Let It Glow
6.9
Let It Glow

Album de Rover (2015)

La première fois que j'ai découvert Rover, c'était aux Victoires de la Musique, en 2013. Il était arrivé sur scène avec son physique si particulier, le genre de physique que mon âme perdu de collégien s'apprêtait à moquer en connivence avec les utilisateurs de Twitter, jusqu'à ce qu'il montre l'étendu de sa voix sur le refrain, passant de Polnareff au timbre de David Bowie. Merde. C'est beau putain ! J'ai lâché une larme. Le lendemain, j'ai quitté cette connerie abêtissante de Twitter ; une seule phrase ne suffit pas à exprimer ce que j'ai ressenti pour une chanson. Là voilà ma "Victoire de la musique" !

Malgré son embonpoint qu'il arrive à porter avec une certaine classe, le personnage est tout à fait charismatique et atypique. Une sorte de muse fragile qui se serait retrouvée enfermé dans ce corps disgracieux. Son visage, ses yeux laissent transparaitre d'emblée une âme, une mélancolie qui se retrouvent dans sa musique. Et quelle musique ! Outre ses nombreuses influences se ressentant sur chaque composition, de Bach à Lou Reed, des Beatles à Dylan, on pourrait le rapprocher de ses contemporains Jacco Gardner pour les claviers utilisés et le style mélodique ou The Divine Comedy pour la folk minimaliste et les capacités vocales de Neil Hannon.


Mais ça suffit de donner tout ces noms ! Ces derniers ne forment qu'un tout sous le nom de Rover. Son premier album éponyme était un album pop parfait, complet et généreux. Dix tubes, pas un à jeter, pas deux de ressemblant. Le Monsieur avait tout donné pour accrocher vos oreilles. Le travail mélodique est ahurissant d'efficacité et de subtilités. Du haut de ces gros morceaux trônent impérieux les "Aqualast" et "Late Night Love", ou les changements de tons, les petits effets qu'ils donnent à sa voix, l'orchestration et les paroles font merveilles de bout en bout. De beauté en beauté, Rover offrait là ce qui restera sans doute son album plus "grand public", d'un génie absolu.


Deux ans après, deux ans durant lesquels j'ai continué à m’enivrer de temps à autres de ces petits bijoux, vient ce deuxième album qui marque de suite un premier virage dans sa discographie. Le look, déjà, a bien changé. Fini les costumes-cravates de dandy, bonjour veste en cuir et lunettes de soleil. PhilMan devrait approuver, le rock aussi. Aurait-il d'ailleurs perdu du poids ? En tout cas, toute la mélancolie qui se dégageait de son visage trouve ici son épanouissement dans la musique. Si les ritournelles de son premier essai gardait espoir et magie, "Let It Glow" est bien plus sombre, ayant parfois même des aspects de chants funèbres.


La tristesse se dévoile dès "Some Needs", en contre-point d'"Aqualast" en début d'album. Les ritournelles ne virevoltent plus aussi haut, elles sont en-dessous, elles errent parfois à ras du sol. La bass est particulièrement présente dans un mixage globalement plus grave. L'envie de plaire au public a sans doute disparu, ça y est, le bonhomme confie tout ce qu'il a sur le cœur sans concessions. C'est parfois très beau, "Call My Name", "HCYD", des passages de "Trugar", "Let It Glow" ou "Glowing Shades"... mais il y a aussi des titres plus complexes et moins marquants, qui s'approcheraient presque de la prog'.


L'ensemble se trouve alors moins parfait, moins prenante, une introspection n'étant de toute manière jamais totalement intéressante pour tout le monde. On sent que c'est le genre de morceaux qui gagnent à évoluer et à prendre vie sur scène, donc j'attendrais de le voir en concert avant de donner un avis définitif. Pour les novices, commencez par son premier, pour les autres, "Let It Glow" reste tout de même un très bon album, comme on n'en fait plus. Et cette âme poignante devrait réussir de temps à autre à vous arracher une larme encore une fois. J'attends déjà la suite de l'évolution de mon cher Rover, ce papillon et son cocon.


http://strangears.tumblr.com/

Strangeman57
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de 2015

Créée

le 15 nov. 2015

Critique lue 620 fois

3 j'aime

3 commentaires

Strangeman57

Écrit par

Critique lue 620 fois

3
3

D'autres avis sur Let It Glow

Let It Glow
PhilippeAllegre
8

atypique

ecouté par hasard et aimé par choix ! Du coup j'écoute un de ses albums et là je mdis, p'tin, c'est bon, ok on sent des influences très marquées par les 70;s mais c'est la décennie de la créativité...

le 24 juin 2022

Du même critique

Discovery
Strangeman57
10

Critique de Discovery par Strangeman57

J'ai découvert Daft Punk à mes dix ans... Non ! J'ai découvert la musique à mes dix ans. C'était en 2001. J'étais parti en classe de neige. Souvenir assez pénible... je n'arrivais pas monter...

le 27 août 2012

44 j'aime

2

New York Melody
Strangeman57
7

Ou comment te vendre une BO...

Au milieu de tout ces block-busters de vacances est sortie ce 30 Juillet (et plutôt bien distribué) "New York Melody", un film qui transcende le genre de la comédie romantique bien plus loin que les...

le 2 août 2014

40 j'aime

3

Nous York
Strangeman57
2

Comédie française cherche humour desespérement... à New York.

Je passerais tout commentaire sur le jeu de mot qui sert de titre et sur la bande-annonce qui sont à l'image du film. Au départ, je ne comptais pas aller le voir, mais UGC illimité et matraquage...

le 8 nov. 2012

33 j'aime

4