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Du Norvégien Edvard Grieg (1843-1907), on connaît généralement (parce que tout le monde en a entendu quelques thèmes) : Le hall du roi de la montagne et La chanson de Solveig, dans les deux suites orchestrales de Peer Gynt musique de scène composée pour accompagner le drame éponyme d’Henrik Ibsen. Trop absorbé par son travail, Grieg n’a que peu composé et il est toujours resté dans l’antichambre du Panthéon des géants de la musique classique. On lui doit néanmoins quelques œuvres qui méritent largement d’être découvertes.


Cet enregistrement présente ses 3 sonates pour violon et piano qui marquent l’évolution artistique du compositeur, tout en présentant une réelle homogénéité (recherche mélodique, trois mouvements pour chacune et un goût manifeste pour des formes rythmées et entrainantes). On imagine que composer pour deux instruments simplifie le travail par rapport à une œuvre orchestrale, mais l’association violon-piano est difficile à équilibrer. Les deux instruments étant tellement différents, l’un peut facilement prendre le pas sur l’autre et on peut avoir l’impression que les deux instruments jouent des partitions indépendantes, etc.


La première sonate (opus 8 en fa majeur) est une œuvre encore assez juvénile (jouée la première fois en 1865), elle séduit par son caractère très mélodique. D’inspiration populaire, elle ne comporte aucun mouvement vraiment lent (le mouvement central est indiqué Allegretto quasi Andantino – Più vivo – Tempo I). Elle sonne tellement bien qu’elle eut l’heur de plaire notamment à Franz Liszt qui écrivit à l’auteur, contribuant à établir sa notoriété. On remarque néanmoins que le violon occupe une position prépondérante dans cette sonate.


La seconde (opus 13 en sol majeur) date de 1867. Elle est ouvertement Norvégienne dans ses thèmes. Le fait qu’elle ait été composée à l’intention d’un violoniste (Johan Svendsen, également compositeur et formé à Leipzig comme Grieg) explique au moins en partie pourquoi là aussi, le violon y est prédominant. La carrière d’Edvard Grieg n’est jalonnée que de 74 numéros d’opus, dont peu de pièces d’importance comme des symphonies ou des concertos. Lorsqu’il publie cette deuxième sonate pour violon et piano, Grieg vient de se marier et il habite la ville de Christiana (aujourd’hui nommée Oslo) où il dirige la toute nouvelle Société Philharmonique avec enthousiasme. La partie de violon de cette sonate réserve de très beaux moments, montrant un vrai goût pour les sonorités et possibilités techniques de l’instrument, sans chercher le moins du monde à faire dans la virtuosité gratuite. Au contraire, cette sonate est entrainante et agréable, ses mélodies à caractère folklorique charment l’oreille de l’auditeur.


La troisième de ces sonates (opus 45 en ut mineur) a été conçue une vingtaine d’années plus tard, après de longues périodes de doutes pour Grieg compositeur (ainsi que de nombreuses tournées à l’étranger et quelques soucis de santé). Œuvre d’un homme ayant atteint sa maturité, cette sonate est plus ambitieuse, mais moins spontanée et basée sur un matériau moins nationaliste. Très agréable elle aussi.


Ces sonates sont une très bonne surprise, nul besoin de les écouter en boucle pour tenter de se les approprier. C’est d’emblée qu’elles sonnent bien à l’oreille, ce que chaque nouvelle audition confirme. L’enregistrement bénéficie de la qualité reconnue du label Deutsche Grammophon (très belle sonorité générale, très beau rendu des instruments, à certains moments on entend le souffle d’Augustin Dumay de façon très naturelle et pas spécialement gênante). La complémentarité du violoniste français avec sa complice Maria Joao Pires est une évidence (les deux musiciens ne se sont pas contentés de cette complémentarité artistique). Si le piano passe très bien en solo (ici grâce au jeu cristallin de Maria Joao Pires), le violon est un instrument très difficile à mettre en évidence de façon isolée. La technique d’Augustin Dumay permet de profiter de ces sonates avec un vrai plaisir, il manie l’archet avec la fougue nécessaire (et un physique qui n’est pas spécialement celui d’un gringalet), une fougue qu’il domine suffisamment pour sentir quand il risque de verser dans l’agressivité. L’enregistrement (70 minutes au total) date de 1993, une belle réussite marquant le 150ème anniversaire de la naissance du compositeur.

Electron
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le 12 nov. 2014

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