Octave Minds
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Octave Minds

Album de Octave Minds (2014)

Je préviens : on va parler piano. Et plus précisement d’Octave Minds, collaboration de Boys Noize et Chilly Gonzales (aka Jason Beck), un projet sobrement résumé par Gonzales lui-même comme “88 keys et 808 kicks” (88 touches et des kicks de [boite à rythme TR]808). Ok ouais, ça claque, dis comme ça (moins en français, on est d’accord).

Mais derrière cette formule accrocheuse et vendeuse, il y a quoi exactement derrière ce petit projet mystérieux ? Surtout du piano à foison donc, mais aussi des nappes planantes et discrètes, et des rythmes tantôt calmes, tantôt déchaînés.

De toute manière, avec Boys Noize et Gonzales aux commandes, on peut s’attendre à presque tout. Malgré ça, on ne cachera pas notre surprise à l’écoute de Threedom, et son piano naïf et premier degré. Un piano romantique presque cliché (on pense à Yann Tiersen), qui se fait parfois plus sombre à la Erik Satie (Projectionnist, très cinématographique et très classique dans l’approche).

Classique d’un bout à l’autre = chiant ? Non. C’est beau le piano, d’abord. En plus, le duo tente parfois des digressions funky, cheesy, 80s et presque FM en liant piano pur et arrangements ultra datés comme sur Together, qui rappelle – oui c’est facile – Daft Punk et Random Access Memories, ou Royalty qui aurait pu avoir sa place dans une version chelou de la BO de Pirates des Caraïbes.

En mélangeant ainsi intemporalité et arrangements clairement identifiés funk ou electro (pourtant dans un registre relativement neutre et subtil), Octave Minds fait très souvent des pirouettes. Malgré de chouettes trouvailles et une recherche indéniable, on reste parfois un peu sceptiques (In Silence, Initial KK, sans doute voulues fresques sonores mais finalement sans grand relief).

On retiendra quand même une poignée de chansons marquantes, comme Anthem. Si elle fait office de chanson-phare de l’album (son nom sobre le laissait un peu deviner) avec son clavier entraînant, l’introduction et la fin qui s’effiloche semble volontairement en détourner les codes. Autre réussite : le bel interlude OM, tout en nappes aériennes vaguement menaçantes mi-ambient, mi-electronica (dans le style de Boards of Canada) ou Done Deal, balade kitsch motorisée (Gesaffelstein es-tu là ?) à la progression d’accords estampillée “épique”.

Et si l’album est capable d’un déchaînement massif, il est également capable d’un infini détail. Limités par les rythmiques de la TR-808 (c’est tout l’intérêt de la chose), les motifs mélodiques et arpèges naïfs dessinent des arabesques et virevoltent à l’intérieur d’un cadre pour le moins rigide. Une jolie contradiction.
cassius
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le 18 nov. 2014

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