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The Hymn of a Broken Man par Joro Andrianasolo

Times Of Grace (non, aucun rapport avec l’album de Neurosis) est un duo qui voit la réunion de deux têtes bien connues du metal moderne américain. Ces deux mêmes gaillards qui avaient pondu presque une décennie plus tôt un des disques faisant office d’acte de naissance pour le metalcore. Un genre qui a aujourd’hui coulé, noyé sous des milliers de clones sans personnalité. Les deux musiciens en question ont fait partie des têtes pensantes chez les incontournables Killswitch Engage (c’est encore le cas pour Adam Dutkiewicz). Reste à vérifier si l’alchimie fonctionne toujours entre eux après ces années de séparation.

Évacuons d’entrée de jeu les craintes légitimes que ces « retrouvailles » peuvent éveiller. Non, Times Of Grace n’est pas un sous-Killswitch Engage. On retrouve bien certains tics de composition (de même qu’une prod très typée assurée par Adam, ce n’est pas pour rien qu’il est parfois qualifié comme le Ross Robinson du metalcore), mais il se dégage une atmosphère vraiment particulière creusant l’écart entre le duo et d’autres formations. Atmosphère, élément clé pour cet « hymne d’un homme brisé ». Le bouffon (ceux qui l’ont vu sur scène en savent quelque chose) multi-instrumentiste a beaucoup donné de sa personne à la guitare : les riffs sont tous plus mémorables les uns que les autres, les soli pétris de feeling et à aucun moment démonstratifs. Il multiplie les grattes aériennes, même sur des passages assez énervés (“Hope Remains” et son refrain sur fond de blast-beats). On touche presque au rock ambiant avec de petites merveilles comme “The End of Eternity”, “Fall from Grace”, “Until the End of Days” ou l’interlude de milieu d’album qu’on aurait pu entendre chez Killswitch Engage. Le post-rock n’est pas loin non plus avec “Fight for Life”. Vous l’aurez compris, The Hymn Of A Broken Man varie pas mal les ambiances, sans jamais sombrer dans le bête patchwork.

Et même quand ils jouent la carte du metalcore couillu, mené par la voix toujours aussi versatile de Jesse Leach, c’est une leçon de maîtrise renvoyant directement au Alive Or Just Breathing d’il y a 9 ans qu’ils donnent. Le chant, justement, casquette que se partagent les deux zicos est tout simplement parfait. L’un et l’autre se renvoient la balle (“The End of Eternity”, magnifique), font des harmonies vocales rappelant les derniers Machine Head (“Fall from Grace”). Au final, des compos imparables : “Willing” et ces mélodies à tomber, le retentissant “Strength in Numbers” et sa puissante rythmique martiale d’introduction. On n’oublie pas non plus les pistes énergiques, comme “Worlds Apart” (non non, aucun lien avec le boys band britannique), la chanson-titre, “Live in Love”, “Hope Remains” … que des baffes à mi-chemin entre les brûlots de leur chef d’œuvre sorti en 2002 et un metalcore quasi-épuré des vocaux core ce qui donne donc … du heavy/thrash ? (une piste de reconversion à creuser pour Killswitch Engage peut-être ?) La majorité des parties vocales sont chantées, les hurlements n’étant présents que sur de brefs passages. Tant mieux car l’on apprécie ainsi davantage le timbre délicat du chef Leach.

Un petit mot sur les textes, il faut savoir que l’album a été écrit durant l’hospitalisation d’Adam Dutkiewicz en 2007 ainsi qu’une période non moins éprouvante pour le chanteur. Une sorte d’Art Thérapie qui a, semble-t-il, plutôt bien fonctionné. Les paroles sont donc pleines de bons sentiments (vous avez dû vous en rendre compte à la lecture des titres), même parfois à la limite de la guimauve (« Even through this Pain I will feel again » …, « There is Beauty, there is Life », « Hold on to Faith, hold on to Love … »). Mais cela vaut-il pour autant qu’on leur lance des cailloux ? Certainement pas, parce que musicalement, on s’approche de la perfection. Et il faut vraiment chercher la petite bête pour leur ôter le moindre petit point : “Where the Spirit Leads Me” s’avère un peu plus formaté que le reste, mais reste toujours un cran au dessus des sorties metalcore lambda. En dehors de ça, rien à redire, s’il fallait un album pour intéresser un petit peu les plus réfractaires au genre, c’est bien celui-là. On trouve même une ballade acoustique ! "The Forgotten One" aurait clairement pu être composée par Alter Bridge. Bien qu'un peu cliché, elle est au final parfaitement dans la continuité des autres pistes, très mélodique avec tout ce qu’il faut pour faire chanter les ados (et les autres) en chœur.

Sortie majeure de cette année, un indispensable pour quiconque dit aimer le metalcore et l’album que plus personne n’espérait sans doute entendre chez Killswitch Engage. Le premier classique de cette seconde décennie pour votre serviteur, il n’a pas quitté mon baladeur une seule fois en 6 mois, soit depuis sa sortie.

Créée

le 18 févr. 2013

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