On peut être électronicien et avoir une belle voix et savoir écrire de bonnes chansons. La preuve avec Sandro Perri, un artiste multi-talent.


Sandro Perri n'est pas vraiment un débutant. Collaborateur pour Great Like Swimmers et Barzin, il est surtout signé chez Constellation, le label culte de Montréal, depuis 2001, date du premier album de son projet, Polmo Polpo. Depuis 2005, le Canadien navigue en solo dans une voie finalement peu empruntée. Le parcours du Canadien est en soi intéressant et il éclaire bien ce qui fait sa personnalité. Polmo Polpo était un vrai projet électronique d'ambiant et rythmiques déstructurées (à la Pan Sonic). Pourtant, Perri n'est pas un électronicien"naturel" : l'homme est plus songwriter que producteur. Et c'est sans doute pour cela qu'il repris son vrai nom pour poursuivre une carrière dans une direction plus en accord avec lui-même.


Pour la peine, l'épisode Polmo Polpo n'aura pas été vain. Impossible Spaces bénéficie d'une production étoffée qui englobe aussi des claviers aux sonorités vintage qui renvoient autant à François de Roubaix qu'à Tangerine Dream. C'est vrai sur tous les titres du disque, sur leur durée et encore plus sur les fins de morceaux, au moment où l'électronique (dansante) reprend largement ses droits (Changes).


Mais tout ceci n'en est que la partie bonus, le petit + qui consolide encore un peu plus le Canadien dans sa position d'artiste"à part". Car l'univers coloré (à l'image de la pochette), de, Impossible Spaces va bien au-delà de ça. Déjà , la voix de Sandro Perri n'est pas étrangère au charme qui se dégage de la musique : une voix flottante à la Devendra Banhart mettant beaucoup de soul dans un songwriting à l'étonnante sensibilité. A écouter cet album, on se dit que le Canadien a écouté beaucoup de musique , de l'électronique, de la pop, de la folk, de la soul mais aussi , de la bossa nova (Love & Light dégageant une coolitude des plus ensoleillés). Sur Changes au rendu pourtant très pop, les fins de phrases sont soutenues par des guitares héritées de l'indie rock américain. Sur Wolfman, c'est le rock 70's , qui est appelé en renfort pour donner un peu plus d'aspérité à un titre qui coule par ailleurs de source. Et toujours ce groove léger distillé à la guitare acoustique (souvent en picking) qui donne de la couleur et de la lumière à tout ce qu'il touche ! Avec Sandro Perri, le saxophone, la flûte, la clarinette et même un euphonium sont souvent préférés , aux claviers, ce qui donne une touche plus chaude à une musique déjà rayonnante. Après avoir travaillé seul, le songwriter profite pleinement des musiciens qui l'entourent.


Avec Sandro, Perri, l'heure est aux mélanges : le blanc rencontre le noir ; le vintage, la modernité ; le songwriting classique (très 70's) avec une manière d'agencer les sons et les pistes bien d'aujourd'hui. Merz était dans cette posture hybride et réconciliatrice. Le Canadien lui emboîte le pas ; à sa manière. C'est bon d'avoir Perri en la demeure.

denizor
8
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le 24 nov. 2012

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