En 2012, il ne faisait pas bon vivre de s'appeler Nick Oliveri. L'ex -(futur?)- bassiste de Kyuss et des Queens Of The Stone Age aura en effet passé plus de temps en démélés judiciaires qu'en sessions studio, entre ses inculpations diverses et variées, allant de la détention d’armes au refus d’obtempérer, en passant par la détention de stupéfiants. Sans compter la bataille juridique au sein même de son ex-ancien groupe Kyuss Lives! (dorénavant Vista Chino) portant sur l'utilisation du nom de la franchise. Mais alors que le climat de tension pénale semble se tempérer quelque peu autour d'Oliveri, celui-ci en profite rapidement pour mettre fin aux conflits l'opposant à son ami de toujours Josh Homme, ancien comparse de Kyuss et des QOTSA, en planifiant de prochaines collaborations. De fait, c'est avec joie que l'on retrouve parmi la liste des invités de l'album Josh Homme, ainsi que John Garcia (ex Kyuss, néo Vista Chino), ou encore CJ Ramone.

Deux ans, c'est donc le temps qu'il aura fallu à Mondo Generator -comprenez Oliveri- pour enregistrer ce quatrième opus, pourtant mis en boîte ...en trois jours !
Fidèle à lui-même, Oliveri, leader, bassiste et chanteur, cultive ici un punk "stonerisé" (si si, c'est possible !) et rentre-dedans, dans un genre où la disto crasseuse porte des rangers et bave plus qu'un pitbull enragé. Rien de bien nouveau chez notre chauve à barbiche préféré, mais la formule est diablement efficace si on a une envie subite de violence auditive non retenue.
Dès l'ouverture de l'album, par "Dead Silence" et son excellent riff, on sent qu'Oliveri, gueulard comme à son habitude, ne compte pas dépoussiérer son son. Et on approuve ! Les titres speeds et noisy s'enchaînent, de "Burn The Bridge" à "Night Calls" en passant par "Won't Let Go", et se combinent parfaitement avec des titres résolument plus punks comme "The Way I Let You Down", "Central Nervous System High School", ou encore "This Isn't Love". La voix aigüe de Nick ne se pose quasiment jamais, chacune de ses explosions vocales fleure bon le "Millionnaire" des QOTSA, avec quelques nuances pour "Hang 'Em High" cependant, où Oliveri retient un peu plus sa voix, tout en restant tout de même bien éloigné d'un James Blunt.
Malgré tout, le chant n'a jamais été réellement mis en avant chez Mondo Generator, et l'album ne déroge pas à la règle, mais on ne lui en tiendra pas rigueur étant donné le talent de bassiste de son leader.
En revanche, la nouveauté du groupe réside dans le rôle nouveau réservé à Ian Taylor. Plutôt habitué à vivre dans l'ombre d'Oliveri, ordinairement cantonné à accompagner celui-ci, le guitariste natif de Palm Springs (forcément !) révèle enfin son existence en tant que membre à part entière. Son jeu, sans être transcendent, tend néanmoins à se détacher de celui d'un Josh Homme, comme pour s'affirmer vis à vis des débuts du groupe, lorsque le guitariste des QOTSA officiait alors. Ses solos, comme ses sonorités, relèvent plus du bruitiste que du mélodique, mais on a comme dans l'idée qu'Oliveri ne s'en plaindra pas.
Enfin, comment passer à côté du mini-évènement au sein même de l'album ? La réunion, le temps d'un morceau ("The Last Train"), d'Oliveri, Josh Homme et John Garcia, soit les trois quart de la formation originale de Kyuss (l'enregistrement étant bien entendu antérieur à la lutte judiciaire entre le guitariste et le chanteur) ! Une piste qui sonne très Kyuss, forcément grâce au timbre de voix de Garcia (identique depuis Wretch, belle leçon de conservation), mais surtout à la ligne de guitare de Josh Homme (également présent sur les choeurs). Le solo nous renvoie directement à l'époque de Blues For The Red Sun, clôt l'album, et devrait ravir les fans de la première heure.

Punk dans l'esprit, Hell Comes To Your Heart l'est également dans sa durée : 37 minutes seulement, à raison de 3 minutes par piste de moyenne. Un album qui donne, sans réelle surprise, à tout fan de Mondo Generator ce qu'il souhaite, sans forcément tomber dans la facilité. Comme l'ensemble de la discographie, c'est un album à aimer ou à détester, tant celui-ci se perd dans un mélange des genre, entre hardcore, punk, stoner, noise... Jusqu'au mixage, sale à souhait, l'esprit punk de Nick habitera vos enceintes. Ne lui manque que la crête.
captain-cook
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le 10 déc. 2012

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