The Underachievers, voilà un groupe que je suis depuis quelques récentes années. Tout droit venus de la côte Est, leur technique n'était pas passée inaperçue dans mes oreilles dans leurs premiers albums, à savoir : Indigoism et Lords of Flatbush. Ces derniers, tous deux dans un registre assez identique, m'avaient très impressionné techniquement, avec un phrasé très spécifique (que l'on peut retrouver chez leurs potes Flatbush Zombies) et des sonorités simples faisant ressortir leur flow épileptique.

C'est donc avec une base peu connue et rudimentaire, mais néanmoins très stylisée, que AK et ISSA G nous pondent Cella Door : Terminus Ut Exordium. Quand j'ai vu le titre, je me suis posé une question : Putain de merde, qu'est-ce que cela peut bien dire... Cellar door, la porte d'une cave, OK, mais après ? Après une veille informationnelle profonde j'ai enfin découvert que cela signifie pour eux la fin du commencement et qu'ils sont près à avoir une nouvelle approche de leur son. Auraient-ils ouvert une porte vers des abysses inexplorés de leurs entrailles ?

A partir de là, et en ayant badé plusieurs minutes en essayant de chibrer un tant soit peu leur pochette, je me suis mis à écouter ce qui me paraissait être un ovni, surtout après lecture de la tracklist !

L'album commence sur Luminescence, une track à la sonorité lente pour bien accueillir des flow rapides comme ils nous ont habitué. Dans cette track, rien de bien nouveau, que du bon et du meilleur même avec une basse plus profonde qu'à l'accoutumée, qui vient soulever une mélodie simplette et efficace. La track est rapide, 2m41 sont parties en fumée et je m'attelle déjà à accueillir la prochaine...

Qui s'avère être au final une des meilleures tracks de l'album. Chrysalis, un pur concentré de flow posé au compte goutte sur une instru extrêmement mélancolique, avec un chœur omniprésent, sa petite mélodie lunaire et sa batterie claire battant au rythme des soubresauts de mon cœur qui palpite à l'écoute. Cerise sur le gateau, le Hat en fond de tableau, rapide et constant, semblant fuir la voix des rappeurs qui posent un texte impressionnant, jonglant entre les clin d’œils à leurs potes, théories divines et métaphores colorées, ils attaquent sans relâche, bouclant 6 couplets au calme dans une track de 3m10. Je vous laisse imaginer le délire !!

Le reste de l'album est dans la continuité des deux premières tracks, mélangeant parfois l'ancien et le nouveau, pour mieux créer. Radiance reprend mélodies cristallines, basses profondes et Hat rapides, sans cesse en fuite des deux rappeurs (ou à leur poursuite ?). Caprice, ah Caprice... Comme son nom l'indique, cette track est un vrai caprice des deux rappeurs, voulant renouer avec leur passé désormais révolu, ils fusionnent avec parcimonie lyrics à l'ancienne, et une instrumentale entre deux chaises, simple et efficace, la batterie et la basse comme guides sensorielles. Un refrain très capricieux, flirtant avec leur passé.

A peine remis de la fessée musicale de la première partie de l'album qu'ils remettent les couverts et les assiettes pour Incandescent. Une des track les plus sombre de l'album, très prophétesse, provocatrice et affreusement envoûtante durant le refrain !

Sonorus, la track provocatrice, tout ce qu'on aime, puissante et profonde, beaucoup de passages en sous-régimes et de voix sous le manteaux, repartant ensuite de plus belle comme ils savent si bien le faire. Encore une fois, la Hat rapide, signature indélébile de ces deux MC's en passe de devenir génies.

Metropolis, une des tracks les plus envoûtante, dans un délire illuminati, les rappeurs provoquent encore et toujours, exposent leurs idées providentielles dans la répétition de leur refrain salvateur. Cette track sonne comme un appel aux armes tutélaire.

Après avoir participé aux visions des deux MC's sur Metropolis, nous voilà écoutant Nebulous, repartant de plus belle dans un univers psychédélique nous ramenant sans arrêt à la pochette de l'album complètement barré, et là on réalise... "Ah, c'est pour ça..."

Je poursuis mon voyage, qui commence de plus à plus à ressembler à un trip sonore qu'à un voyage commun, sur Ethereal. De nouveau, une mélodie pure et limpide, transpirant la légèreté, l'éther... Décidémment, ces mecs savent ce qu'ils font et n'ont pas juste "nommé" leurs chansons, ils les ont baptisées, de voix et d'âme. Une fois de plus on retrouve un contraste entre mélodie et accompagnement à la batterie. Ici, une batterie omniprésente et rapide, une basse souligne ses traits et vient donner une nouvelle épaisseur à la track !

Quiescent vient boucler ce voyage initiatique quasiment aussi vite que Luminescent l'a entrepris. Pour moi le voyage s'arrête là, car les deux dernières tracks ne sont pas fondamentalement différentes du reste de l'album, mais pour moi elles n'ont pas leur place avec le restant des autres. Même si Felicity reste excellente et tente de reprendre le trip, l'accompagnement vocale et tout le reste fait que ce n'est pas pareil ! Et j'aurai le même constat pour Amorphous, qui est pour moi leur petit son un peu "tout public", ils ont voulu se faire plaisir, chill à leur manière avec un son qui ambiance bien, mais pas trop.

Nous voilà avec un monument du Hip-Hop Américain, je savais que ces petits gars nous chieraient une bombe, et voilà qui est fait. A des années lumières des autres rappeurs égocentriques, et plutôt éloignés de leurs confrères, The Underachievers a sorti un des meilleurs album de Hip-Hop de 2014, si ce n'est le meilleur, sous réserve d'adhérer au trip.

Les + :
- Une vraie construction musicale
- Un ensemble de tracks cohérent
- Des mélodies audacieuses et envoûtantes
- Une vraie recherche dans la profondeur du projet
- Deux flow distincts, toujours aussi frais et précis

Les - :
- Deux tracks à part mais excellentes tout de même

PS : Désolé pour la construction de phrase laborieuse, j'ai écrit cette critique sur le tas, l'envie folle de vous partager mon ressenti au bout des doigts.


Peace.
Eax
9
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le 1 sept. 2014

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