Clarity
6.6
Clarity

Album de Zedd (2012)

Zedd n'est pas du genre à se laisser attraper facilement.

Issu d'une union de deux musiciens, il fut lui-même initié à l'art dès son plus jeune âge, d'abord sur un versant classique, pour ensuite prendre ses propres ailes en jouant dans un groupe de deathcore. C'est en écoutant le "Cross" de Justice qu'il aurait apparemment développé un intérêt pour la musique électronique, aboutissant à la naissance de son premier album, "Clarity".


Il y a un certain élan de tristesse qui surgit dès que nous associons un artiste à un genre, comme s'il perdait de sa singularité au passage. C'est heureusement une vaste accumulation d'étiquettes qui viennent fleurir sur sa page Wikipédia, mettant en évidence Zedd comme étant partout et nulle part à la fois. il vient d'horizons diamétralement opposés, qui lui permettent d'avoir sa patte, son style, Son premier album est l'heure de la synthèse.

Mais comment l'aborder, quand la voie de le reléguer à un genre ne nous mène pas à grand chose ?


"Clarity", c'est d'abord un titre éponyme. Un chef d’œuvre du romantisme tel 2012 le définissait. Tout y est parfait : la voix féminine aiguë, hyperbolique, débordante d'émotions. L'alternance entre les instants de calme et les moments plus tendus. Puis l'accumulation d'énergie, la montée en puissance, qui se termine par l'explosion et la grisante décharge de sentiments épars. Les vibrations corporelles sont amplifiées par le mouvement des basses.

"Clarity" est délicieusement jouissive, régressive au possible par son pathétique sirupeux, qui semble acquiescer avec fierté qu'une vie est bien plus entraînante lorsqu'on met tous les curseurs au maximum, les quatre temps de notre existence marqués par la grosse caisse.

Même le clip est complètement dans le propos, affichant des explosions synchronisées sur le summum du lyrisme et de la fantaisie amoureuse : la destruction de soi dans l'autre. Quand l'amour et la mort ne font qu'un.


L'intégralité de l'album suit le même schéma. Il y a d'abord ces collaborations, ces voix féminines langoureuses qui, loin d'être interchangeables, voient leur spécificité être accueillie au sein de compositions électro plus complexes qu'elles n'en ont l'air. La belle et la bête. Zedd n'hésite pas à superposer les diverses couches rythmiques, changer de direction en plein morceau (les multiples faux-semblants de "Hourglass", qui ouvre l'album, sont un exemple parfait). Et par-ci par-là se glissent des petites idées, de fugaces détails, qui m'empêchent de le catégoriser comme un artiste purement commercial, ou un simple DJ parmi tant d'autres.


Je pourrais dire que "Clarity" est mon plaisir coupable, tant il recèle d'attributs pouvant le renvoyer aux poubelles de "la musique populaire". Mais un criminel qui cherche la peine peut-il être vraiment jugé ? Dix ans après sa sortie, Zedd a organisé des concerts où il reprit l'album, non pas aux platines, mais aidé de son premier amour le piano, ainsi que d'un orchestre de cinquante musiciens. Chassez le naturel, il revient au galop. Moi je reviendrais certainement dans dix ans sur le disque de Zedd, et je le dégusterai dans une soyeuse nostalgie adolescente. C'est dire si l'on revient toujours sur les lieux de nos crimes.

Mellow-Yellow
7
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le 9 nov. 2022

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