Admiratif. 21 décembre 2012, le clip "Gangnam Style" dépasse le milliard de vues. Et ce qui est étonnant, c'est que ce clip désormais universel, mondial, connu de tous, est à l'origine fait pour ne pas dépasser les frontières - étroites - de la Corée du Sud.

Parodie musicale (chanteur débonnaire ridicule, entre vêtements flashys et le fameuse chorégraphie du cheval) d'un genre que seuls les initiés connaissent - la k-pop, il n'a pas été nécessaire aux auditeurs de comprendre l'objet de référence pris pour cible.

Parodie de la société consumériste d'une Corée rentrée dans un capitalisme décomplexé, dont le quartier de Gangnam est le symbole ( et que personne connaît en fait), il n'a pas été nécessaire aux auditeurs de comprendre que la chanson critique sous l'angle de la rigolade ces filles (sexy lady) qui nagent en pleine société consumériste avec un bonheur tout décadent.

Porté comme objet faussement représentatif de la k-pop, donc faussement représentatif de la culture musicale coréenne, PSY a réussi soit un coup de génie, soit le plus grand malentendu du 21ème siècle. 100% sud-coréen avec ses guests de la télévision coréenne que personne connaît, ce clip aurait du rester en Corée du Sud. Il est devenu mondial grâce à son gimmick du "horse-riding dance" qui permet aux sphères occidentales de s'approprier un objet d'extrême orient avec toute la condescendance de rigueur.

Epi-phénomène musical, Gangnam Style rend admiratif. Oui, on peut encore s'étonner de voir qu'un objet improbable, conçu et pensé pour être une blague éphémère devienne le porte-étendard culturel d'un pays entier à l'échelle mondiale. A peu près tout ce qui est conçu dans ce clip passe nous passe par dessus la tête. Et pourtant ça a marché.

Seule ombre au tableau : un PSY qui nie dans à peu près toutes les interviews le propos de sa chanson pour en assurer un succès inoffensif et des autorités coréennes prêtent - sans arrières pensées - à tirer sur la corde du ridicule pour essayer de promouvoir le pays coûte que coûte. Sauf qu'à jouer aussi bien les bouffons, il se pourrait bien qu'on n'en oublie que ce n'était qu'une parodie, pas l'identité de la Corée.
numerimaniac
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le 6 janv. 2013

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