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Down In Heaven
6.9
Down In Heaven

Album de Twin Peaks (2016)

Où en sont ces fameux Twin Peaks, qui n'ont de Lynchien que le nom? On les avait quittés avec un deuxième album solide et réussi. En quelques secondes, mes quelques doutes ont vite été balayés d'un simple et sauvage moulinet de poignet tenant un médiator : « Walk To The One You Love » a tout du tube de la série télé des familles : richesse des arrangements (cuivres, quelques gammes de piano...) quelques petites notes bien sucrées d'une trompette providentielle venant soutenir des harmonies vocales à la Beatles, un thème « pop » sur une structure garage-rock assez conventionnelle, les Twin Peaks commencent bien ce nouvel album.


Pour « My Boys », la richesse et le lyrisme des guitares peuvent renvoyer aux Byrds. Beatles, Byrds, c'est pas rien ça ! Encore une de ces comparaisons trop flatteuse pour être honnête me direz-vous? Et bien non, je ne crois pas... Jugez-en par vous-même de toute façon. En termes de mélodies pop, c'est un peu ce qui se fait de mieux en ce moment : à l'image de ce passage (toujours dans « My Boys »), léger, relâché, cliché, mais aussi typiquement pop, assumé et surtout très efficace : « papalapap... », ...et je ne rigole même pas jaune. Sur « Butterfly », c'est reparti avec des « papalapap... » décidemment bien trouvés, qui ont leur place, puis cette voix, au grain très rock (et rauque) : le Lennon de « Helter Skelter », j'ose la comparaison flatteuse au risque de m'y complaire, qui pousse l'authenticité de sa voix, n'est pas loin.


La plus belle des pop arrive sur « Cold Lips », un peu cafardeuse mais il en faut pour tout le monde, avec des arpèges dignes des introductions d'REM, et la voix de l'un des chanteurs, un peu niaiseuse et nasillarde ne choque pas : les Twin Peaks (s)ont ce qu'ils (s)ont, s'assument et y vont à fond. Pourquoi s'arrêter en si bon chemin et par là-même lâche une équipe qui gagne ? « Heavenly Showers » démontre tout les avantages du groupe : la dite voix un peu niaiseuse que j'évoque plus haut est aussi terriblement accrocheuse, adolescente, furieuse, et pour finir, rock'n roll, tout simplement. De toute façon, elle est idéalement contrebalancée par une autre voix, celle-ci plus adulte et mature, voire même intellectualisée : c'est comme si Tom Verlaine chantait ici, et venait y ajouter un peu de sel de son talent, fait de phrases de guitare et de ce timbre de voix intelligent et passionné. Les Twin Peaks, c'est aussi cet art de pondre des tubes très « sixties » dans l'âme, courts, avec des riffs plus appuyés, enlevés, en témoigne ce « Keep It Together » (certainement l'un des meilleurs morceaux de l'album), mélange foutraque et génial d'influences de (très) bon goût, donc bienvenues, assimilées puis recrachées avec effronterie comme s'ils avaient inventé la lune, qui rappelle quelques titres du premier album, qui étaient presque punk dans le ton et l'audace, comme celle de caler un solo inspiré à la fin du morceau.


« Getting Better », c'est encore l'hommage aux Beatles et à tous ces groupes des années 60 qui n'existeraient pas sans le groupe de Liverpool (ce qui ne leur enlève en rien le fait d'être géniaux et inventifs)


Les Twin Peaks, pour répondre à la question que je me posais avant d'écouter l'album, en sont donc rendus à l'une des étapes les plus difficiles pour un groupe de rock : celle, très angoissante, de faire un (bon) troisième album après un (bon) deuxième album et plus exactement de réussir un disque après avoir construit ce petit bijou qu'est "Wild Onion".


Mais... car il faut bien un "mais" : ne manque-t-il pas une sorte de fil rouge, ou une véritable cohérence thématique entre les morceaux, qui donnerait l'impression heureuse de ne pas avoir affaire à une compilation réunissant des tas de 45 tours? Il manque à ce groupe une ambition supplémentaire, celle de nous pondre un chef-d'oeuvre, peut-être un disque basé sur un aspect moins ensoleillé et optimiste qu'ils mettent ici en évidence dans leurs mélodies, je parle bien évidemment de la (sombre) face cachée de la lune. Mais je ne vais pas non plus faire la fine bouche, ...car avant de se projeter sur un (peut-être) futur chef-d'oeuvre et classique de notre temps, il faut déjà savourer cet album qui vient de sortir aujourd'hui, il est réussi, donc je vais mettre une bonne note. Mais par contre, car il faut bien un deuxième "mais" et tant qu'à faire, un "par contre", ce n'est pas un coup de cœur.


(7,5/10)

Créée

le 13 mai 2016

Critique lue 239 fois

3 j'aime

Errol 'Gardner

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