Je dois admettre qu’à l’idée de retrouver Silent Alarm et chacun de ses morceaux dans une version Live fait frétiller d’excitation mon moi d’il y a 15 ans. Aujourd’hui c’est avec curiosité que je me lance dans l’écoute de ce Silent Alarm Live afin de voir si Bloc Party délivre toujours autant de mandales Post-Punk que lors des mythiques affiches qu’ils partageaient alors avec les plus grands, au début des années 2000.


Le scène Post-Punk britannique n’a pas été épargnée par le poids des années. Le Bloc Party des débuts est lui aussi un peu défraîchi. Délesté de deux de ses membres originaux, Matt Tong et Gordon Moakes, en 2015, mais d’aucun de ses membres fondateurs, Kele Okereke et Russell Lissack, le groupe à fait appel à Justin Harris (basse) et Louise Bartles (batterie) pour compléter la formation. Ce sont eux qui officieront sur Hymns (2016), le dernier album studio du groupe et participeront à la tournée qui suivra. Même si Hymns a reçu des critiques mitigées, la solidité des deux musiciens n’est pas à remettre en cause, les prestations scéniques restant de bonne facture.
Bloc Party c’est clairement l’un des groupes majeurs du début du siècle, et Silent Alarm est clairement leur chef d’oeuvre (mais pas mon album préféré, nous aurons peut être l’occasion d’en reparler). Lors de sa sortie en 2005, l’album se hisse au plus haut des charts britanniques, les critiques l’acclame, le public en redemande.


Son impact dans la pop culture est aussi important, avec peut-être en point d’orgue, la réutilisation de This Modern Love pour marquer la fin de la première saison de la sitcom culte How I Met Your Mother, plus marquant pour un teenager en 2005 tu meurs! Personnellement, dans le genre marqueur générationnel, je comparerais ça avec l’emploi d’Untitled d’Interpol dans Friends : une pierre angulaire capable de donner une baffe émotionnel à n’importe quel fan trentenaire (quarantenaire ?). Passez This Modern Love et vous me verrez avoir la larme à l’œil en pensant à mes jeunes années !


On peut aussi mentionner les apparitions dans des dizaines de jeux vidéo de Helicopter ou Banquet de Guitar Hero à SSX en passant par la série des FIFA (là aussi le marché du jeu vidéo a bien changé depuis…) ou les multiples récompenses obtenues (meilleur album de l’année devant Arcade Fire, excusez du peu, chez NME). Bref, pas besoin de faire un dessin, quand Banquet sort c’est un raz de marée qui s’abat sur le monde.


Pourtant, 15 années plus tard, alors que la Grande Bretagne s’apprête à quitter l’Union Européenne, la vague Post Punk Revival de l’époque n’a plus rien du tsunami. C’est dans ces conditions que le groupe entreprend une tournée d’une dizaine de date en Europe, façon tournée Stars 80, avec la promesse d’entendre Silent Alarm dans son intégralité, avec comme point d’orgue l’édition de l’album objet de ma chronique. Album qui a d’ailleurs été repoussé 2 fois, devant sortir en Février 2019, pour finalement apparaître chez les disquaires en Juillet. Étrange retard pour un live, qui ne devrait pas rester en production aussi longtemps…


Venons-en donc enfin à l’album en lui même. On retrouve l’intégralité du concert du 20 octobre 2018 de Bruxelles, arrangé dans l’ordre d’origine (bien que joué dans un ordre différent lors du concert), aucun bonus, aucune version alternative, aucun jam. Le moins que l’on puisse dire c’est que la prestation est irréprochable, malheureusement trop, on retrouve au final assez peu la fougue des débuts. Bien sûr, on retrouve la voix à la fois fragile et puissante de Kele Okereke avec plaisir, les années ayant épargné son timbre si reconnaissable. Les mélodies sont, elles aussi, toujours aussi entêtantes (Blue Light, So Here We Are, Helicopter, le bridge de fou de This Modern Love), mais à vouloir sortir un album live aussi poli, on se retrouverai presque devant une banale réédition. Certes, la réédition d’un chef d’oeuvre mais était-ce vraiment nécessaire ?


Ma théorie, c’est que, oui, c’est album est nécessaire, mais pas pour ceux qu’on croit. Les fans apprécieront l’album, mais iront vite se consoler avec les innombrables bootlegs accessibles sur la toile. Le reste du public ignorera cet album et retrouvera Bloc Party par hasard, au fil des playlists Indie Spotify. Par contre, ceux qui en avaient peut être le plus besoin, ce sont les membres de Bloc Party eux même. Un album live en forme de team building pour le nouvel effectif en perte de vitesse après un Hymns décevant ? Pourquoi pas !


En tout cas la tournée est passée d’une petite dizaine de dates des soirs d’octobre 2018 à une cinquantaine de dates dans le monde en 2019 ! Silent Alarm Live n’est peut être le meilleur album live de l’année, mais il a le mérite de remettre Bloc Party sur les routes avec une formation parfaitement solide sur ses bases. Alors épargnez-vous cet album si le groupe passe prêt de chez vous, Silent Alarm en live vaut mieux que Silent Alarm Live, en attendant un hypothétique nouvel album.

Nikill
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le 4 janv. 2021

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Nikill

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