L.O.V.E.

Le Cirque du Soleil a cartonné avec Love, un spectacle consacré aux Beatles au début des années 2000. Mais ce qui a encore mieux marché, c'est la bande originale du spectacle, mixée par George Martin lui-même (assisté par son fils Giles) qui avait mixé les albums des Beatles. C'était un sacré événement à sa sortie, on avait même des reportages dans les JT avec les gens qui fonçaient acheter le disque et disaient que c'était comme avoir un nouvel album des Beatles, puisque seules des prises d'époque à l'exception de l'orchestre sur While My Guitar Gently Weeps étaient utilisées pour constituer cette compilation de remixes. Non content d'avoir réussi à très bien vendre également la bande originale du spectacle du Cirque du Soleil consacré à Elvis Presley à la fin des années 2000, Sony, alors en contrat avec l'Estate de Michael Jackson, va faire de même avec un spectacle consacré au roi de la Pop : Immortal.

On a donc laissé les pistes originales des morceaux de Michael Jackson à Kevin Antunes qui a bossé dessus pendant un an pour fournir la bande son d'un spectacle. Et c'est la première différence notable entre Love des Beatles et Immortal pour Michael Jackson, on entend bien qu'il s'agit d'une bande original. On met en avant le côté percussif, les bruitages, les rythmiques soudainement destructurées, bref, on entend que c'est fait pour accompagner des artistes de cirque ou/et des danseurs. D'ailleurs tout ce qu'on entend ne provient pas forcément des arrangements originaux, pour le meilleur (de nouveaux soli de guitare sur Beat It par exemple) comme pour le pire (un beat électro un peu pourri sur Can You Feel It).

Il y a aussi une grosse différence avec les morceaux originaux et ma foi ce n'est pas désagréable, la voix de Michael est mise en avant au mixage. Ce qui ressort pour moi de l'écoute de cet album c'est que je suis persuadé que c'est une bande sonore parfaite pour le spectacle, mais en tant que disque c'est pas toujours très palpitant à écouter.

Les morceaux s'enchaînent parfois de façon saugrenue (mettre Scream et Little Susie sur la même piste il fallait quand même oser), d'autres fois on va tirer profit de l'énergie des titres originaux et c'est chouette. Par exemple comme They Don't Care About Us est un morceau contestataire, on y a ajouté une partie Gospel et ça marche bien. C'est moins décapant que l'originale, mais on a quand même de la puissance. Il y a aussi beaucoup de parties en percapella, c'est-à-dire plus de percussions du tout ou le strict minimum et l'accent mis sur un instrument en particulier en plus de la voix. Pour Thriller ce sera les cuivres, pour Another Part of Me la basse et la guitare, et tout ça se marie bien. C'est dans la continuité de ce qui avait été fait chez Universal avec l'album de remixes The Stripped Mixes je trouve pour ces morceaux.

En bref Sony et l'Estate ont réussi leur pari : l'album s'est apparemment mieux vendu que Viva Elvis, les fans de Michael Jackson ont été convaincus ou au pire des cas indifférents au projet, et il en résulte un disque pas inoubliable, parfois maladroit, mais globalement sympathique et plutôt rafraichissant.