Réussite totale.


Midnight Oil s’offre un nouveau co-producteur en la personne de Nick Launay, qui va les aider à définir leur vrai son, avec une attention plus marquée sur les ambiances, créant derrière chaque chanson un mur sonore exaltant la richesse musicale du groupe – l’ouverture atmosphérique « Outside World » tranche déjà avec tout ce que ce dernier a fait auparavant. Il poursuit en revanche son engagement militant en faisant de chaque chanson un brûlot, que ce soit contre le mode de vie capitaliste, pour le désarmement nucléaire ou pour les droits des Aborigènes, soit en déversant sa rage dans de puissants cris rock (le féroce « Only The Strong », dont le vers « I just want to scream » est lourd de sens, mais aussi « Read About It », « US Forces » ou « Short Memory »), soit en refoulant sa colère derrière un calme de façade d’où déborde pourtant le désespoir – le fabuleux « Scream In Blue » en est l’exemple emblématique, avec son introduction instrumentale chaotique et cathartique qui fait brutalement place à la plainte déchirante de Peter Garrett, sur un fond sonore comparable à un paysage ravagé par les bombes.


10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 atteint sans aucun mal la puissance jubilatoire de Head Injuries, mais avec une forme très différente : pas de sonorité live ici, mais au contraire une production très élaborée, ce qui n’empêche pas une brutalité de tous les instants. Celle-ci a beau être ce qu’elle est, la richesse des mélodies fait que le tout reste très accessible : il suffit d’écouter « Read About It », « Short Memory » ou « Waralinga » pour s’apercevoir de l’importance que le groupe accorde à cet aspect.


Quant à la fin, elle touche à la perfection avec le diptyque « Tin Legs And Tin Mines » / « Somebody’s Trying To Tell Me Something » : la première chanson, grandiose, alterne entre éclaircies atmosphériques et envolées lyriques, tandis que la seconde s’élance dans un accès de violence destiné à imposer la puissance d’un groupe de plus en plus important qui a en plus le mérite de traiter de sujets anti-establishment de façon crédible.

Skipper-Mike
10
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le 17 sept. 2017

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Skipper Mike

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Critique de 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 par Skipper Mike

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