amo
5.6
amo

Album de Bring Me the Horizon (2019)


That’s The Spirit restera donc une pierre angulaire de l’histoire
de Bring Me The Horizon : symbole du divorce consommé avec ses
origines, cet album a le mérite de prendre le contrepied des attentes
des fans, et propose quelque chose de novateur. S’il sort peu des
sentiers battus de la scène métal-alternatif actuelle, il reste une
bonne surprise de la part d’un groupe qui n’est jamais resté dans une
certaine zone de sécurité/confort.



Voilà ce que j’avais écrit il y a de ça déjà plus de 3 ans sur Bring Me The Horizon. Et me voilà aujourd’hui en train d’essayer de critiquer cette « chose » qu’est amo. Je dois confesser le fait que je m’y suis repris plus d’une fois pour écrire cette critique que j’espère constructive de cet album, car il faut bien avouer que l’exercice est périlleux, pour ne pas dire impossible. Critiquer Bring Me The Horizon, c’est effectuer un exercice permanent d’équilibriste tant le son du groupe a évolué, de manière plus ou moins radicale, et en si peu de temps. Déjà lors de la critique de That’s The Spirit, leur album précédent qui marquait une véritable rupture avec le son originel fait de hurlements gutturaux et de riffs de guitare assourdissants, le tout agrémenté d’une batterie dopée aux amphétamines, Bring Me The Horizon s’était mis beaucoup de fans de la première heure à dos, ces derniers leur reprochant d’avoir sacrifié leur identité musicale sur l’autel du mainstream.


Si la trahison était légitime, cette hérésie était pourtant une réussite totale, avec un album qui arrivait parfaitement à allier un son brut de décoffrage avec une ambiance plus pop et des sonorités plus électroniques. Les paroles demeuraient toujours aussi sombres, mais le son avait indubitablement changé, et ce pour le mieux. Ok, l’écartade avec le saxophone était peut-être de trop, mais on assistait à l’éclosion de quelque chose de prometteur pour l’avenir. On ne pouvait donc qu’espérer que le groupe réussisse la passe de 3, en concluant cette brillante trilogie entamée avec Sempiternal, par un coup de maître dénommé amo. Les attentes étant donc assez hautes, la chute n’en est que plus brutale.


Parce que, voilà : amo n’est pas bon. Pas besoin de tergiverser plus longtemps, et de se chercher des excuses. Nuançons tout de même ces propos catégoriques : il est loin d’être mauvais, mais il est tout au plus passable. Avec ce nouvel opus, Bring Me The Horizon s’est totalement affranchi de son côté rock pour ne garder intrinsèquement qu’une pop sirupeuse et sans grande saveur. On nous avait pourtant préparés au pire : si avec le premier single MANTRA, on constatait un son pop-rock très lissé avec des guitares noyées dans un mix électro, medecine puis mother tongue annihilaient coup sur coup tout espoir. Qu’on se le dise : les chansons s’écoutent sans sourciller, grâce à des refrains assez accrocheurs. Mais elles font preuve d’un tel manque d’originalité par rapport à tous ces sons qui abreuvent jusqu’à l’overdose les medias mainstream, qu’on se retrouve avec des mélodies aseptisées, sans âme ni profondeur. Même la structure musicale démontre une absence cruelle d’audace, avec des peaktimes et des accords de piano qu’on croirait issus du dernier tube de David Guetta.


La découverte totale de l’album n’en fut que plus pénible, car peu choses peuvent être sauvées. On assiste quand même à quelques pépites bien cachées, comme sugar honey ice & tea, in the dark (après pas mal d’écoutes) et à la rigueur i don’t know what to say avec un sujet traité assez profond et lourd (la mort du meilleur ami d'Oli des suites d'un cancer). Le reste est abyssalement mauvais, le clou du spectacle revenant sans hésiter à fresh bruizes et sa diarrhée auditive (sorry not sorry). Les fans de Post Malone apprécieront why you gotta kick me when i’m down, les autres se délecteront de feats de mauvais goût (nihilist blue ; heavy metal). Surdosage de voix samplées saupoudrées de kicks et snares électroniques.


Au final je ne sais même plus quoi écrire tant je suis déçu, désabusé par ce que je viens d’écouter. Je n’ai jamais été fan de leurs premiers albums que je trouve toujours inaudibles, mais leur évolution était si prometteuse que les voir accoucher d’un tel album laisse un goût amer en bouche. Certes, ce amo saura se bonifier avec l'âge car avec du recul il sera possible de déceler des subtilités que les premières écoutes empêchent de saisir convenablement. Mais il n'en restera pas moins un album mineur de BMTH, qui ne marquera les esprits que par le potentiel qui a été gâché. Comme dirait une illustre artiste qui domine le style musical qu’ils essayent de s'approprier sans grand panache : thank you, next.

Thibaulte
4
Écrit par

Créée

le 26 janv. 2019

Critique lue 1.5K fois

6 j'aime

Thibaulte

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

6

D'autres avis sur amo

amo
Thibaulte
4

"Tu as tué mon bébé"

That’s The Spirit restera donc une pierre angulaire de l’histoire de Bring Me The Horizon : symbole du divorce consommé avec ses origines, cet album a le mérite de prendre le...

le 26 janv. 2019

6 j'aime

amo
Délidia
7

Qu'est-ce que tu veux que je fasse de tes excuses?

Le piège, c'était d'y croire encore, envers et contre tout... Malgré That's The Spirit et le saxophone de "Oh No", malgré les avertissements d'Oliver et du groupe, malgré l'arrivée de Mantra (levez...

le 16 févr. 2019

3 j'aime

amo
BenoîtGuillot
8

Quand un ovni te met une claque

Wahou. Bon honnêtement j'ai jamais été fan de quand un groupe de mon adolescence emo se met à faire de l'électro. Et bien que mal m'en a pris ! C'est sûrement juste une belle exception pour confirmer...

le 29 janv. 2019

3 j'aime

Du même critique

From the Fires (EP)
Thibaulte
7

Led Zeppelin V

Lorsque Greta Van Fleet a débarqué en 2017 avec ce premier album chauffé à blanc (précédé d’un EP tout aussi chaud que la braise), les réactions furent toutes unanimes : on a trouvé la réincarnation...

le 7 mars 2018

13 j'aime

California
Thibaulte
6

Boring To Death...? [LE POP-PUNK EN 2016 #2]

2016 pourrait facilement se voir décerner le prix de l’année du punk-pop revival : après Simple Plan au printemps, et en attendant Sum 41 cet automne, Blink 182 revient en ce début d’été avec un...

le 26 juin 2016

12 j'aime

12

POST HUMAN: SURVIVAL HORROR (EP)
Thibaulte
8

« it’s not the end of the world, oh, wait »

En ces temps troubles, difficile de trouver de quoi faire oublier ce quotidien bien éprouvant pour le moral des troupes. Il fallait donc au moins un bon gros EP du sacro-saint groupe Bring Me The...

le 30 oct. 2020

11 j'aime