Exit la présentation wikipédiesque du groupe comme il est l'habitude de le faire quand on critique un album, ce qui nous intéresse ici est l'album. Néanmoins, pour mieux expliquer l'engouement que je porte à cet album (et au groupe Juno Reactor) je vais faire un bref historique des albums précédents, ou du moins le rapport que j'entretiens avec eux.
J'ai découvert Juno Reactor grâce à la participation du groupe à la musique de Matrix 2 et 3, notamment par le biais des morceaux Navras et Mona Lisa Overdrive (deux tueries btw). Kiffant ma race, j'ai enchainé sur l'album le plus connus du groupe --> Labyrinth. Cet album, qui reprend les deux morceaux de la saga de science fiction cités plus haut, fut une véritable tuerie, j'y ai notamment découvert ce qui me plais le plus dans le groupe : la diversité. Je sais, dis comme ça cela veut tout et rien dire. Un peu comme le rock progressif s'enrichie de sonorités diverses et variés, c'est aussi le cas pour la musique de Juno Reactor, je prends pour témoin les deux morceaux Conquistador qui enchaînent un partie chantés mystérieuse, une guitare espagnole, un beat très rave techno et qui finit en apothéose avec une orchestration très grandiloquente. Je vais pas m'amuser à décrire tous les morceaux de l'album Labyrinth, mais c'est cette richesse qui m'a marqué, tout comme c'est cette richesse qui me manque dans une bonne partie de la musique électronique en générale qui table plus sur l'impact, le BPM et l'efficacité que dans la construction profonde du morceau (j'entends par là une production réfléchie pour être bien plus que du "puts your hands up").


En visitant la discographie de Juno Reactor, je me rends compte que cette richesse n'est pas arrivée de suite, et que le groupe a su évoluer fortement album après album, tout en conservant sa patte, sa touche. Les premiers morceaux du groupe, même si on sent l'inspiration d'ailleurs et la recherche de sonorité nouvelle, reste basé sur le rythme, fer de lance du mouvement de la trans goa, l'aspect organique était très mise en avant. Je parlais d'évolution du groupe et de cohérence, en effet, petit à petit, par des morceaux comme Pistolero, God is God, Children Of The Night, Hule Lam ou même Masters Of The Universe, Juno Reactor a développé sa musique, l'a enrichie, rarement un groupe ne m'est paru aussi universel que celui ci, chanté en Anglais sur The Perfect Crime, d'influence japonaise sur Samurai, africaine sur Hule Lam, espagnole sur Pistolero, française sur Jardin de Cecile ...
Le groupe n'a néanmoins pas perdu sa patte, sa touche, la musique reste organique, puissante avec ce fond de techno, trans, goa du début.


Ainsi vient The Golden Sun of the Great East, dernier album en date du groupe, et comme l'indique le titre de ma critique, on a affaire ici au Zenith, au point culminant du groupe (suivant pourtant le très bon Gods and Monsters, d'ailleurs ces deux albums là semblent avoir réunis Juno Reactor et le bon gout des pochettes ^^). Je suis d'ailleurs inquiet pour le groupe concernant le prochain album, espérant qu'ils arrivent au moins à faire aussi bien (et plus qui sait, soyons fou !).


Cet album là regroupe ce que j'aime dans la musique électronique, ce que j'aimerai entendre plus : une vrai production. A savoir donc que chez Juno Reactor, une bonne production se croise avec une belle diversité dans les sonorités. La boucle est bouclée, Final Frontier démarre magnifiquement l'album avec un des meilleur morceau du groupe, retro futuriste à souhait "Vangelis sous LCD" (cf un membre de SC à la belle époque de plug.dj), l'ambiance est posée, il est appréciable de voir le groupe ne pas se reposer sur le simple synthé et agrémente le morceau d'instruments diverses, de changements de rythme et se permet un final en apothéose, une vrai baffe et une putain d'introduction.
L'album ne démérite pas ensuite, comme l'atteste le track Invisible, tout aussi puissant, l'inspiration déménage ici en Inde avec sa guitare équivoque et ses choeurs évocateurs, le morceau est long, comme le premier et on ne s’ennuie pas.
Rien qu'avec ces deux morceaux là on trouve tout ce que j'aime, de l'efficacité (comme quoi bonne production et puissance effrénée sont compatibles), de la recherche, de l'inspiration, de la diversité mais qui créer quelque chose de nouveau, frais, jouissif.


L'album continue, Guillotine, si le morceau Final Frontier se place dans une ambiance retro futuriste, celui ci c'est pareil mais sans le retro. Le synthé, moins Blade Runnerien se joint à une flopée de petites trouvailles sonores ci et là qui donnent une ambiance particulière à ce morceau, les choeurs sont inspirés à nouveau et la puissance encore présente, en atteste ce magnifique final à la guitare électrique, qui rajoute de la jouissance (au sens propre pour le coup), on maudit juste Juno Reactor de n'avoir concédé que 50 pauvres secondes à ce moment d'une puissance monstre (putain, tu rajoutes une minute de ce passage là et ça passe crème).


On sent que Juno Reactor a misé sur la puissance pour ouvrir cet album, bien qu'on commence à toucher au principal défaut de l'album (j'y viens plus tard) force est d'admettre que ça marche très bien, la transition donc sur des morceaux moins puissants est assuré par Trans Siberian, véritable coup de cœur, dont il m'aura fallu plusieurs écoutes pour m'y acclimater, tant le morceau est ... déroutant.


Bien loin de grands nombres de standards ce morceaux allie des envolées lyrics, un beat techno et surement de la drogue (?) Cette fois ci on se place dans un trip décadent, un peu à la Deus Ex, ces chœurs inquiétants sont très évocateurs de ce morceau fascinant. D'ailleurs il n'est pas nécessaire que j'en dise plus, j'avoue que je ne sais pas trop comment le décrire et que de toute façon, faut écouter pour savoir (comme le dit Guenièvre "à un moment pour savoir faire du cheval ... faut faire du cheval").


Pour le moment, l'album s’enchaîne sur un sans faute, et ce constat ne va pas changer avec Shine.
Shine c'est un peu la petite soeur d'Invisible, l'ambiance Indienne, sa guitare et ses choeurs sont à nouveau de la partie, le titre est moins puissant et moins jusqu'au boutiste mais compense largement par une fraîcheur qu'Invisible n'a pas, surement le morceau le plus sincère de l'album, le plus touchant, le genre de morceau où tu peux dire cette phrase concon "je te jure, si tu fermes les yeux tu voyages !", en plus de son efficacité, ce morceau se démarque par son habile mélange (justement dosé) d'inspiration indienne (les instruments et la voix) et d'electro techno (l'arrière plan du morceau qui lui donne une profondeur). Le titre, bien que plus porté sur l'ambiance, conserve malgré tout quelques moments de force, au final, même si il ne paye pas de mine aux premiers abords, Shine est un des morceaux les plus intéressants de l'album, notamment par sa justesse.


Sans le voir, on arrive aux 2/3 de l'album avec le morceau Tempest, qui sera malheureusement le dernier de l’enchaînement d'or de l'album, que si il s'était arrêté après Tempest aurait mérité le 10/10. N'est disons pas trop et parlons de Tempest, ce morceau est un des plus inattendu de la part du groupe, ce synthé sombre, cette profusion sonore, ce beat puissant, on tient là un morceau très Chemical Brother (de leur début), c'est bizarre mais kiffant, on pourrait néanmoins trouver le beat un peu facile, néanmoins le morceau arrive à aller plus loin en développant (encore une fois) toute une ambiance avec des sonorités inquiétantes, recherchés, on est en pleine scène d'action d'un film d’horreur, comme pour Guillotine on tient là un morceau qui aurait pu être seulement bourrin si il n'avait pas su se construire de vrais points d'appuis, en témoigne le passage vers 4min40 (environ) de Tempest très calme, doux qui sublime donc la puissance à venir (le calme avant la tempête dirons les rigolos).


Ainsi Juno Reactor arrive à garder de l'efficacité et de la puissance sans se répéter ni donner signe d'ennuie grâce à de nombreuses inspirations et une production riche dont chaque écoutes nous fais apparaître de nouveaux éléments ci et là (j'écoute l'album en écrivant ces lignes et de temps en temps je continue de découvrir des petits trucs ci et là, c'est con dis comme ça mais c'est plaisant un album qui ne se découvre pas à la première écoute).


D'un point de vue critique, je dirai qu'on arrive à la partie la plus intéressante de l'album, celle qui va me faire arrêter les superlatifs et les redites pour rentrer dans la partie "défaut" de l'album.


La tracklist


Cette tracklist justifie le fait que les trois derniers morceaux apparaissent plus faibles et "gâchent" cette fin d'album qui avait pourtant bien commencé. Pour le coup je vais réunir les morceaux Zombies, To Byculla et Playing With Fire. Pour faire rapide ces morceaux sont bons en l'état, Zombie est dans un trip régressif pas nouveau chez le groupe (comme l'atteste les morceaux Conquistador ou Giant) élevé par ce piano inquiétant et là aussi inspiré, le morceau malheureusement ne décolle pas/n'a pas de moment de force (contrairement à Shine), To Byculla est le seul titre qui aurait pu être retiré de l'album, non pas qu'il soit mauvais, c'est juste qu'il sert à rien, n'apporte rien que n'apportait Shine, le seul morceau que je saute quand j'écoute l'album. Et pour finir Playing With Fire remplit bien son rôle de dernier morceau, néanmoins le morceau est une montée progressive qui s'achève sur un final trop court et pas assez percutant (surtout comparé aux autres tracks de l'album) pour vraiment marquer, ce qui est dommage vu que le morceau possède de beaux moments (notamment via ses cordes).


On en arrive alors à un soucis de Tracklist, à mettre toutes les bombes au début, l'album se retrouve penaud au moment de caser ces trois derniers morceaux, tout droit basés sur l'ambiance et présentant trop peu de moments de bravoure. Ce n'est pas une mauvaise chose en soit bien sur, je ne dis pas qu'un morceau se doit d'avoir du puissant pour être bon, ce que je dis, c'est que mettre les trois morceaux non puissant après les 6 morceaux puissants, forcément ça ne les met pas en valeur.


En virant To Byculla (qui n'apporte définitivement rien, en atteste mon écoute actuelle !) et en plaçant Zombie entre Shine et Tempest, je pense qu'on aurait eu un final moins frustrant sans mettre à mal la cohérence de l'album.


Néanmoins, vous comprenez qu'à 9/10 coup de coeur et top 10 album, le défaut majeur de l'album que j'évoque ne m'a pas trop non plus géné tant que ça. Je ne vais pas faire une redite en parlant de production et de diversité, je me suis pas mal exprimé sur ce point de vue là, juste que Juno Reactor est au top, et que quand je vois l'évolution depuis leurs débuts, je dis chat peau.


Et ne lisez pas la critique d'Amrit, ce fou ne sait pas ce qu'il dit :P

Manza
9
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le 6 févr. 2016

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Manza

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