Alice & June
5.9
Alice & June

Album de Indochine (2005)

3 ans après un retour en grâce, avec Paradize, Indochine nous offre une double galette fort appréciable, au look soigné mettant en avant un virage définitivement plus gothique pour le groupe qui va désormais chercher un esthétique proche des canons du macabre du XIXème siècle. Le groupe se donne 21 pistes, répartis en deux disques Alice, et June, pour séduire le public de nouveau.
Avant de continuer cette critique, je tiens à expliquer mon rapport à Indochine. En 2002, j'avais 10 ans et Paradize me plaisait beaucoup de par son aspect entêtant et facile d'accès. En 2005, quand l'album Alice&June sortait, j'avais presque 14 ans. Autant dire que le ton macabre, la thématique du mal-être qui est tout le sujet de l'album, ça me parlait forcément, ainsi que les références douces et à peine voilé à la sexualité. Presque 10 ans plus tard, j'ai gardé une grande tendresse pour cet album comme pour Paradize. A titre purement subjectif, j'en suis encore incroyablement fan. Et cela malgré que je n'apprécie guère Indochine pour l'ensemble de son œuvre.
Alice&June n'est pas un album raté que certains aimeraient penser, c'est au contraire très réussi par moment et, de l'autre côté, quelques détails peuvent laisser penser qu'on a tout simplement massacré ce très beau projet !

Alice ET June, un double album donc. Un double disque qui tourne autour de thématique très sombre, le mal-être bien sur, le doute, le rejet de soi, l'amour, le besoin de confiance, l'adolescence tout simplement j'aurais envie de dire. Cet album se veut très émotionnel, peut être plus que les précédents sans être autant personnel. Ici, Nicola Sirkis entant devenir le porte-voix mais aussi l'oreille d'une génération (si on peut dire). Les paroles sont touchantes et sur ce point c'est réussie.
Les sonorités, pour leur part entendent bien prendre ce côté sombre, un côté clairement gothique même dans les morceaux assez claire (Ladyboy), des passages très lumineux également par moment (Starlight). Il y a un véritable travail d'unité sonore tout le long de l'album avec des pistes très rock (Vibrator, Harry Poppers), d'autres plus douces (Pink Water, Morphine).
Le problème de l'album se pose cependant : pourquoi June ? Quel est l'intérêt de ce second disque ? En effet, il reprend également les mêmes sonorités et les mêmes thématiques qu'Alice, alors pourquoi ? Se la jouer concept-album c'est bien drôle mais pour nous sortir une dizaine de piste inutile, alors, là, non !

Il faut savoir que les 11 pistes d'Alice sont sublimes, l'intro qui nous amènent parfaitement dans le monde, Les Portes du Soir qui amènent cette douce noirceur qui collera à l'album et les sons rock (Alice et June, Gang Bang, Vibrator). On a même quelques sonorités qui renvoient à Paradize (Adora). Des ballades romantiques (Pink Water) aux hymnes dépressivement marquant (Ceremonia), tout est présent. L'album fait unis, on a un début, une fin, un spectre sonore développé et en même temps une vrai polyvalence. Les sujets sont bien traités tout en gardant, là encore, une grande unité. Les morceaux sont entrainants et suffisamment différents pour tous plaire, sans avoir le sentiment de redite.
Or, June offre la même chose, mais en moins réussi. Avoir encore les mêmes sujets et la même façons d'écrire donne plus le sentiment d'une overdose qu'autre chose. Surtout que ça apparaît souvent comme moins fort, moins puissant et moins touchant. Alors, certes, il y a June, Starlight, Aujourd'hui je pleure ou Belle et Sebastiane qui sont pas mauvais, mais on est loin, en terme d'intensité de l'ensemble de hits du premier disque où absolument tout est grandiose, le second sonne comme un mauvais plagiat avec quelques passages un peu meilleur.
Même son, même thématique, mais impression différente car on a le sentiment qu'Indochine se fout un peu de nous en ne réalisant absolument pas un album concept. On se demande aussi si c'est parce que le groupe est de nouveau aimé du grand public que les featuring plus ou moins intéressants pleuvent (AqME, Wampas, Scala et Brian Molko). Notons qu'à part le chanteur de Placebo, tous les autres sont sur le second disque, comme pour justifier d'avantage encore son existence. Comme si les morceaux d'Indochine ne justifiait pas ce second disque.

Alice et June aurait pût être le meilleur album d'Indochine si les membres du groupe s'était rappelé que chaque chanson est un défis : pour un album parfait, il ne faut aucun temps mort, aucun moment où l'auditeur a l'impression qu'on nous offre du remplissage. Or là, tout un album donne ce sentiment, avec, comme je le disais, quelques trucs pas trop mauvais. Mais quand on compare au disque Alice, la différence est effarante. Alice est vraiment composé de morceaux très bons, il offre une homogénéité parfaite et on a le sentiment qu'aucun moment, aucun passage n'a été laissé au hasard, c'est un tout d'une puissance brute effrayante.
Or, de par son existence, June gâche ça.
Du coup, si ça avait été des albums séparés, j'aurais mis 9 à Alice et 4 à June. On va donc dire un gentil 7 pour les deux réunis.
mavhoc
7
Écrit par

Créée

le 9 juin 2014

Critique lue 1.5K fois

mavhoc

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

D'autres avis sur Alice & June

Alice & June
Paul-Bismuth
10

Joyeux mélange des douleurs adolescentes

Un album sur l'adolescence. Un album adolescent aussi. une esthétique digne d'un groupe de lycée, avec ces guitares saturées, très rock, très sombres, ces riffs efficaces comme dans "Alice et June",...

le 14 févr. 2015

3 j'aime

Alice & June
GuillaumeL666
7

Oublier le mal qui nous réveille

Fort du succès de Paradize, la bande à Nicola Sirkis pond en 2005 son successeur avec cet album, Alice & June. Sirkis a compris et assimilé la formule qui a permis au groupe de redevenir à la...

le 19 oct. 2020

Alice & June
mavhoc
7

Mais pourquoi June ?

3 ans après un retour en grâce, avec Paradize, Indochine nous offre une double galette fort appréciable, au look soigné mettant en avant un virage définitivement plus gothique pour le groupe qui va...

le 9 juin 2014

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

75 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

35 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2