Sévère mais juste

Deux ans après leur premier album prometteur, Superbus revient avec ce qui doit conjuguer au présent les capacités futures du groupe, garder son succès grand public et en même temps mettre fin aux défauts passés tout en s'affirmant. Un album plein de promesse et empli de défis que Pop'n' Gum ne parvient, malheureusement pas, à remplir.
Pour bien comprendre l'échec qu'est Pop'n' Gum, il faut se rappeler qu'Aeromusical est un bon album : facile d'accès et grand public, il garde une fraicheur groovy, une influence un peu funk qui se ressent et permet de montrer la recherche musicale. Les capacités sont là pour tous et seules les paroles sont bien faibles malgré des capacités au chant, bien réelles.
Aeromusical souffrait de temps faibles dans l'album ainsi que d'un sentiment de travail non abouti qui arrivait trop fréquemment. On pouvait se montrer gentil car l'album était le premier. Ici, on ne peut plus.

Et le gros problème de ce disque est que niveau texte on arrive au point 0 ! De nombreux textes jouent la carte de la répétitions de paroles en boucle sur plusieurs(Des hauts des bas par exemple). On notera même des couplets très pauvres. Or, le problème est également que les structures sont plus simplistes encore : on a le droit à du couplet/refrain/couplet/refrain/pont/refrain où le second couplet est raccourci. Du même coup, si les paroles se veulent répétitives et endormante (cas typique du second couplet de Pas comme ça) et bien l'on perd totalement les possibilités de vraies chansons.
On peut ajouter encore l'envie de faire des refrains sans véritable sens (Pop'n' Gum) ou même des textes entiers qui lorgnent entre le pseudo-sensibles (Little Hily) et les phrases accrocheuses (Radio Song).
Finalement, de par ses structures simplifiés et sa volonté de faire des paroles faciles à entrer en tête mais très faibles (on regrettera la bassesse sans nom des rimes, pire qu'un album de Black M, c'est vous dire!), on constate désabusé qu'on est face à de la pub. Le but n'est pas d'avoir du sens mais bien de marquer. L'auditeur ne peut pas ne pas aimer, ne pas entrer dedans. A la fin du morceau il connait déjà le refrain par cœur, mieux encore : il peut chanter les couplets en les découvrant ! Superbus attend ce stade ultime de la musique commercial pub : s’incruster dans le crâne dès la première écoute et ne plus s'en déloger.
Alors certes, ça n'enlève pas que des morceaux sont agréables à écouter mais bien souvent, on se dit que c'est stupide, avec un sens franchement limite ou alors sans grand intérêt et surtout … C'est vraiment déloyal tant on entend et sent qu'on prend l'auditeur pour un pur zombie qui devra répondre aux paroles facilement.

Pour les textes, plusieurs gardent un vrai sens, mais, malheureusement c'est souvent très bas de gamme. Sex Baby Sex parle ainsi du fait d'enchaîner les partenaires sexuels mais le fait de manière simplifiée. Taboo joue également la carte sexuelle facile en mode « libération sexuelle ». On a le sentiment que Superbus veut se la jouer rebelle en parlant de cul. Personnellement, ça me donne un sentiment d'ado attardé.
Petit détail est la bonne surprise de l'album, le morceau évoque bien la paresse qui peut prendre les gens, on s'impressionnera de cela. Tu Respires parle du mensonge de manière peu soignée mais c'est pas la pire. C'est pas comme ça évoque les mecs qui flirte et ne sont pas fidèle. Là encore c'est superficiel.
Les paroles sont donc soit sans véritable sens (car Radio Song a beau envoyé, le titre n'a pas de parole cohérente, idem pour Little Hily et Pop'n' Gum, les trois temps forts du disques) soit très peu soignées.

Musicalement, l'aspect groovy perd carrément de sa présence. On garde une petite touche par moment, notamment sur Radio Song, mais c'est quand même très diminuée. Comme beaucoup de groupe commerciaux, Superbus décide de faciliter ses compositions pour devenir encore plus facile d'accès et mémorisable. L'aspect groovy, sans disparaître totalement, est donc en nette diminution.
On gagne à la place un gros synthé bien dégueulasse (Girl, Petit détail, mais aussi un côté pop-punk un peu californien facile qui aura surement ravi les fans de Sum41 (C'est pas comme ça, Petit détail, Taboo, et surtout Beggin me to stay).
On notera un petit regard vers un son plus sombre et violent sur Tu Respires qui rappelera un peu A travers Toi du premier album. Enfin, Sunshine amène un petit côté rock des années 50, pas regrettable du tout.
Pour les structures, comme je l'ai dit, on s'est beaucoup simplifié.

C'est certain que pris tout seul, Pop'n' Gum peut donner l'illusion de ne pas être un mauvais album. Mais en comparaison d'Aeromusical il échoue à enlever les défauts présents dans ce premier disque. Pire, il les augmente, les élargit et ils deviennent béants.
Superbus fait aussi le choix étrange d'enlever plusieurs bonnes idées (le groove) et ne va avoir de cesse de simplifier son son et ses paroles.
On se retrouve avec un album sans profondeur musicalement comme textuellement. Un album qui a su faire vibrer sans aucun soucis, un album qu'on écoute et qui nous donne envie de danser mais qui, en 10 minutes, nous fatigue par sa bêtise et sa niaiserie.
Si la note est basse c'est surtout parce que Superbus s'est montré indigne de leur premier album en faisant une telle soupe commercial avec ce disque. Rarement une volonté de succès facile n'a été aussi facile à déceler.