La Fuite en avant, pour les initiés, est sans doute l’album le plus abouti de Debout sur le Zinc. Si la thématique reste monochrome, mais néanmoins nuancée, c’est qu’elle donne son unité et son intégrité au CD, déclinant au travers de douze titres les possibles manifestations d’un doute existentiel quant à l’avenir. Qu’il s’agisse d’abandonner l’image idyllique d’un avenir partagé en duo (« Avance sans moi »), de résister aux habitudes délétères d’un quotidien terni (« Plan-plan »), de reconquérir des projets enfantins irréalisés, La Fuite en avant est avant tout l’expression d’une mélancolie ancrée dans le futur.

Imprégné du sentiment fugace que l’avenir n’est point teinté d’espoir, que le temps file sans qu’il ne puisse être retenu, à moins que l’on ne le prenne en main et le colore des reflets irisés de ses idéaux, ce septième opus oscille entre deux conceptions de la vie : conscience que l’avenir n’est point livré aux caprices du hasard ou tracé d’un destin irrémédiable, mais bien ouvert aux possibles, créé par des choix ; hésitation quant à l’itinéraire à tracer, léthargie dans le doute, fuite de ces choix à prendre : figuratifs au possible de ce balancement sont les titres « Indécis », « L’équilibriste ».
Espace de l’entre-deux, - non pas du compromis mais de l’indécision -, l’album ne choisit ni la nostalgie - passé envolé -, ni le présent - carpe diem serein -, mais bien l’avenir : il s’agit de courir vers l’inconnu, de persévérer dans l’esquive du doute et de la réflexion, de fuir en avant. De là le rythme précipité du morceau éponyme, de là la profusion des notes égrenées, des mélodies superposées.

Parlons-en du rythme, de la mélodie, de la musicalité. La Fuite en avant est sans doute l’album le plus abouti de Debout sur le Zinc, disais-je. Cela n’est pas seulement dû à l’élaboration d’une plume vive et touchante, non. Cela est dû encore à l’attention toute particulière portée à l’instrumentation, d’une part, aux contre-voix, de l’autre. La touche singulière de ce dernier opus, c’est - je le crois - l’alchimie subtile entre un espace dénudé, réservé aux voix entremêlées - qui créent la trame d’un univers bien personnel -, et la complexe étendue d’une instrumentation en forme d'échafaudage. Deux titres retiennent particulièrement mon attention, gorgés de cette atmosphère musicale intimiste - confinée, presque - : « Comme un frisson », et, bien évidemment, « J’ai déjà donné ».
Naliaena
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le 28 avr. 2013

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La Fuite en avant
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Critique de La Fuite en avant par Naliaena

La Fuite en avant, pour les initiés, est sans doute l’album le plus abouti de Debout sur le Zinc. Si la thématique reste monochrome, mais néanmoins nuancée, c’est qu’elle donne son unité et son...

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