L’album de reprises, un classique de la musique, un exercice sur lequel se sont frottés des artistes aussi divers que Siouxsie and The Banshees, Martin Gore, Mark Eitzel, Cat power, Expérience et Nouvelle Vague…Reprendre les chansons des autres équivaut à rendre hommage à certains de ses groupes fétiches, tout en y apportant sa propre sensibilité. Sinon, quel serait l’intérêt de ces figures imposées ? Susanna Wallumrod n’en est pas à son premier essai, puisqu’elle a repris d’une voix de cristal, Jolene de Dolly Parton sur son premier album. Elle était alors accompagnée par Morten Qvenild (Le « Magical Orchestra » à lui tout seul) et fort de cette réussite sans doute, ils décident alors de sortir un album entier de reprises. Contrairement à Nouvelle Vague fixé sur les années New Wave, le duo norvégien fait preuve d’une largeur d’esprit difficilement imaginable : Prince, Joy Division, Scott Walker ou ACDC, dur de faire plus large. En revanche, Susanna et Morten choisissent un traitement homogène de ces véritables relectures : l’option choisie va vers le dépouillement. Quand on a une chanteuse comme Susanna, il serait dommage de ne pas la mettre en avant. Morten se met derrière au diapason n’intervenant qu’avec un piano, un orgue ou d’autres claviers discrets.


Les morceaux d’origines sont souvent méconnaissables, même Halleluyah de Cohen (et Buckley) d’origine dépouillé, mais ici carrément ralenti. Enjoy the silence de Depeche Mode porte enfin bien son nom, on goûte au tempo d’escargot qui laisse respirer la mélodie imparable de Gore. De même, Condition of the heart du funky man Prince, laisse désormais entrevoir tout l’esprit de la soul caché derrière les gesticulations du nain pourpre. On mettre à l’ honneur deux titres : These days, reprise de Matt Burt, un obscur musicien américain exilé en Norvège (tiens, tiens…), douceur nordique qui ne sera pas sans évoquer les émotions Bjork-iennes. Et surtout, it’s a long way to the top d’ACDC (forcément le groupe le plus éloigné de l’univers initial de Susanna) qui, non seulement explique à posteriori l’évidence de l’intérêt de Mark Kozelek pour les rockeurs Australiens (il fait un album entier de reprises d’ACDC), mais rend toute sa noblesse à ce rock de bar de routiers. Derrière la voix d’altesse de Susanna, Morten choisit une autoharpe à l’aspect désuet mais à la classe princière d’une Tori Amos. Un bien bel ouvrage qui vous fait découvrir différemment des artistes dont vous croyez tout connaître.

denizor
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le 3 sept. 2015

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