Les meilleurs films de 2022 selon Mr. SomarG

Annotation :

Un film opaque, qui mue et qui dresse le constat, certes éculé mais toujours brûlant et désabusé, d'un monde pourri à tous les niveaux, d'une société suspendue à ses propres défaites.
"Enquête..." laisse brillamment des zones d'ombres, rappelant le magnifique "Il Traditore" de Bellocchio, et affichant une grâce et une maîtrise qui confinent au sublime.

Annotation :

Comme le film qui le précède dans cette liste, Pacifiction est une oeuvre opaque et majestueuse. Une contemplative mais violente décharge de cinéma. Une surdose de cinéma même, qui écrase et hante le spectateur, anéantissant sa faim de films ou affadissant tout ce qui vient juste après.

Annotation :

Ennio est un documentaire superbement bien construit qui a pour principale qualité de parler de musique, et pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de celle d'un compositeur unique dont les mélodies et les contrepoints résonnent dans nos têtes, à tous, partout. Morricone, l'universel.

Annotation :

C'est un peu bavard au début et puis... On se laisse complètement emporté par ce "tourbillon de la vie". La fameuse chanson, qu'on peut entendre dans Jules et Jim, illustre parfaitement la trajectoire de ces deux jeunes êtres, qu'on perd de vue, qu'on retrouve puis qu'on finit par abandonner, "tous les deux enlacés". Pour l'éternité ?

Annotation :

Une mise en scène sophistiquée, qui se renouvelle constamment. Des personnages peu singuliers mais des relations brossées avec précision et subtilité. En ressort un faux polar, lent et contemplatif, mais surtout une réflexion sur les conséquences de nos choix, la mélancolie de notre absence de décision(s). Un film purement romantique. Un film beau.

Annotation :

Un film dans lequel le dispositif (du procès) paraît, a posteriori, artificiel. D'autant plus parce qu'il réussit, en un seul dernier acte, à être extrêmement percutant, bouleversant - car on ne peut plus vrai. L'écriture du plaidoyer est sublime. Et la profondeur de ces deux personnages, qu'on peut penser statiques de prime abord, est assez impressionnante. Un film à thèse qui prend son temps mais qui sonne juste et fort.

Annotation :

Brizé laisse de côté les bureaux de pôle emploi et les locaux syndicaux pour aller plus haut dans la hiérarchie, plus loin dans la logique des chiffres et ainsi critiquer plus profondément les politiques néolibérales qui menacent entreprises et salariés. Seul bémol : on aurait aimé voir la l'écart, immense, entre la liberté permise au héros par sa fonction de chef d'entreprise face à celle, inexistante, des ouvriers sur le point d'être licenciés.

Annotation :

Avec As Bestas, Sorogoyen se positionne définitivement comme un brillant directeur d'acteurs. En témoignent deux séquences de dialogues on ne peut plus prenantes, et la magie avec laquelle il parvient à faire de Marina Foïs une bonne comédienne.
Et puis le film parle de tellement de choses ; en tête, l'opposition entre deux mondes, l'un qui a le choix et l'autre qui n'en a aucun si ce n'est de disparaître... en filigrane : que faire des bleds qui sont désertés et des dernières personnes qui les habitent ??

Annotation :

Une fresque familiale de grande ampleur qui détaille les rouages systémiques infernaux de la pauvreté mais aussi la cruauté des individus qui choisissent de la faire subir aux autres, à leurs proches, leur communauté. C'est vrai que c'est bavard, un chouïa long mais la densité du récit et la complexité des relations entre les personnages rendent le film captivant.

Annotation :

Un budget restreint et malgré tout un long métrage sensible et incisif. Des contraintes qui ont poussé Gerima à innover. Des choix de mises en scène forts (il ne montre pas le visage des blancs gentrifieurs, ni de la police). L'accouchement d'une vision et d'un engagement, l'éclosion d'un cinéaste.

Annotation :

Un opus très typé comics, et en même temps on ne peut plus cinématographique, et ça fait plaisir !
Ce sont encore une fois les gentils riches qui gagnent à la fin - ah, les ricains - mais il y a dans ce Batman une noirceur (au sens de Film Noir), une porosité entre bien et mal, et puis un côté polar qui ne peuvent que satisfaire les frileux des superhéros. Enfin, c'est le scénario, fort bien construit, qui nous permet de passer ces presque 3 heures sans s'emmerder.

Annotation :

Une façon singulière (et a priori peu cinégénique) de montrer des policiers : dans ce qu'ils ont de plus fragile et prosaïque, sans toutefois leur ôter une part de gouaille voire de poésie. Outre cela, le film est un habile morceau de cinéma métaphorique où le coupable est multiple et indivisible à la fois : il est l'homme lui-même.

Annotation :

Un récit quasiment en trompe-l'oeil, dont les différentes couches révèlent les contradictions d'une société et celles, moins palpables, du cinéaste. Si l'on peut admettre que le film renferme plusieurs sujets et que la complexité des ressorts religieux et politiques peut paraître abstraite pour des "non initiés", il n'empêche que l'efficacité de la mise en scène et la clarté du scénario, proprement exceptionnelles, font de cette Conspiration une histoire passionnante à suivre. Un long métrage où le sacré côtoie la critique politique et la fatalité sociale.

Annotation :

La caméra de Fanny Molins saisit les êtres peuplant cet Atlantic Bar. La confiance que ces derniers lui accordent est d'ailleurs considérable. Ils se livrent, sans filtres, sur des parcours semés d'embûches, avec, pour point commun, l'addiction, et comme quête partagée, le bonheur d'être ensemble.

Annotation :

Expérience utopique et donc proposition politique, ce long métrage nous offre 2 heures comme on en voit trop rarement au ciné : pleines de vie et d'humanité, où le conflit n'est pas uniquement source de dramaturgie mais réel obstacle à l'épanouissement d'une communauté. Ariaferma réside entre le film de fiction déceptif, l'expérimental et l'essai théâtral. Une oeuvre sensible, agréable.

Annotation :

Fragmentaire, et donc légèrement inégal, le film s'attache notamment à raconter différentes histoires satellites autour de celle de l'héroïne. Parce qu'elles sont toutes dignes d'être écoutées, parce qu'elles sont, chacune, des symptômes distincts d'un même mal, parce que tous les êtres qui les ont vécu sont liés par ce même traumatisme... Le film montre bien qu'ils ne peuvent avancer qu'ensemble. Revoir Paris est une errance émouvante et offre en plus une très belle représentation de la ville lumière. A titre perso, j'aurais aimé voir le personnage du travailleur sénégalais sans papier davantage creusé - là on avait un film inédit, sur la manière dont les cuisiniers payés au black n'ont pas été répertoriés ou reconnus comme victimes des attentats.

Annotation :

Corrosif et caricatural, le film est avant tout une fable auscultant les phénomènes de domination, leur anéantissement puis leur reproduction inversée, et enfin leur fatalité. La critique sociale est efficace, jubilatoire, mais parfois un brin illustrative, schématique voire paraphraseuse. On regrette par ailleurs un rythme atrophié sur la deuxième partie du film ("l'acte 3") et presque une perte d'inspiration, en tout cas d'intérêt vis-à-vis de nos personnages excentriques et, encore une fois, archétypiques et caricaturaux.

Annotation :

Un film assez intelligent sur ce couple extraordinaire, et ce qui le façonnait : un mélange de curiosité scientifique et de pulsion de mort.

Annotation :

Une oeuvre qui brille avant tout par sa représentation sombre et désespérée d'une ville, qui, à l'image d'une société, respire la misogynie.

Annotation :

Nostalgique mais jamais rétro, Maverick rend un bel hommage au film originel, lui tire au passage ce qu'il avait de mieux (la musique, surtout, la camaraderie, l'héroïsme et le vertige de la mort, aussi) et assure un niveau de divertissement dont on avait presque oublié qu'il était possible.

Annotation :

Alerte rouge commence tel un film pour gamins à la métaphore peu subtile et finit comme une oeuvre réflexive touchante, mêlant de multiples thèmes : la transmission, la double culture, l'arrivée dans l'adolescence et tous les choix difficiles que cela entraîne.

Annotation :

Ce film au rythme infernal est rudement bien filmé et monté. Tout est millimétré pour faire ressentir la diminution de marge de manoeuvre de Julie et l'étau du temps qui l'étouffe. Le final néanmoins ôte au métrage une grande part de son impact critique.

Annotation :

Agréablement surprenant de la part de Garrel. Un film de comédien, oui, mais aussi un film de passionné, plein de références cinéphiles - quel plaisir d'entendre du Stelvio Cipriani !
C'est drôle et touchant et en ce moment ça fait du bien.

Annotation :

C'est assez gentil mais on apprécie la liberté permise par le script, les envolées lyriques et ce souvenir doux et mélancolique d'un arrachement au quartier, à la terre et à la famille. Avec en prime un petit rappel de l'engouement populaire que suscitait le cinéma à l'époque, ainsi que son impact sur le protagoniste-réalisateur.

Annotation :

Puissant dans ses évocations mythiques, le film semble plus paresseux dans le développement du présent, de l'histoire d'amour - une histoire très belle au demeurant. Heureusement, la dernière partie parvient à nous surprendre et creuse ce qui n'avait été jusqu'ici effleuré : la protagoniste et sa solitude.
Tout de même ça fait plaisir de voir un long métrage comme ça en 2022, qui ose narrativement et qui ne se complaît pas dans la fadeur visuelle devenue norme. Thanks George!

Annotation :

Dur de juger un film dont le postulat scénaristique est aussi paradoxal : réduire l'histoire à une anecdote étirée en longueur, tout en utilisant des ressorts usés jusqu'à la corde pour insuffler à l'ensemble un mouvement dramaturgique "classique". Le paradoxe existe aussi chez les personnages : la tentative d'exploration de leur psychologie n'a d'égal que la fixité de leur relation. Faussement troubles, artificiellement voilés, leurs caractères sont en fait réduits à un état chimérique... Le final, vainement ambigu, abonde dans ce sens.

Annotation :

Assez expérimental voire conceptuel dans son approche, le film parvient néanmoins (après environ une demi heure) à accrocher le spectateur, en offrant à son personnage de vrais enjeux et objectifs, tout en proposant une direction narrative agréablement surprenante.

Annotation :

Je suis embêté avec ce film... Le postulat, repris de Bresson, est intrigant... Skolimowski en fait un quasi pamphlet animaliste mais surtout une fable d'une maturité et d'une amertume écrasantes. Son portrait d'un âne est à la fois sensible, métaphorique et désespéré... Le choix du point de vue est fort, le film aurait dû en rester là. Car à force de s'empêtrer avec des personnages humains caricaturaux (à peine esquissés donc inintéressants), il m'a perdu.

Annotation :

En compétition à Berlin en 2020, le film sort cette année (en dvds & cie) en France.
L'oeuvre est forte de plusieurs partis pris : pas d'ancrage historique clair, un hors champ sonore très travaillé et dont la présence est graduelle, deux récits enchevêtrés démontrant la difficulté des anciens esclaves à vivre dignement et une élite blanche fracturée mais décidée à garder le pouvoir.
C'est bien écrit et touchant. On peut juste regretter l'absence d'ambition de la mise en scène.