Il était temps ! Je me demande pourquoi je n’avais jamais parlé de Al’Tarba alors que c’est mon chouchou extrême dans l’univers du beatmaking. Je ne saurais même plus dire depuis combien temps je suis son travail. Il faut dire que je suis vite tombée raide dingue de ce petit génie de la platine, découvert par le truchement de vagabondages musicaux en milieu virtuel. Al’Tarba est un beatmaker, auteur, compositeur et interprète de Toulouse. Musicien aussi, guitariste et bassiste qui s’est essayé au punk dans sa jeunesse, mais aussi fan de hip-hop et de rap. Sa place n’est plus à faire dans le milieu du beat underground et de l’abstract hip-hop. Influencé par la scène new new-yorkaise et par le hip-hop des 90s, il s’inspire aussi de son amour du cinéma, notamment de genre et de l’art du gore en général. Dans le chaos ambiant de ses compos, beaucoup de samples s’entrechoquent pour faire naître des titres divers et variés. Son côté touche-à-tout lui permet aussi de s’affubler de collaborations bien fichues avec des noms connus du milieu.


Pour aborder l’univers musical d’Al’Tarba, il faudrait mentionner sa première compilation sortie en 2007 : Rap, Ultraviolins and Beatmaking où il introduit son amour du hip-hop (Blood in My Eyes), avec mention spéciale à Devil on my Shoulder. Il nous présente aussi dans cet opus Droogz Brigade, son crew de rappeurs toulousains depuis les années lycée (Al’Tarba, Staff l’Instable, Rhama le Singe, Sad Vicious). Une bande qui rap façon punk baigné dans le gore horrifique (Pogote avec ton Nodz).


En 2011, sort Lullabies for Insomniacs. Un disque qui a tout de suite attiré l’attention sur ce jeune artiste. Entre des titres d'influence Chinese Man ou Wax Taylor (Mushroom Burger) qui mèlent hip-hop/rap (Purple Heart Attack), ce Pain Killers magnétique qui nous rend addict, des revisites inspirées en bonus (Better Without Me qui sample une chanson de Saez, miam !) et ce titre éponyme qui berce nos nuits d’insomnie : Lullabies for Insomniacs. Un début prometteur qui a en tout cas capté toute mon attention à l’époque, avec en prime tout un panel de bonus tracks (Midnight Seance Bonus). En plus, Al’Tarba sait aussi se faire aimer de la gente féminine, surtout quand il leur rend hommage avec son EP Ladies & Ladies en 2013. Il s’entoure de quelques voix notables, genre Bonni Li et Jessica Fitoussi et leur soulitude : The Vengeance Sisters. Après cela, c’est un hommage fantomatique et cinématique que le musicos nous offre avec Let the Ghosts Sing en 2014. Références au cinéma de genre, trip spectral et onirique aux ombres ondoyantes et parfois menaçantes. Matez ce Let the Ghosts Scream !


Après deux ans de boulot, il sort La Nuit se Lève, un opus urbain et glauque qui nous balade dans des rues crados (Infected Streets). Un interlude EP plus tard, hommage aux 60s-70s (Bad Acids & Malicious Hippies), Al’Tarba nous fait un grand plaisir en s’associant à un autre beatmaker de talent, j’ai nommé Senbeï. Une collab’ bien sentie que Rogue Monsters. Deux univers qui entrent en collision pour créer un monstre aux couleurs chatoyantes. Senbeï est un musicien et beatmaker bordelais, passionnée de culture nippone qu’il distille dans ses compos (à écouter son album Ningyo), mais aussi de hip-hop (à retrouver aussi dans le groupe Smokey Joe & The Kid dont il fait partie). Les deux comparses, réunis sur le label associatif Banzaï Lab, unissent leurs forces créatives dans ce Rogue Monsters où beat, abstract, hip-hop, dubstep et électro se mélangent et se mixent à leurs influences communes et diverses (tous deux fan de ciné et de vieux vinyles, bercés au rock et au hip-hop). Un album hybride où le chaos bordélique d’Al’Tarba se faufile dans les structures harmonieuses de Senbeï. Un mariage réussi ! Appréciez la puissance de More Pressure au réveil pour se mettre la patate, le bollywoodien Rakshasa pour bouger son corps, le long voyage de Falling dans des univers musicaux intemporels, pour conclure sur l'orchestral Lonely Bones et sa douce mélodie horrifique.


La dernière sortie d’Al’Tarba en 2020, Musique Classique, en collaboration avec Swift Guad, rappeur de Montreuil, nous plonge dans un univers noir et rappé. Un petit bijou ce titre éponyme, hommage cinéphilique: Musique Classique. Des textes recherchés et inspirés, bourrés de références, des titres parfois sombres (Catharsis, Cash-misère), parfois joueurs (Le marquis De Guad, Black Mirror).


Après plus de 10 ans dans le business, Al'Tarba s'est crée une place de choix dans l'univers des beatmakers français, où il fait évoluer sa bulle musicale aux ambiances à la fois sombres et poétiques.


Voilà voilà, et désolée pour ce long texte mais comme je le disais en préambule : Al’Tarba = chouchou ultime, donc forcément il mérite toute l’attention que je lui porte :)


Enjoy !!!

Lilange
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le 14 oct. 2020

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