Bloom
7.6
Bloom

Album de Beach House (2012)

http://daskuma.com/beach-house-bloom/

"C’est simplement ce que l’on fait. C’est la voix de Victoria. Ce sont les orgues qu’on aime. C’est notre groupe. Nous ne faisons pas de choix conscients, du genre, « ne changeons rien ». Je déteste lorsque des groupes changent entre deux disques. Ils pensent avant de faire de la musique."

Alex Scally pour Pitchfork

Alors que certains se perdent dans une quête de cool ou de reconnaissance, Victoria Legrand et Alex Scally a.k.a. Beach House savent très bien pourquoi ils font de la musique.

On a bouffé de la dream pop atmosphérique à la pelle ces dernières années, et ce fut bien souvent des tentatives hype un peu creuses. Beach House, après quatre albums, utilisent toujours la même formule. Certes simple, mais loin d’être creuse. Leur musique a un impact profond sur ses auditeurs. Chacun développe une relation personnelle et intime, une mélancolie mêlée à un sentiment familié et chaleureux. Et si la formule se répète, elle évolue. Teen Dream (2010) atteignait presque la perfection. Une écriture plus assurée, plus complexe et plus riche aussi. On pourrait douter de l’intérêt d’un album supplémentaire. Mais, bien que l’on constate encore une évolution et une complexification, notamment avec la superposition de plus de couches ajoutant de la puissance aux titres, l’intérêt réside ailleurs. Bloom est conçu comme un tout, comme une expérience, un voyage. C’était déjà le cas sur les opus précédent, mais cette notion d’ultime cohérence à l’intérieur du même album est particulièrement approfondie et réussie avec Bloom.

"Bloom est un voyage. Pour moi il s’agit de l’irremplaçable pouvoir de l’imagination en ce qui concerne l’expérience intense de la vie. Une floraison (traduction française de bloom ndlr) n’est que temporaire… une vision éphémère de la vie dans toute son intensité et sa couleur, beau même si c’est que pour un court moment."

Victoria Legrand


Myth ouvre l’album. Les arpèges sont toujours très utilisés dans l’écriture de Beach House. Ici ils descendent sans jamais s’arrêter, comme une cascade ou comme s’il neigeait. Tout en maintenant ces arpèges, le morceau évolue et gagne en puissance avec l’arrivée progressive de nappes d’orges. Le chant de Victoria suit cette évolution et donnerait des frissons à un mort lorsqu’à la fin du titre, elle répète « Help me to make it« .

Des percussions live viennent renforcer la boite à rythme sur Wild nous entrainant dans une danse enivrante. Le chant est rythmé par des triolets, repris ensuite par la guitare dans la jouissive première partie du refrain. Lazuli est peut être le titre le plus joyeux et coloré de l’album. Une coloration pourtant monochrome, un bleu azur, océan, Lapis Lazuli. Alors que le titre de l’album évoque l’éphémère, le sentiment qu’il transmet, et particulièrement sur Lazuli, est un sentiment infini comme l’horizon sur l’océan. Des arpèges parcourent encore le titre du début à la fin, semblant continuer à l’infini. D’autant plus lorsque le texte se répète : « Like no other you can’t be replaced » qui finit par s’entremêler avec « There’s nothing like Lapis Lazuli« .


Le coup de génie du titre Other People réside dans son refrain langoureux et dansant, mais surtout dans le break qui le précède. Et si ça fait du bien, il y a paradoxalement, un grand pessimisme dans ce titre : « Other people wants to keep in touch« , une rupture qui ne laissera jamais place à une amitié, « right place, wrong time« . Plus que de pessimisme, on parlerait de mélancolie. Un sentiment que dégageait déjà le premier album éponyme. En continuant, album après album, d’utiliser les mêmes boîtes à rythmes, les mêmes orgues, les mêmes sons, le duo cultive cette mélancolie. Dès la première écoute, ce nouvel album nous est familier. La guitare sur Troublemaker est sensiblement la même que sur le titre Gila de leur album sophomore Devotion. Et à l’intérieur même de l’album des éléments font échos. On retrouve un peu sur Wishes les arpèges de Myth.

Beach House refuse de se plier au dictat du buzz. Sincère et un peu obstiné, ils font ce qu’ils ont toujours fait. En huit ans d’activité et énormément de tournées, ils le font de mieux en mieux.

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TristanI
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le 2 sept. 2012

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