BCCIV
6.9
BCCIV

Album de Black Country Communion (2017)

Cinq ans après Afterglow, qui ressemblait davantage à un album solo de Glenn Hughes qu’à un nouvel album du groupe, Black Country Communion revient avec ce BBCIV, à la fois plus compact et plus expérimental. Dix titres, pour soixante minutes de musique. Autant dire que les quatre musiciens se sont fait plaisir en développant leurs compositions et leurs idées sans s’attacher aux formats habituels de l’industrie musicale. On sent d’ailleurs, à plusieurs endroits, que les morceaux ont évolué grâce à des improvisations. Cette atmosphère propice à la création nous renvoie directement aux années 1970 et au blues, deux des principales sources d’inspiration du quatuor. Et que dire de leur interprétation ? Le chant de Glenn Hughes est toujours aussi impressionnant, à la fois puissant et mélodique, ce que les apports de Joe Bonamassa parviennent d’ailleurs à mettre en valeur. La section rythmique composée de Hughes et Jason Bonham assure une assise impeccable qui permet aux riffs et aux harmonies de Joe Bonamassa de se développer, tandis que les claviers de Derek Sherinian colorent l’ensemble.
Chaque titre est un régal. Sway évoque un Led Zeppelin au sommet de sa forme qui aurait croisé Deep Purple lors d’une jam, tandis que The Last Song For My Resting Place nous transporte dans un univers celtique envoûtant. On en redemande, surtout que Joe Bonamassa est inspiré, comme il nous le prouve sur le groovy Collide qui ouvre les hostilités, avec une puissance et un feeling qui faisaient l’apanage du premier album. Black Country Communion nous revient en forme et a décidé de nous le faire savoir, en développant des chansons grandioses, presque cinématographiques, comme l’excellente The Crow, qu’on ne se lasse pas de mettre en boucle. Ses arrangements, somptueux et d’une rare finesse, permettent à chaque musicien de s’exprimer. Ainsi, Derek Sherinian peut nous montrer tout son talent en multipliant les tonalités et les sonorités. Un grand moment. Plus étonnant encore est le morceau Awake qui voit Joe Bonamassa développer une structure mélodique mêlant Frank Zappa, blues rock et hard rock, sur laquelle les claviers de Derek Sherinian viennent tisser des nappes et des harmonies issues du rock progressif.
Le groupe ne nous déçoit pas non plus lorsqu’il faut présenter des moments plus intimes, comme le blues The Cove qui s’appuie sur une impressionnante prestation vocale de Glenn Hughes et des solos de Joe Bonamassa pleins de toucher et de grâce. L’album se clôt d’ailleurs sur When The Morning Comes, un long morceau aux accents presque southern rock, qui allie blues, soul et rock, dans un mélange vraiment savoureux pour les auditeurs ouverts d’esprit. Un grand moment, certainement construit sur des improvisations de ces extraordinaires musiciens.
Toutes les facettes du rock se retrouvent ainsi dans ce quatrième album, sans doute moins direct que le premier, mais plus varié, plus nuancé et, surtout, plus riche. Le mélodique Wanderlust au riff évoquant le Deep Purple de Steve Morse nous donne une leçon de savoir-faire assez bluffant, tandis que Love Remains nous entraîne sur des rives hispanisantes et lyriques qui ne peuvent pas laisser indifférent. BBCIV signe le retour en grâce d’un groupe qui nous avait manqué, parce qu’il est capable d’écrire des chansons comme personne.

DenisLabbe
9
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le 11 sept. 2020

Critique lue 24 fois

Denis Labbe

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