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Les Screaming Trees ont failli. Failli à obtenir une reconnaissance commerciale. Failli à gagner une reconnaissance tout court. Finalement, il aura fallu la carrière solo de Mark Lanegan pour apporter un léger éclairage sur la discographie du petit groupe auquel il a appartenu lors des années grunge.


Pourtant, ils ont bénéficié du timing parfait afin de récolter les fruits de leur dur labeur. Une explosion créative au même moment que l’emballement des chiffres de ventes du genre. Un rapprochement vers Seattle (ils sont originaire d’Ellensburg) et une certaine ancienneté pour assoir leur crédibilité. Car ce groupe est un des plus vieux vétérans du grunge avec Soundgarden.
Autre point commun avec la bande à Chris Cornell : ils ont composé les albums les plus intéressants de cette période underground. C’est-à-dire avant le début des années 1990 ainsi que la percée mainstream causée par Ten et Nevermind. Le succès n’est pas toujours une affaire de talent, mais surtout de chance. Un détail qui a manqué à ces vénérables messieurs.


A défaut d’être un chef-d’œuvre, Even If and Especially When est un disque important dans leur existence. Non seulement il marque leur première signature sur le label culte SST (qui accueillait, entre autres, Black Flag, Hüsker Dü et Meat Puppets), il est aussi un grand bond en avant qualitatif par rapport à leurs débuts. Certes, Clairvoyance dévoilait un quatuor avec une personnalité et des influences inhabituelles au milieu des années 1980 (le garage rock et la pop psychédélique, donc un retour vers les 60s), mais les compositions n’étaient pas encore présentes.


Ici, c’est nettement plus professionnel. Enfin, tout est relatif. Mentalité garage oblige, c’est encore un peu le bordel. La voix de Lanegan est reconnaissable sans avoir encore toute sa profondeur. L’énergie a parfois la fâcheuse manie de prendre le pas sur les morceaux, si bien que tout n’est pas forcément mémorable ou impressionnant. Le skeud possédant un ventre mou (de « Girl Behind the Mask » à « Other Days and Different Planets »).


Néanmoins, c’est également pour cette raison qu’on peut éprouver un sincère attachement à cette sortie. Cette joie de vivre dans leur façon de jouer, très adolescente. Ou bien cette voix qui ne sait pas vraiment où elle va pour des raisons techniques ou non (Lanegan ne devait pas que fumer du tabac et boire de la grenadine). Ça sent le garage à papa. Les après-midis à refaire le monde entre deux bières et un bœuf. Donc, il fallait bien occuper ses journées quand on n’avait pas de boulot !


Soyons plus pragmatiques. Si certaines erreurs de jeunesses sont présentes, les bonnes chansons sont là. « Transfiguration », « Don't Look Down » et surtout « You Know Where It's At ». Avec son clavier à la Doors, c’est certainement le sommet du disque. On est même proche d’un R.E.M. en plus hard rock (« World Painted »). En plus d’être gorgés d’influences antiques, ces titres ont un esprit de concision très pop. Un esprit alors British car optimiste et énergique. Un entrain communicatif faisant des Screaming Trees une formation déjà à part dans les premiers pas du rock alternatif Américain. Promise à un grand avenir que seuls quelques-uns auront la chance de vivre en temps et en heure.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 5 oct. 2017

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