Avec un second album en clair-obscur et bourré de références au passé, Noel Gallagher s’offre une ouverture de choix : guitare acoustique en mode mineur, mid-tempo séduisant, mélodie catchy, « Riverman » donne évidemment de l’écho à Oasis, que le moins déglingué des frangins Gallagher aura porté 17 années durant avant un énième et fatal clash en 2008, quelques minutes avant leur concert au festival Rock en Seine. En réalité, Chasing Yesterday lui permet de remonter sur ses grands chevaux avec la saveur de ses très belles réussites eighties (« In the Heat of the Moment », « You Know We Can’t Go Back » en succédanné de l’époque « Morning Glory ») et plus encore.

En enfilant pour la première fois ses oripeaux de producteur, Noel Gallagher remonte un peu plus loin dans le temps et convoque entre autres les fantômes des Beatles, David Bowie (« The Girl with the X-Ray Eyes ») et même Pink Floyd (« Something »). L’album se fait alors le reflet d’une vraie sérénité de musicien. L’une des raisons de cette réussite est évidemment que les différents membres du groupe qui l’accompagnent (High Flying Birds) ne lui portent aucune ombre, abandonnant le frontman à la lumière d’une musique rarement orageuse (« Lock All the Doors »), plus souvent intimiste ou planante (« The Dying of the Light », « The Right Stuff » et son solo hypnotique). Entre le retour aux sources d’un rock totalement maîtrisé, estampillé et l’exercice d’équilibriste consistant à éviter ce que la madeleine brit-pop pourrait avoir de rébarbatif, Noel Gallagher ajoute cuivres et textures profondes à sa palette.

Avec quelques rythmes syncopés (le diptyque « While The Song Remains the Same » / « The Mexican ») ou pleines de groove, comme les enfants sensibles de « …AKA What a Life! » du précédent album sur un « The Ballad of the Mighty I », formidable conclusion d’un Chasing Yesterday qui ne se contente pas de ronronner et de recycler sur un malentendu. Il est surtout la nouvelle démonstration des épatantes capacités de Noel Gallagher à trousser des chansons habiles et vers lesquelles ont revient grappiller avec un plaisir coupable. Ce n’est pas donné à tout le monde.
AmarokMag
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le 5 mars 2015

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