Une claque

Aujourd’hui vous le connaissez rappeur. Sachez que ce MC « couteau-suisse » a su toucher à tout. Itinéraire d’un artiste qui aura expérimenté un peu de tout.

Si vous avez écouté le 5ème track du projet intitulé « F.F.F (Fuck le Foot Frère), vous l’avez vite compris, Sam’s a embrassé une carrière de footballeur à Lormont, au Stade Bordelais et à Libourne. Entre passion, réussites et mauvaises expériences, Moussa Mansaly de son vrai nom, ne s’est pas laissé abattre et a le mérite de ne pas porter d’œillères.

Il saisi les opportunités qui se présentent. Effectivement, Sam’s est également un acteur charismatique. En attendant demain, Les Beaux Mecs, Mohamed Dubois, Qui Vive ou encore Colt 45 avec Gérard Lanvin et Joey Starr sont des réalisations dans lesquelles vous pouvez apprécier le talent du jeune bordelais. Aujourd’hui pourtant, il ne s’agit QUE de décortiquer le premier album de Sam’s, Dieu Est Grand.

Dieu Est Grand, enfin ! Nous l’avons attendu longtemps. Heureusement, Sam’s a su nous nourrir avec Gestlife Revolution (EP), Je Suis Petit (Mixtape mixée par Dj Myst) et les fameux Sundays Soundcloud. « J’ai Plus Le Temps » exprime-t-il aux côtés de Luidji. Des principes établis dans une vie qui suit son cours, malgré les sacrifices et les échecs.

Artistiquement, Moussa a tout d’un grand. L’album commence pourtant par les morceaux « Je Suis Petit » et « Microbes ». Il se livre avec une humilité presque déconcertante et ce depuis ses débuts. « Les 24h du banc », « Vu d’en bas » sont des récits de jeunesse durs et touchants dans lesquels Sam’s n’a pas honte de raconter des épisodes de vie peu glorieux.

Cette chronique n’a pas été écrite comme toutes les autres, autant que vous soyez au courant. Il était prévu d’écouter l’album une ou deux fois et de gratter quelques lignes sur les titres mais que nenni. Toute la spiritualité, le vécu et la maturité émanant de ce projet ont eu l’effet d’une claque, c’est une première victoire. À tout cela viennent s’ajouter une technique imparable et une écriture aussi légère que puissante, notamment remarquables sur les tracks « S01Ep09 » (feat. Gimenez E) et « Que Dieu Nous Pardonne ».

Le MC semble poser avec le cœur et nous fourni du Rap comme il ne s’en voit (presque) plus en 2015. Tout cela donne une dimension très précieuse à l’album, qu’il a fallu écouter, encaisser, digérer et analyser.

Sans jamais s’enfermer

Sam’s, c’est avant tout une personnalité mystérieuse. Il dresse d’ailleurs le parallèle entre la sienne et celle du personnage de manga, « Itachi Uchiwa » dans le track du même nom. Un génie, rapide, combatif, technique, protecteur et surtout un « éternel incompris » comme se plaît à le préciser Sam’s dans son refrain (Sam’s, si tu lis ça, sache qu’artistiquement en tout cas, nous t’avons compris). L’un des points forts le plus appréciable de cet album reste la diversité musicale, riche et minutieusement choisie.

L’ennui ne pointe le bout de son nez à aucun moment : un nouveau son, une nouvelle histoire. Cet album est un livre ouvert qui ressemble trait pour trait à sa cover. Entre choc des cultures avec « Teranga » et ses samples africains, featurings improbables avec Fefe (et Youssoupha) sur « Ma Mélodie » et des gestes totalement prisants avec le storytelling revisité « Pute », Dieu Est Grand est une palette dorée aux « 1000 morceaux ». Vous ne croyez pas si bien lire.

Nous terminons cette dixième écoute avec « En Attendant Demain », un message d’espoir et un moment de plaisir mélancolique, qui nous donne juste envie d’adopter la gratitude attitude. Croyez-le ou non, cet album ne présente aucun défaut audible et rejoint sans conteste notre top 3 des sorties Rap français 2015. De la soul, de la Pop, de la Trap, du Jazz, des inspirations diverses et variées, des beatmakers talentueux tels que Céhashi à qui ont doit les 2/3 du travail de production mais également à Jewelerz, Ogee Handz & Dik-C, ainsi qu’à Dj Stresh et Thundabolt qui ont su y laisser leurs signatures. Des thèmes poignants, d’autres plus légers, des références (IAm, La Haine…), du Slam en guise d’interlude avec Khalid, qui ne vient qu’alimenter cet album d’un côté humain très précieux. Du rap de vie telle qu’on la vit et non telle qu’on la veut. Une sincérité parfois déstabilisante et un travail vraiment pointilleux. BRAVO !

Hype Soul a apprécié ce voyage artistique dans lequel Moussa Mansaly est la muse du narrateur Sam’s. Nous invitons nos lecteurs à se procurer Dieu Est Grand, à l’écouter sans aucune modération et à partager leur avis.

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