The Telescopes a cette particularité de n’avoir jamais fait deux fois le même disque. Ils étaient toujours là où on ne les attendait pas. Se montrant capables d’être d’une douceur surprenante ou d’une brutalité sans limite… Ce qui ne veut pas dire que tout ce qu’ils ont fait soit forcément indispensable.


Pourtant après deux albums intrigants, mais relevant plus de l’exercice de style que de la réussite artistique, Hidden Fields s’avère être leur skeud le plus consistant depuis un bail. Si le groupe n’a jamais laissé tomber son obsession pour tout ce qui concerne les strates sonores de leurs guitares noisy, ils s’étaient éloignés du shoegaze depuis plusieurs années au point d’y entretenir qu’un rapport parfois lointain. Depuis Harm, ils s’en rapprochent de nouveau et cette sortie en est la confirmation.


Un retour aux racines qui a peut-être un rapport avec cette réhabilitation du shoegazing depuis quelques années. On peut soupçonner cela comme de l’opportunisme, mais est-ce si important quand le résultat est aussi convainquant ? En vérité, cette œuvre a peu de points communs avec le redoutable (et sans doute insurpassable) Taste. Les deux seuls liens étant la voix de Stephen Lawrie (moins discrète qu’auparavant) et l’ambiance très sombre de la musique.


C’est ça qui interpelle dans un premier temps. Cette atmosphère lourde, rampante et surtout captivante comme sur cette entrée à la matière qu’est le tétanisant « You Know the Way ». Les musiques se contentant simplement d’un climat sont généralement totalement creuses et sans intérêt. A moins de les écouter dans des conditions très spécifiques (la nuit et sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue…). Hidden Fields n’a pas ce défaut, grâce à des lignes de basses souterraines permettant aux compositions de ne pas se noyer dans un simple bain de larsens et de drones.


Si l’influence psychédélique n’est pas voyante et explicite dès le départ, comme elle pouvait l’être sur leur second album, elle reste présente en fin de compte. Lawrie aimant prendre des accords simples pour les répéter et les imposer tranquillement sans agacer. En vérité, ce disque repose sur pas grand-chose. Toutefois, il réussit à accrocher car il est bien écrit sans abuser de son minimalisme. Sa durée courte (36 minutes) y est pour quelque chose.
« The Living Things » en est l’exemple le plus frappant. Ultime piste à la durée gargantuesque (une quinzaine de minutes), dont la force est de reposer une ligne de basse obsédante. Elle provoque un effet de transe relaxant tout en donnant la sensation que ce morceau dure moins longtemps qu’il n’y paraît.


En définitive, cette 7ème sortie studio des Telescopes n’a qu’un seul défaut : ne pas être assez originale pour fasciner complètement et donc égaler une œuvre aussi transgressive que jouissive qu’a pu l’être Taste.
Mais les musiques nous plongeant dans un magma bruitiste sans ennuyer reste rare. Ce qui est probablement suffisant pour considérer ce retour comme étant très réussi.


Chronique consultable Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 23 janv. 2016

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