Au Baccara
6.8
Au Baccara

Album de Odezenne (2018)

C’est le grand retour des bordelais de Odezenne qui, depuis dix ans maintenant, assemblent une œuvre dont on peine encore à discerner les frontières, tant le spectre musical du groupe s’étend de disque en disque et qu’affleure depuis une décennie d’indépendance un éclectisme à toute épreuve.


« Tu peux toujours brûler la ville, le feu n'éveille pas les consciences. »
C’est avec un album plein de conscience que l’insaisissable Odezenne s’apprête à fêter son grand retour, trois ans après la sortie de leur album berlinois « Dolziger St. 2 ». Ceux qui collaient des paires de fesses dans les villes et les FNAC de France en 2014 continuent à coller paires de verbes et paires de rimes dans les esgourdes de France en 2018. Alix, Jacques et Mattia n’ont rien perdu de leur superbe, si ce n’est qu’elle s’accompagne désormais d’un sens de la formule plus que jamais affûté. Fatalement inspiré par notre société aux contemporains si débridés, c’est sur un plateau d’or et d’argent que le malin trio sert donc tout haut ce que tout le monde pense tout bas.


« J'ai collé deux feuilles en L, pour oublier les fêlés, qui font tout péter pêle-mêle. Je veux voler comme un nuage, comme un missile dans le ciel. »
Tenter d’échapper à sa triste condition humaine pour fuir ses démons, une problématique qu’on retrouve (fort heureusement) dans ce quatrième album studio où la drogue (« En L », « James Blunt », « Pastel ») et l’alcool (« Bébé ») côtoient abondamment l’amour. Une trinité, chère au trio autant qu’au monde, révélatrice. Car c’est du haut de leurs 108 ans cumulés que les membres de Odezenne observent nos bien étranges comportements, saisissant l’essence de nos vices et passions, afin de les graver dans le vinyle, patiemment.


« Il y aura de quoi faire des histoires, faire des envieux. Et au final, t’auras ta part, t’auras pas mieux. »
Spécialiste du contre-pied, Odezenne l’éclectique n’aime pas qu’on le qualifie de groupe de rap. Il s’échine pourtant à garnir de punchlines le moindre de ses textes sur la plupart des sujets. De quoi faire des envieux si seulement le groupe en avait quelque chose à faire des joutes incessantes de communication, destinées à grappiller les miettes du gros gâteau-streaming. Sa part, le groupe se l’est taillée en 2008 en ayant la brillante idée de s’auto-produire, lui laissant tout loisir de dire et faire ce qu’il lui plaît. Un statut d’indépendant, avec ses inconvénients comme emballer eux-même les éditions collector de leurs albums, que les trois membres partagent toujours aujourd’hui, heureux de décider de tout, comme utiliser une unique paire de fesses en guise de pochette d’album. Et d’affiche de tournée.

JakobRajky
8
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le 9 janv. 2019

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