Avec Ramo, Tue-Loup a fait son retour presque quatre ans après un 9 assez racé et plus électrique. Totalement écrites par Xavier Plumas, les compositions de ce dixième album prennent le temps de se faire apprécier, comme les fleurs d'un bouquet qui n'éclosent pas toutes en même temps.
Le planant "Glace" plaira avec son passage final en teinte lusitanienne qui influe aussi dans d'autres titres de l'album, comme "La Haute Epine", "Tejo" ou "Ramo Contra O Medo" (version chantée en portugais de "Bouquet Contre La Peur"). D'ailleurs, l'écriture de l'album a commencé lors d'un séjour au Portugal de la plupart des membres. Musicalement, les arrangements du groupe sarthois s'accordent à merveille avec les textes de son chanteur, où ce dernier dépeint joliment en tableau vivant et avec une vivacité parfois palpable ses inspirations. Inquiétant, "In Vivo" jouit d'une poésie délicieusement carnassière qui fait goûter de son poison, joue d'une ambivalence assez troublante. Avant ça, "Empreinte" éveille les sens dans des contrées plus intimes. Plus contemplative, "La Haute Epine" nous fait suivre lentement un paysage depuis le regard de l'auteur dans une balade bucolique, où quelques notes d'un xylophone tombent comme des gouttes de rosée. "Hirondelle" est un moment poignant et d'une formidable transcendance émotionnelle où il est difficile de ne pas s'imaginer, encore, d'être face à un autre tableau dont l'aura lumineuse émanée d'un son aérien et délicat d'un clavier, nous enveloppe. "Le Tigre Voyageur" fait ressentir une étreinte comme douce et dangereuse.
Ce Ramo, empli de langueur grâcieuse, est certainement un des meilleurs albums de Tue-Loup, peut-être même le plus poétiquement transcendant de la discographie du groupe.
PS : Voilà deux ans que cet album est sorti. Il s'écoute savoureusement, dès que reviennent les douces chaleurs d'un soleil printanier !