1994, deux chiens fous débarquent dans le monde du Rock, veste Umbro et Ray-ban Wayfarer, la morgue chevillée au corps, porte-étendard de la Working-class britannique et surtout, une symbiose parfaite: L'ainé a un talent inné pour l'écriture , le cadet possède la voix, seule capable de chanter les compositions de son frère. L'Angleterre se retrouve à genoux, on connait la suite.
Puis la symbiose évolue en parasitisme, de l'avis de NG qui a décrété que son frère n'était plus assez bon pour retranscrire son talent.


A l'aube de la cinquantaine, NG a donc forcement changé: Married with children , de nouveaux amis formidables (Bono, Chris Martin, l'artiste-charcutier Damien Hirst etc...).
Déjà deux albums sont sortis sous son nom: Le très bon NGHFB et le poussif Chasing Yesterday .
Mais NG veut tout changer. Marre du pop-rock, il ne jure plus que par le rock-psyché et l'expérimentation. Soit.


NG s'entoure du DJ David Holmes et entre en studio. De son propre aveu, il débarque sans la moindre idée, la moindre compo. Non, rien à part l'envie d'expérimenter.
Ainsi naquit Who Built The Moon .


Superbe pochette, super titre, tout commençait bien.
Une grosse intro pour commencer: Fort Knox. C'est puissant, des sonorités orientales assez déroutantes mais qui fonctionnent, des élans funky, même les choeurs qui rappellent les pubs pour les produits Ushuïa ne dénotent pas.


Puis c'est le drame.
Les cuivres que l'on pourrait retrouver dans un tube de Patrick Sébastien, une mélodie plagiée chez Plastic Bertrand , de la flute à bec... J'ai naïvement pensé que Holy Mountain était le pire titre qu'il n'ait jamais pondu.


Mais l'enchainement avec Keep On Reaching, ersatz de Stevie Wonder - version low cost- n'allait pas me rassurer.


On touche le fond avec It's A Beautiful World , déjà moqué pour sa "scissor girl". A la rigueur, je peux supporter le coup des ciseaux, je peux tolérer son pont en français, je peux tolérer l'empilement de sonorités. Mais le degré zéro dans la composition, la platitude des paroles, le morceau qui tourne en rond pendant 5 pénibles minutes... dur.


NG se lance ensuite dans la fusion entre Blondie et New Order avec She Taught Me How to Fly. Avec encore des ciseaux. Morceau sans inspiration avec en bonus, un refrain qui s'accroche dans ma tête comme un arapède.
MAIS...
Mais on se dit qu'au moins, il ne pastiche plus les Beatles .


Raté.


Be Careful What You Wish For arrive!
La ligne de basse de Come Together se fait entendre. Mais là où le morceau des Fab Four était sublimé par cette irrésistible montée précédant le refrain, ici nous faisons face à une boucle. Une longue boucle qui dure, qui s'éternise pendant de trop longues minutes. L'art du remplissage à son paroxysme.


Black & White Sunshine n'est franchement pas désagréable avec son côté REM. Un titre que l'on oublie aussitôt après l'avoir écouté. Rien de marquant, mais on sent quand même que l'on atteint enfin le bout du tunnel.


Un premier Interlude, don't Noël dit s'être inspiré de la Pop Psyché française. J'adhère. Des sonorités très Gainsbourg/Air et enfin on se dit que c'est peut-être la voie à suivre pour ses futures productions.


If Love Is The Law bénéficie enfin d'une vraie mélodie (on l'avait oublié, mais ça compte dans une chanson). Le titre est entrainant, c'est carré, la voix est -enfin!!- mise en avant. On va mettre ça dans la colonne crédit.


The Man Who Built The Moon est peut-être la meilleure BO d'un James Bond qu'il m'ait été donné d'entendre.


Second interlude aussi trippant que le premier.


Puis arrive le miracle.


Peut-être parce que j'avais progressivement perdu espoir, quoiqu'il en soit, et je suis fan d'Oasis depuis 20 ans, à la fin de Dead In The Water je me suis sincèrement demandé si je ne venais pas d'écouter ce qu'il avait écrit de plus sublime. Tout simplement.
Oubliés l'expérimentation lourdingue, l'empilement d'instruments, oubliés les arrangements à l'excès.
On fait face à 5 minutes de perfection pop, un enregistrement live, une mélodie d'une beauté pure, sobrement accompagnée par une guitare acoustique et quelques accords de piano.


L'album se conclut par une jolie ballade très gallagherienne, l'efficace God Help Us All


Conclusion: un album raté dans les grandes largeurs pour les raisons que j'ai tenté d'expliquer. A quoi bon vouloir sortir de sa zone de confort (selon l'expression consacrée) si c'est pour mal le faire? A quoi bon renier son ADN quand NG prouve sur les derniers titres qu'il atteint toujours des sommets dans ce qui a fait son succès?


Je laisse le mot de la fin à NG himself:



"Je crois que c'est un de mes albums préférés. Ma femme (ndla: c'est elle que l'on aperçoit sur la couverture) , qui est ma critique la plus féroce et qui n'aime que Madonna, George Michael et les stars des années 80, l'adore."



Faudrait peut-être penser au divorce.

Teacher_L__ن
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le 30 nov. 2017

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A boy is No one

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