Le Canada avait Mac DeMarco, désormais c'est au tour de l'Angleterre de bomber le torse avec Only Real, nouveau venu dans la catégorie des musiciens dingues. Les images en témoignent : à défaut d'accoucher de salades comme son homologue de Montréal, l'anglais déguste des beignets hallucinogènes, accompagné de canards dans son bain. Cependant l'esprit, lui, reste le même : une musique accrocheuse, déroutante de simplicité et de kitsch, mais dissimulant en réalité un travail de composition considérable et bien entendu un talent fou, comme lui, finalement.


Cela fait plusieurs décennies que beaucoup cherchent à dissocier hip-hop et rock. Force est de constater que cela fait autant de temps que de nombreux musiciens, dont Only Real, l'un des derniers en date, cherchent à réconcilier les genres. C'est donc entre ces deux mondes a priori incompatibles que se situe Jerk At The End Of The Line, son premier album.


Doté d'une incroyable variété de morceaux, on y trouve en premier lieu des hits purs. Cadillac Girl, Yesterdays ou encore Can't Get Happy sont ainsi des sortes d'hymnes à la jeunesse aux riffs rapides, choeurs aigus et guitares emplies de reverb. Le tout ne demandant qu'à finir dans des clips aux filtres polarisés et colorés, chantés par une bande de potes en casquettes, confortablement installés dans dans une voiture décapotable (la première chanson citée se plie d'ailleurs à l'exercice, non sans un certain second degré).


Sur fond d'accent cockney et d'instrumentaux aux guitares aiguës, Niall Galvin tient un véritable flow, prouvant aux puristes de tous bords qu'il est possible de rapper sur des guitares en 2015, et également d'être mélodieux sans arrangements pompeux, avec de simples paroles travaillées. Petals est le titre le plus flagrant à cet égard, les instruments épurés et la basse sombre sont en retrait pour mieux mettre en valeur une voix monocorde à l'élocution rapide, uniquement ponctuée d'allitérations et de rimes enchaînées à vive allure.


Derrière ces mélodies pour la plupart nonchalantes et naïves, se trouve avant tout un sens exceptionnel de l'harmonie, mais l'un des nombreux autres talents d'Only Real réside en sa capacité à jongler entre ses deux univers au sein d'un même morceau, marque d'une originalité omniprésente. C'est particulièrement le cas sur Yesterdays ou encore Break It Off, où le londonien s'élance sans complexes dans les aigus le temps du refrain, avant de s'en retourner à un rap plus sensuel sur le couplet.


Il est au demeurant difficile de décrire cet extra-terrestre avec quelques adjectifs chaleureux. Seule la véritable écoute d'Only Real saura vous convaincre qu'il faudra désormais compter sur lui pour lever votre soleil et soulever des pogos infernaux.


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Sieur_JD
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le 31 mars 2015

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