ramassé et vibrant de cet album. La saturation est très étouffée, on sent comme une masse qui se déplace avec une sorte d'inertie enivrante, presque réconfortante. Je crois que c'est ce qui fait que les traditionnelles mises en place me paraissent moins longues et potentiellement moins ennuyeuses qu'à l'habitude. Et il n'y a pas d'emphase, pas de lyrisme trop appuyé : les traditionnelles accélérations finales sonnent surtout comme des envolées libératrices et rayonnantes ouvrant de nouvelles perspectives et de nouveaux panoramas sonores dans une sorte de continuité naturelle, sans explosion ou renversement total. A ce titre le dernier morceau sous forme de drone néo-classique dégage une aura magnétique d'une beauté émouvante. Bref j'aime la densité de l'album, sa cohérence et son unité sonore qui sont irréprochables.

Private Reasons
7.2
14.

Private Reasons (2021)

Sortie : 23 avril 2021 (France).

Album de Bruno Pernadas

Annotation :

Progressive Pop / Psychedelic Pop / Neo-Psychedelia / Exotica / Jazz Pop
(Après une 3ème écoute) La musique de Bruno Pernadas est décidément unique dans le paysage sonore actuel. J'ai parfois une certaine appréhension avec le côté imposant des morceaux et les circonvolutions pyscho-exotico-cosmiques, mais une fois plongé dans l'album les atmosphères se mettent en place et un parfum à la fois réconfortant et émouvant émane de ces morceaux sensuels, aussi lascifs que flamboyants. Dans l'idéal j'aimerais bien me dispenser de certains titres qui sonnent comme des digressions à mes oreilles, les instrumentaux moins évidents, ou les passages plus tortueux et psychédéliques, n'ont pas ma préférence (Lafeta Uti, Fuzzy Soul, Joy I et II) même s'ils contribuent à étendre l'univers sonore exotique de Bruno Pernadas. Et il y aurait de quoi élaguer car l'album peut effectivement s'avérer long (75 minutes il me semble). En fait je trouve que les meilleurs morceaux sont assez identifiables : Family Vows, Theme Vision, Little Season I et II, Recife, Brio 81 et Step Out of the Light. Dans ses meilleurs moments, la musique de Bruno Pernadas déploie des textures chatoyantes, des arrangements riches, et des ambiances rétro à la nostalgie surannée et enivrante. Certains passages évoquent l'âge d'or de la pop orchestrale des années 40 ou 50, où les thèmes étaient portés par les arrangements de cordes et d'instruments à vent au charme délicat et subtil, qui résonnent aussi dans notre imaginaire actuel avec les BO de films d'antan (la première partie de Step Out of the Light, ou Little Season II notamment). Quand les morceaux atteignent cette puissance évocatrice, sous les enchevêtrements de couches sonores, j'avoue que la musique de Bruno Pernadas me touche d'une manière tout à fait singulière et unique.

An Overview on Phenomenal Nature
7.3
15.

An Overview on Phenomenal Nature (2021)

Sortie : 19 février 2021 (France).

Album de Cassandra Jenkins

Annotation :

Chamber Folk / Ambient Pop / Alt-Country / Sophisti-Pop
(Après une 2nde écoute) A la réécoute et au casque c'est très chouette car on apprécie tous les détails qui donnent de la vie aux morceaux dans un style proche de fields recording (chants d'oiseaux, bruits de pas...). J'avais peur du côté parfois abstrait que j'avais ressenti à la première écoute mais s'il y a effectivement un aspect ambient jazzy - avec un saxophone essentiel mais finalement plutôt soft - la musique reste accessible, c'est simplement une retenue très belle, très reposante, feutrée et délicate, avec une sensibilité à fleur de peau et une production enrobante qui magnifie la moindre note de piano et de guitare, sans oublier les cordes, flûtes et autres instruments - sous leurs airs minimalistes les morceaux sont en fait très riches en textures et arrangés avec un grand soin. Bien sûr il y a l'excellent Michelangelo en introduction et son énergie folk rock immédiatement accrocheuse et chaleureuse, mais Crosshairs est presque aussi efficace, et le reste développe donc ce folk très doux et épuré d'une beauté assez émouvante. J'ai même fini par apprécier Hard Drive - le morceau emblématique de l'album - qui ne m'emballe pas forcément par ses paroles en spoken word mais qui crée un joli tourbillon sonore, passage le plus audacieux de l'album. Et le final ambient The Ramble conclue l'ensemble à la perfection. C'est court mais ça renforce la dimension beauté délicate, hors du temps, presque éphémère que cultive Cassandra Jenkins a travers ses morceaux.

Meditations (EP)
6.2
16.

Meditations (EP) (2021)

Sortie : 8 avril 2021 (France).

EP de Sufjan Stevens

Annotation :

Space Ambient / Electronic / Drone / Progressive Electronic / Minimal Synth
(Après une 3ème écoute) J'ai eu l'occasion d'écouter Convocations, la compilation des mini albums ambient que Sufjan Stevens a sorti cette année, mais ce que je craignais s'est confirmé : c'est trop long et répétitif. Alors que je ne cesse de revenir vers Meditations, qui constitue la partie introductive de Convocations. Je n'ai pas besoin de plus, tout est là, ce sont 26 minutes de perfection ambient d'une beauté éthérée et planante à pleurer. Je trouve que ces morceaux font partie des plus belles atmosphères créées par Sufjan Stevens, c'est à la fois tranquille et paisible, mais aussi profond et d'une sensibilité vibrante et émouvante, en jouant subtilement sur les variations et les modulations des nappes synthétiques. Ça parait simple - et dans les faits c'est le style de musique qui pourrait accompagner n'importe quel type de film contemplatif ou de jeux indé narratifs à la Dontnod - mais il n'en faut parfois pas plus pour me toucher.

sketchy.
6.5
17.

sketchy. (2021)

Sortie : 26 mars 2021 (France).

Album de tUnE-yArDs

Annotation :

Art Pop / Indie Pop / Neo-Psychedelia
(Après plusieurs écoutes) J'aime toujours cet album franc et honnête, Tune-Yards conservant par ailleurs sa capacité à faire une pop décomplexée et explosive à nulle autre pareille. La recette est forcément moins surprenante que la première fois que j'ai découvert le groupe avec Whokill. Mais l'univers de Merrill Garbus est toujours aussi dingue et unique - aucun autre groupe actuel est capable de mixer autant d'influences pour créer des morceaux percutés de la cafetière mais écoutables. C'est d'ailleurs ce que j'apprécie avec Sketchy, l'efficacité rayonnante de ses meilleurs morceaux qui ont une énergie communicative à base de refrains funky soul d'un groove implacable. Je ne me lasse pas de la ferveur de nowhere, man, hypnotized, hold yourself et under your lip. Je trouve qu'il y a une nouvelle fois un joli équilibre entre déconstructions arty et énergie pop.

Head of Roses
6.6
18.

Head of Roses (2021)

Sortie : 2 avril 2021 (France).

Album de Flock of Dimes

Annotation :

Dream Pop / Indie Pop / Indie Rock / Art Pop / Ambient Pop
(Après une 3ème écoute) Cet album est vraiment beau. Je regrette un peu que tout ne soit pas au niveau des deux premiers titres qui résument parfaitement le talent de Flock of Dimes qui passe d'une ambient / art pop à l'équilibre idéal entre beauté et complexité (2 Heads), à une sorte de folk rock écorché (le fantastique Price of Blue). Par la suite, la musique se fait plus calme. C'est moins marquant mais si on prend le temps d'apprécier et de laisser les ambiances s'épanouir on se rend compte que c'est toujours très beau, bien produit et assez émouvant, avec tout de même au moins un moment qui sort du lot : One More Hour, toujours sur la brèche entre préciosité et intensité viscérale - c'est une des forces de la voix de Jenn Wasner qui manie bien cette dualité et donne beaucoup de corps et de personnalité à la musique. Au final, l'air de rien, Head of Roses fait partie des meilleurs albums art pop de l'année.

I Know I'm Funny haha
7
19.

I Know I'm Funny haha (2021)

Sortie : 25 juin 2021 (France).

Album de Faye Webster

Annotation :

Alt-Country / Soft Rock / Country Soul / Indie Rock
(Après plusieurs écoutes) Il n'y a finalement pas grand chose du niveau de Room Temperature et Pigeon, si ce n'est éventuellement Better Distractions et I Know I'm Funny haha - même si l'ensemble est plus constant et consistant - et on ne peut nier le fait que Faye Webster fait un peu toujours la même chose, au risque de dorloter l'auditeur au point de s'assoupir. Mais c'est aussi sans doute la meilleure musique de sieste que l'on puisse imaginer, tant chaque morceau de Faye Webster est une caresse d'une douceur alt-country réconfortante. Et je crois que je ne demande pas plus à ce nouvel album. Savoir que je peux venir me reposer auprès de ces morceaux qui naviguent sur un fil ingénieux et faussement ingénu entre luminosité et spleen doux amer, me suffit amplement et suffit à faire de I Know I'm Funny haha un album toujours aussi singulier vers lequel je reviens régulièrement. Car rien ne ressemble à l'univers de Faye Webster.

Doomin' Sun
6.7
20.

Doomin' Sun (2021)

Sortie : 24 mars 2021 (France).

Album de Bachelor

Annotation :

Indie Pop / Indie Rock
(Après une 3ème écoute) Doomin' Sun est bel et bien le successeur de Anak KO, une sorte de demi frère peut-être moins complet sur le papier (l'album est court) mais dont le charme indie pop rock rivalise sans conteste avec les ambiances douces amères, mi-nostalgiques, mi-crépitantes et vibrantes, qui font la particularité de Jay Som. On y retrouve donc la science de cette dernière - bien épaulée par Palehound - pour les mélodies douces qui pourraient être classiques et linéaires chez les autres mais qui sont ici constamment relevées par des arrangements brillants et une véritable vision pour un indie rock sensible et délicat mais débordant de vie et de personnalité.

Welfare Jazz
6.9
21.

Welfare Jazz (2021)

Sortie : 8 janvier 2021 (France). Post-Punk, Art Punk

Album de Viagra Boys

Annotation :

Post-Punk / Art Punk / Punk Blues / Dance-Punk / Synth Punk
(Après plusieurs écoutes) Je n'ai toujours pas écouté mieux en 2021 en terme de rock abrasif, un peu dingo, à l'énergie punk, tout en restant accessible et très fun dans son approche. J'aime toujours autant l'énergie du groupe, et le son qu'il déploie, que ce soit la voix profonde de Sebastian Murphy, la basse vrombissante, le saxophone en roue libre ou les guitares instables. Il y a un véritable esprit festif dans la musique de Viagra Boys qui ne se prend jamais totalement au sérieux, ce qui fait un bien fou dans un domaine qui me semble trop souvent coincé dans des postures. Welfare Jazz part d'ailleurs dans tous les sens, ça manque peut-être un peu de cohérence et d'idée directrice - il y a des interludes, un morceau instrumental, un final mélodique bouclé avec des parties de flûtes -, c'est moins frontal et carré que le premier album du groupe, mais je trouve que ça apporte une spontanéité agréable à la musique. Si certains critiquent le groupe pour son accessibilité, je trouve que ces idées éclatées montrent au contraire que la musique de Viagra Boys est loin d'être calibrée ou formatée - l'énergie du groupe l'empêche d'être enfermée dans des carcans, elle s'échappe, déborde toujours du cadre. Ain't Nice par exemple est très directe, efficace, vraiment accessible, mais c'est un morceau qui ne ressemble à rien de trop identifiable grâce à l'énergie rock du groupe et ses idées décalées, jusque dans le groove et les arrangements détraqués.

Peace or Love
7.3
22.

Peace or Love (2021)

Sortie : 18 juin 2021 (France). Folk Pop

Album de Kings of Convenience

Annotation :

Folk Pop / Chamber Folk / Indie Folk
(Après une 3ème écoute) Je connais Kings of Convenience uniquement de nom, je n'ai jamais écouté leurs albums même si je vois à peu près dans quel registre le groupe évolue. Je ne sais pas si ce nouvel album est aussi bon que ceux qui ont précédé (le dernier datant de 2009 - c'est un sacré retour), mais en tout cas les morceaux sont de qualité. Peace or Love s'impose sans peine comme un des plus jolis albums folk de l'année. Le groupe y déploie une minutie, un soin du détail, une économie de moyens, qui donnent une atmosphère ultra intimiste et délicate à sa musique. Il n'y a quasiment pas un morceau pour dépasser l'autre, pas un moment qui hausse le ton (bon, à la rigueur, Fever et Catholic Country sont légèrement plus entraînants), tout est joué sur le même mode, mais l'ensemble échappe à la monotonie grâce au feeling dégagé par le groupe, tout en sérénité et en jeu de guitare limpide - qui pourrait se rapprocher de Innocence Mission pour la sobriété touchante, le chant étant ici plus neutre, totalement en phase avec l'atmosphère paisible des morceaux. La constance de l'album est remarquable et donne envie de se blottir dans ces morceaux, qui ne vont pas nous retourner le cerveau mais simplement nous bercer et nous réconforter.

Long Lost
7
23.

Long Lost (2021)

Sortie : 21 mai 2021 (France).

Album de Lord Huron

Annotation :

Americana / Indie Folk / Indie Pop / Indie Rock / Ambient
(Après une 3ème écoute) Je cherchais désespérément à quoi me faisait penser cet album de Lord Huron. Et je crois avoir trouvé. Oui, il y a un peu de Fleet Foxes mais il y aussi une sorte d'amour des grands espaces, cette sorte de folk généreux et panoramique, qui me rappelle le dernier album de Other Lives. La musique est plus spontanée chez Lord Huron, moins cinématographique et arrangée, mais la chatoyance des ambiances est assez similaire, de ce fait c'est immédiatement chaleureux, accessible et rayonnant. C'est limite trop par moment, car l'album est quasiment impossible à pendre en défaut, tout est impeccable, maîtrisé, positif, c'est presque trop honnête. On cherche limite les aspérités, mais je trouve que c'est tellement facile à écouter, et généreux dans la proposition, gorgée de sonorités que j'aime (slides, violons lumineux, guitares acoustiques, voix enveloppante) que c'est difficile de faire la fine bouche. Je trouve même que l'album gagne à la réécoute sur sa seconde partie qui se fait plus discrète, moins spontanée, et qui dispense en fait les nuances que l'on cherchait auparavant. Je ne sais toujours pas ce que Lord Huron a voulu faire avec le long final ambient de 14 minutes mais vu que c'est aussi très beau et planant, il faut avouer que ça fonctionne : le groupe a une capacité à matérialiser des paysages, des visions de nature, un souffle vivifiant, à travers des sonorités de façon vraiment émouvante.

Acquainted With Night
7.2
24.

Acquainted With Night (2021)

Sortie : 19 février 2021 (France).

Album de Lael Neale

Annotation :

Contemporary Folk / Indie Folk
(Après plusieurs écoutes) Il y a quelque chose de dérangeant mais d'irrésistible et attirant dans cet album. En fait, il me rappelle par certains côtés le bricolage des débuts de Coco Rosie, duquel se dégage un charme puissant à la première écoute mais qui peut s'épuiser une fois la surprise passée. Et il n'y a rien ici qui vient contrebalancer cette esthétique lo-fi, dominée par le son d'un omnichord, sorte d'autoharpe électronique aux sonorités enfantines, puisque tous les morceaux sont menés sur le même rythme tranquille et doux, sans rupture au niveau des ambiances ou de la production. Ça manque un peu de surprises, et l'atmosphère particulière (omnichord + souffle digne d'un enregistrement fait maison) peut sembler gadget à la longue. Heureusement c'est sans compter sur le talent de Lael Neale pour habiter ses chansons, le chant a toujours quelque chose de touchant et chaleureux, doux et enveloppant, et les mélodies délicates dégagent beaucoup de grâce. Acquainted With Night est un album singulier, unique, duquel j'ai du mal à me détacher tant il développe un univers très personnel, atypique, chargé en nostalgie avec ses sonorités lo-fi, ses tons sépia, qui redéploient à chaque écoute leur charme intrigant et intimiste.

The Monster Who Hated Pennsylvania
7
25.

The Monster Who Hated Pennsylvania (2021)

Sortie : 14 mai 2021 (France). Indie Folk

Album de Damien Jurado

Annotation :

Contemporary Folk / Indie Folk
(Après une 2nde écoute) C'est effectivement un peu moins singulier que le précédent album de Jurado mais ça reste dans la même veine d'indie folk feutré intimiste au feeling vibrant et je crois que je pourrais écouter cette musique indéfiniment tant elle dégage une simplicité réconfortante et mine de rien aussi beaucoup d'émotion avec une humilité touchante. Je suis vraiment curieux d'écouter ce qu'a fait Jurado avant ses deux derniers albums car j'ai l'impression une nouvelle fois de découvrir tout un ressenti et un univers qui m'avaient totalement échappé, voire indifféré. Alors que la délicatesse de ce folk, de la voix de Jurado, de ces arrangements (la basse quand elle vient avec ses lignes tout en rondeur discrète !), ont quelque chose qui me parle vraiment. Ça paraît simple mais c'est une musique bourrée de subtilité et de sensibilité.

raula
26.

raula (2021)

Sortie : 20 janvier 2021 (France).

Album de Piana

Annotation :

Ambient Pop / Art Pop
(Après une 2nde écoute) Plus accessible que la musique d'Ichiko Aoba, mais aussi moins complexe et profond, cet album de Piana reste une jolie alternative pour retrouver ce style d'ambiance art folk pop à l'ambiance japonaise très délicate et sensible, d'une pureté lumineuse. Il y a quelque chose d'un peu trop facile et évident, c'est une musique sans grande surprise, relativement linéaire, qui déroule sa formule, sans d'ailleurs forcément chercher à parfaire ou a approfondir l'écriture, ce qui fait que l'on se retrouve avec un paquet de titres courts, d'interludes ou de morceaux qui ne semblent pas finis. Mais il se dégage malgré tout de l'ensemble un flow d'un charme assez irrésistible - enfin, un piano, une chanteuse à la voix gracieuse et des ambiances de folk champêtre et rayonnant qui jouent sur la corde sensible, il ne m'en faut pas plus pour être comblé.

Pale Horse Rider
6.7
27.

Pale Horse Rider (2021)

Sortie : 16 avril 2021 (France). Psychedelic Folk

Album de Cory Hanson

Annotation :

Psychedelic Folk / Americana / Folk Rock
(Après une 3ème écoute) Tout ce que je pensais à la première écoute se trouve confirmé : cet album contient quelques uns des plus beaux morceaux folk baroque de l'année avec des titres comme Pale Horse Rider et Another Song From the Center of the Earth (auxquels on pourrait rajouter Paper Fog et Pigs). C'est lumineux, délicat, superbement produit, et conquérant quand il le faut, avec des constructions efficaces qui produisent un résultat panoramique et euphorisant. Par contre, il y a un petit ventre mou entre les deux gros morceaux suscités, où Cory Hanson enchaîne les morceaux folk calmes mais sans être transcendants. L'album reste toutefois agréable du début à la fin et ses meilleurs moments rayonnent forcément sur le reste, faisant de Pale Horse Rider un des meilleurs albums folk de 2021.

Family Album
7.5
28.

Family Album (2021)

Sortie : 29 janvier 2021 (France).

Album de Lia Ices

Annotation :

Contemporary Folk / Art Pop / Alt-Country
(Après une 2nde écoute) C'est certainement un peu classique, et les morceaux parfois légèrement trop longs, mais c'est aussi très beau, très pur, composé et interprété avec beaucoup de goût. C'est le genre d'album refuge, la valeur sûre réconfortante qui dispense son énergie folk avec beaucoup de générosité et une évidence rayonnante qui fait plaisir, les morceaux brillant sans peine avec leurs parties de piano amples et le chant gracieux de Lia Ices, le tout navigant aussi bien du folk classieux aux vibes 70's qu'à l'art pop raffinée et délicate d'une Kate Bush (sans la douce folie).

Moonlit and Devious
29.

Moonlit and Devious (2021)

Sortie : 12 mars 2021 (France).

Album de Allie Crow Buckley

Annotation :

Chamber Pop / Americana / Folk Rock
(Après une 3ème écoute) Cet album est peut-être le moins surprenant et le moins flamboyant à la réécoute, parmi les 4 fantastiques de cette année (oui, je m'invente des catégories perso), à savoir Lia Ices, Lael Neale et Cassandra Jenkins. Mais la musique d'Allie Crow Buckley reste de qualité. Déjà ça commence fort avec l'excellent Nothing Sacred, dans une veine chamber pop électrique à l'énergie qui fonctionne par vagues, tel un ressac sonore. C'est d'ailleurs une des particularités de l'écriture d'Allie Crow Buckley. Par la suite, les morceaux sont moins immédiats, mais quand on pense s'assoupir, l'album arrive toujours à relancer l'intérêt avec un certain panache, à l'image de Moonlit and Devious - assez proche des élans tranquillement conquérants de Nothing Sacred - ou de l'entraînant Hanging Tough, sans oublier les deux derniers morceaux très calmes, Under the Sun (avec ses notes aquatiques vibrantes) et le mélancolique Taming Shadows qui nous laisse là avec un vague à l'âme à gérer tout seul. En fait il y a peu de moments faibles (Hasta la Vista, Serpentress, Trouble In Paradise), pas de moments tétanisants non plus, mais on se rend compte qu'Allie Crow Buckley a une sorte de maîtrise, elle est à sa main et déploie sa musique avec aisance et assurance, elle sait gérer ses effets pour rendre sa musique constamment intéressante et accrocheuse, de manière parfois ineffable mais bien réelle.

Voyager
6.8
30.

Voyager (2021)

Sortie : 14 mai 2021 (France).

Album de Current Joys

Annotation :

Indie Pop / Bedroom Pop / Indie Rock / Heartland Rock
(Après une 3ème écoute) Il est étrange cet album, sans doute car il me donne l'impression d'être décousu : l'agencement des morceaux, ainsi que leur style et les ambiances, ont du mal à donner une cohérence à l'ensemble. Malgré tout, Voyager est - pour l'instant - le grand album heartland rock de l'année, puisqu'il en faut toujours un j'ai l'impression. D'une certaine manière, l'aura dégagée par cet album me rappelle celle de Eraserland de Strand of Oaks : un rock en apparence classique mais au souffle euphorisant quand les morceaux conquérants décollent vraiment. Sauf qu'il n'y a pas que ça, du coup le rythme est parfois incertain, et les titres plus rock et mélodiquement simplistes m'enchantent moins. On navigue ainsi entre rock basique, et titres flamboyants qui me font chavirer tant Current Joys déploie et maîtrise tout l'attirail de l'heartland rock généreux et émouvant, qui appuie là où il faut pour faire pleurer dans les chaumières. Ceci dit, le bon heartland rock se juge à sa capacité à rester sur le fil du pathos sans jamais y tomber et c'est exactement ce qu'arrive à faire Current Joys sur les meilleurs titres de l'album. Personne n'a fait mieux, en 2021, que les titres American Honey, Amateur, Shivers et Voyager Pt 2, dans le domaine du rock panoramique au cœur gros comme ça.

benton

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