Les meilleurs films de Terrence Malick selon Verv20

Annotation :

Point de convergence idéal dans la filmographie de Terrence Malick, où la contemplation dans les formes qu'elle a revêtu franchement par après a déjà bien éclos, et où les grandes interrogations du réalisateur se conjuguent au contact de l'avenant apparent de ses premiers films.

Ce vaste pan d'émotions m'intrigue, et restera pour moi sujet à méditation pour bien des saisons encore. Son irrésolution et ses fragilités, qui évoquent de près les hésitations profondément humaines de son réalisateur, me semblent être une voie difficile et pourtant naturelle vers cette pensée complète et profondément altière, que j'admire et tâche d'effleurer.
C'est là une œuvre entière.


Découvert en juin 2016, revu en salle, version restaurée, en janvier 2019, puis à la maison en novembre 2019.

Annotation :

Days of Heaven a véritablement éclos pour moi au second visionnage. Il est en quelque sorte le point de convergence de toutes les thématiques malickiennes. On n'aura pas à chercher loin pour y voir le drame biblique du paradis perdu.
Il m'avait déjà semblé – et je m'en sens d'autant plus confirmé aujourd'hui – que les films de Terrence Malick étaient au cinéma qui veut raconter des histoires, ce que sont les disques qui savent développer leur phrasé dans toute leur durée face aux simples pistes qui tâchent de trouver une brève proposition concluante, ou, en matière de littérature, ce que sont les recueils de poésie, si tant est qu'on parvienne à en entendre les sonorités les plus profondes, face à de courtes histoires, certes denses, mais qui toujours, trouvent un début et une fin en leur propre dimension.
Cela dans une forme à première vue traditionnelle, donnant aux Moissons du Ciel cette inqualifiable particularité qui chez certains va jusqu'au sentiment d'inconfort.


Découvert en mai 2016, revu en mars 2018 puis en octobre 2019

Annotation :

Une première œuvre, celle qu'on peut le mieux saisir de cette filmographie par le regard de l'histoire du cinéma : le contexte est celui des années post-code Hays, dans la veine de Bonnie and Clyde (Arthur Penn est un des protecteurs de la première heure de Malick), Badlands se range dans un genre éloquent quant aux US des années 50-60. Le rapprochement est étonnant, mais riche : prenez quelques livres de la Beat Generation ; l'atmosphère est commune.

Mais dans la forme codée du genre à retravailler apparaît un auteur singulier, qui met subrepticement au loin le fil de son récit (par la voix-off d'Holly), détache les regards (un jeu d'acteurs rare jusqu'à l'inconfort), et fait glisser son road-trip vers le conte, où un Colt est une baguette magique qui efface les dangers : la violence est vue de front, sans euphémisme, et sans mise en scène, sans sentence.
Les inserts sur la nature infime et innocente, les plans larges où l'horizon s'échoue sur les montagnes des Badlands éponymes donnent, de leurs voix encore discrètes mais profondes ; leur métaphysique prendra plusieurs décennies pour germer.


Découvert et aussitôt revu en mai 2016, puis en octobre 2019.

Annotation :

Les incursions de Malick dans le film d'époque me paraissent, à chaque essai, réussir à apporter un tournant de fond dans sa filmographie, tout en proposant un décalage singulier et puissant par rapport au genre : ses films ne sont pas plus hauts, ni plus profonds ; ils sont plutôt "entre", en rupture avec le fil des autres, apportant de l'étranger et du supplémentaire.
L'idée du "c'est arrivé" simplifie la trame principale, l'attache à ce que l'on peut aisément saisir, tout en lui permettant, sans le contre-coup qu'on peut voir dans la trilogie métaphysique (À la Merveille, Knight of Cups, Song to Song), une abstraction de style et de récit paradoxale.

Bien plus en avant que La Ligne Rouge, Le Nouveau Monde est une première proposition sur cette piste. Il souffre peut-être encore d'incertitudes et de la nouveauté des images et murmures qu'il convoque, rendant l'épure parfois trop peu subtile (avant le dernier tiers du film tournant autour du personnage de Bale, le personnage et le jeu de Colin Farrel ne proposent pas d'accroches, suscitant chez moi une assez grande lassitude). Après les ambiguïtés folles de La Ligne Rouge, toutes inscrites dans la clairvoyance de Witt, on ne peut que regretter que Malick ne regarde plus droit dans les yeux son paradis perdu. On est loin de la quête de sens aujourd'hui proposée par Une Vie Cachée.


Vu en juillet 2016, puis en novembre 2019.