Déjà passablement bien échauffé par une récente chronique Zappatienne de l'ami Dragko sur Sens Critique, j'avais remarqué que l'album en question (1) était justement dans les promos récentes de Gibert Joseph et ce fut, profitant d'un moment de répit entre deux montées de températures vulcaniennes (2) de la canicule que je me décidais à dépenser des sous que je n'ai d'ailleurs pas trop (mais ça c'est une autre histoire). Quand il s'agit de s'habiller je traîne les pattes, mais pour la culture, je réponds toujours présent.


Evidemment, à l'instar des fous/folles de shopping, il faut pas me laisser dans un magasin qui vend des disques (marche aussi avec les DVDs, les comics, BDs et mangas). J'arrive toujours en me disant : "Bon je reste que 10-15mn, je trouve le disque et basta" ou bien "Je me donne un budget de 10 à 20 euros et je le dépasse pas tout en sachant au plus profond de moi qu'à chaque fois c'est faux. Et cela finit par être une déambulation de une à deux heures dans le magasin, de rayons en rayons, d'artistes en artistes. Parfois je ne prends même pas ce que j'étais venu chercher et je repars avec une petite livraison thématique (3). Parfois je repars avec le disque qui m'intéressait mais toute une pile d'autres oeuvres l'accompagnent. Shame on me, je sais.


Ce jour là je m'attardais donc plus que de raison au sous-sol du Gibert Joseph de St Michel (Paris), au niveau musical. Bien m'en a pris puisque je remarque des mélodies à la guitare électrique qui me chatouillent plus qu'agréablement les oreilles. Comme souvent dans ces cas là je me fie à mes coups de foudre instinctifs et sitôt après avoir demandé au vendeur ce que c'était (chance, c'était justement un disque exposé qui venait de sortir et non des titres venant du net et donc d'un disque rare et à commander), je me jette sur le disque avec fougue et passion et l'achèterais en plus de toute ma cargaison.


Et une fois de plus je ne le regretterais pas : Il s'agit d'un disque live de Dennis Coffey enregistré dans un bar, le Morey en 1968. Un power trio basique Guitare électrique, orgue, batterie avec Coffey himself à la guitare. Qui est ce Coffey d'ailleurs au passage ? Après une petite recherche j'apprend que le monsieur est un pilier des Funk Brothers, introduisant de lui-même dans les 60's un son de guitare électrique bien plus hard rock avec distorsions et echoplex. Bigre, tout ça au sein des seins de la Motown elle-même. Voilà qui est intriguant. Et puis je lis que le monsieur est l'auteur de tubes soul instrumental dignes d'une B.O de Blaxploitation enrichie au jus de lion (4) comme Scorpio (1971) tiens. D'ailleurs il signera même la B.O du film Black belt Jones.
Et pour finir avec les anecdotes c'est d'ailleurs Coffey qui découvrira un certain Sixto Rodriguez (5) et jouera même de la guitare sur son premier album, Cold Fact (1970).


Bon, bon, bon, et ce disque alors ?
Notre power trio nous gratifie de compositions originales et de reprises franchement pas piquées des hannetons avec Eleanor Rigby (Beatles), Cissy Strut (The Meters) et autres Groovin (The Young Rascals) pour une bonne poignées de titres oscillant entre 4 et 12mn. Et c'est que du bonheur tant Coffey joue d'une manière maîtrisée mais avec au fond un sacré groove de furieux au sein d'une musique qui emprunte aussi bien au rock qu'au blues, à la soul et au funk. Eleanor Rigby par exemple n'est pas reconnaissable tout de suite (Coffey et ses acolytes repoussent l'addictif refrain reconnaissable entre mille mis en place par Macca et les autres le plus possible) mais devient un brûlot de Soul-rock puissante dès le départ pour atteindre les 13mn30. Plus loin sur Burning Spear (près de 14mn) on aura droit même à de petits solos de batterie jouissifs et inattendus au sein d'une nouvelle rasade de whisky électrique brûlante en gorge.


Avis aux amateurs de soul et de jazz électrique, ce disque vous tend plus que joyeusement les bras. N'hésitez plus, plaisir immédiat.


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(1) Il s'agit de Sheik Yerbouti qui donne lieu à un sympathique jeu de mot paillard de l'homme à moustache que Dragko reprend justement en titre de sa chronique.
(2) Vulcain, le dieu, pas l'habitant de la planète du même nom venant de Star Trek, hein.
(3) Dernièrement je me suis organisé une session guitares électriques acides/psychées avec en tête de liste le Happy Trails du Quicksilver Messenger Service et le premier disque de The Wicked Lady.
(4) Les enfants, n'abusez pas d'anabolisants, la drogue c'est mal.

Sinon hop : https://www.youtube.com/watch?v=KBn_oUH8Uo0
(5) Apparemment --je l'ai toujours pas vu-- c'est relaté dans le documentaire Searching for Sugar man.

Nio_Lynes
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le 16 août 2018

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