Gemini
7.2
Gemini

Album de Wild Nothing (2010)

Après l’échec du deuxième album de Wild Nothing sorti en 2012, le dénommé Nocturne, revenons sur Gemini, le premier opus de Jack Tatum, à l’époque passé inaperçu. Gemini mérite cette petite rétrospective, déjà parce qu’il a été composé et joué seul (un défi personnel en somme), mais aussi parce qu’il rappelle de bons souvenirs. Les bons souvenirs en question s’appellent Slowdive (*). Cela fait des années que la comète de la dream pop s’est éteinte, mais l’homme derrière Wild Nothing, avec Gemini, ravive la flamme d’une manière assez inattendue.

Voilà donc cette petite ramification de la pop music, élégante, jamais bruyante, légèrement mélancolique, suave : la dream pop. Elle s’apprivoise avec calme et volupté, un programme que suit à la lettre le jeune Jack Tatum. Mais ce qu’on aime en particulier chez Wild Nothing, c’est l’humilité de son jeune compositeur, qui, plutôt que de chercher avec surenchère d’effets les grands espaces, les trouve au détour de mélodies à tiroir orchestrées par de maigrelets synthétiseurs et autres guitares chétives. Plutôt que sous l’aspect d’un phœnix cendré, c’est plutôt par une suite de petites chansons, comme des oiselets qui peinent à voler droit, que l’on retrouve le fantôme de Slowdive. Cet accent lo-fi, bricolé, de Wild Nothing, fait toute la différence avec ses aînés.

Les membres de Slowdive étaient en effet plus des architectes sonores que des songwriters. Ces derniers ne s’encombraient pas de phrases musicales complexes, leur force résidant dans les ambiances aériennes qu’ils créaient. Le travail de Wild Nothing repose quant à lui plus sur l’écriture, mais réverbérations, phaser et autre flanger (**) inhérents au style appellent indéniablement au voyage dans les nuages, toujours. Wild Nothing a donc gardé de Slowdive une image, une sensation plutôt qu’une formule. Et c’est finalement bien cela qu’on attend d’un artiste qui a correctement digéré ses influences. Avec Gemini, Slowdive revient du royaume des morts, mais il n’est plus tout à fait le même : émacié, les traits flous. C’est Slowdive sans être Slowdive. C’est peut-être pour ça que Wild Nothing ne pouvait pas aller plus loin que ce premier disque : un fantôme ne fait que passer.

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le 3 janv. 2019

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il y a 4 jours

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François Corda

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