Au bord de la crise

Apparemment M.I.A a hérité du courage de son père, qui avait fondé un mouvement étudiant révolutionnaire au Sri Lanka dans les années 70. Empreinte de l’histoire du peuple Tamoul, elle n’a eu de cesse au cours de sa carrière de se faire la voix des opprimés et victimes des conflits politiques. Personne n’a oublié le bruit récurrent des armes dans son tube Paper Planes, expression qui désigne les visas des migrants. Éveiller les consciences a toujours été sa mission, rien de nouveau sous le soleil.

La citoyenne anglaise a également toujours eu beaucoup de style, que ce soit dans ses visuels, ses tenues, son flow ou dans ses prods. Depuis Galang, on reprend une claque à chaque fois qu’elle revient nous rappeler qui est la boss, c’est pas pour rien que Diplo, aka Major Lazer, a craqué sur elle, en plus avec son style lay back c’est une vraie Bad Girl au micro.

Humaniste, engagée, M.I.A n’y va pas par quatre chemins pour évoquer la crise des réfugiés et des migrations de population vers l’Europe de ces derniers mois dans son dernier clip. Avec son flegme et son aplomb, M.I.A balance les questions qui fâchent au milieu des migrants qui franchissent les barbelés, et s’entassent comme du bétail dans des embarcations de fortune pour fuir la guerre et la situation économique de leur pays.

Une M.I.A qui harangue calmement les occidentaux, au sein d’innombrables migrants tous figés mais pas résignés pour autant. Leur mutisme, leur regard qui scrute à l’horizon trahit l’espoir et l’envie de prendre leur destin en main pour de meilleurs lendemains.
M.I.A constate que le monde a besoin de changer et demande quelle place sommes nous prêts à faire à nos semblables, sommes nous seulement prêt à les accueillir, et à ne plus penser qu’à garder nos privilèges coûte que coûte ?

Avec un morceau accrocheur et un travail visuel qui interpelle, M.I.A parvient une fois de plus à se faire le chantre de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître du bon côté de la frontière.
Mélanger intelligemment la politique et la musique n’est pas donné à tout le monde, et M.I.A s’en tire sans aucune faute de goût, bien au contraire.

Bad Girls do it well.