Que la vie m’accorde une trêve
L’album de la maturité ou du début de la fin. Et à ce titre, les paroles de Sean Penn, Mitchum sont révélatrices. Comme pour dire que cet album, le troisième devait impérativement rapporter, vu le succès public grandissant du groupe : « Sapé comme un prince, au moment idéal, fils fonce, je file, vers le bénéfice… ». Et en même temps, que c’était sûrement le dernier, eut égard à la malédiction bien connue, qui veut que le début du succès d’un groupe underground, c’est aussi le début de la chute : « ...Fils, fonce, je file, vers le précipice… ». Alors, prémonition Gaëtan? Depuis on n’a plus de nouvelles du groupe. « Que ma vie m’accorde une trêve, que ma vie s’accorde.. ». Prémonitoire cette chanson, avec un sens caché qui se vérifie avec le temps. Et de toutes façons, on sent l’objectif cash money, en plus du côté voyant. C’est du rock à la française très radio diffusable, (ce qui n’est pas un défaut en soit), avec des arrangements bien propres sur soit, et une diversité de rythmes qui fait catalogue de la Redoute. On à l’impression d’écouter le tour du monde selon Louise, avec des escales un peu partout. De Manhattan à l’ambiance japonisante de Shibuya Station, (très drôle). De Robert Mitchum à une partie d’échec et mat. Et moi, j'ai du mal á voir le liant. Les meilleurs morceaux sont ceux où le violon retrouve sa place de seconde voix, sinon, je trouve qu’il a du mal à se placer dans tout ce fracas. Cordes, banjos, effets, percussions, des effluves orientales et le violon s’envole par moments, mais c’est court, ça part dans tous les sens, et on passe vite à autre chose. Il résulte un côté décoratif remixé qui fait qu’on oublie vite les mélodies. Un album de studio dans toute sa splendeur, où on peine à retrouver la force du groupe de live qu’est en principe Louise Attaque. Reste les morceaux les plus beaux, ceux où le rythme se fait plus posé. Ça M’aurait Plu, ou Sean, Penn, Mitchum …Et franchement, il y a trop de morceaux, ça tue un album par excès, le trop plein. A partir de 14, on frise l’overdose, ici, il y en a 18 ! En comptant les interludes, intermèdes, les morceaux inutiles d’autant plus oubliables qu’ils sont courts. A ce rythme là, autant faire un double-album.