Kayhan Kalhor est un maître iranien (d'origine kurde) de kemancheh, vièle à quatre cordes populaire en Asie Mineure. Connu pour avoir accompagné Yo Yo-Ma pendant plus d'une dizaine d'année en tournée ou sur disque à travers le Silk Road Ensemble, ambitieuse caravane musicale sans frontières, la carrière du musicien à pris depuis lors une tournure fort intéressante. Il accompagne par exemple Osvaldo Golijov sur la bande originale de Youth Without Youth de Francis F. Coppola, ou s'associe avec les jeunes pousses du quartet Brooklyn Rider pour délivrer l'excellent album Silent City.


Il manquait toutefois à l'homme une oeuvre neuve, peut-être plus personnelle et intime. Si ses premiers disques sont plutôt à classer dans l'ordre de l'assise académique -qui finissent de l'expédier dans la cour des grands maîtres, I Will Stand Alone est un imago, un corps arrivé à maturation, résultat étonnant d'une longue réflexion sur la musicalité et son propos.


La réalisation de ce disque tout d'abord le résultat d'une collaboration entre Kayhan Kahlor et l'australien Peter Biffin, talentueux luthier australien. Les deux hommes vont se pencher à la création d'un tout nouvel instrument, inspiré du kemancheh. Après cinq ans de travail, sous l'expertise avisé de Kayhan Kahlor, Petter Biffin envoie enfin l'instrument fini à son récipiendaire qui nommera le nouvel instrument shah kaman, soit roi des kemancheh. Rejoint par Ali Bahrami Fard qui joue du bass santûr, un Hammered Dulcimer à 96 cordes, le voyage peut commencer.


I Will Stand Alone est l'approfondissement d'un travail de mémoire à la fois candide et douloureux. Un dialogue se construit entre réminiscences d'hier, dans l'âme perse et le chuchotement d'un Iran pré-révolution, et l'auteur qu'il est devenu aujourd'hui, avec ses regrets et ses espoirs. Le tout ponctué d'envolées qui sont de véritables appels à la liberté.


A l'image de son shah kaman flambant neuf, I Will Stand Alone est aussi -c'est là toute sa force- un album actuel et aéré, qui ne veut pas laisser les oreilles les moins éduquées de côté. Il ne s'embarrasse pas d'exercices techniques qui s'avéreraient contre-productifs pour délivrer le cœur de son message. Il s'exige à rester audible même pour ceux qui n'en maîtrisent pas les canons les plus élémentaires.


Il en résulte une oeuvre universaliste qui ne se prive pas. Libre dans son exécution, les huit morceaux qui composent l'album n'en sont pas moins complexes quand il s'agit d'en évaluer le spectre émotionnel. Car il y'a toujours beaucoup à dire, et que rien n'est jamais si simple. Mais même dans ses passages les plus violents, I Will Stand Alone finit toujours par regarder devant soi, car l'espoir se situe dans cette direction, et cela fait parfois un bien fou de s'en rappeler.

Yaz
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le 6 juil. 2015

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Yaz

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