Building Empires Again

Quatorze c'est le nombre d'album que Queensrÿche a produit depuis 1983 !

Je pourrais vous parler du groupe de Seattle des pages entières, tant ma passion pour le combo est grande (si vous ne voulez lire que la critique du skeud, descendez en bas de page).

Pour résumer de manière simplisme leur carrière (pour ceux qui ne la connaissent pas, pour les autres excusez les racourcis), disons que le groupe a produit trois albums majeurs, impeccables :

Rage for Order
Où comment les américains on transcendés la NWOBHM en 1986.

Operation Mindcrime
Le chef d'oeuvre du groupe, le concept album à la production en avance de 10 ans sur son temps, leurs compositions à la fois les plus complexes et catchy, nous sommes en 1988.

Empire
L'album où le groupe expérimente une musique plus simple, plus commercial mais pas moins mélodique qui propulse le groupe sur MTV et dans les charts en 1990 à la manière d'un Black Album mais un an avant le Black Album.

"L'expérimentation", beaucoup ne seront pas d'accord avec moi, c'est justement le syndrome dont est atteint leur leader, le chanteur Geoff Tate. Nous entrons donc dans l'ère post Empire 4 albums (étalés sur presque 10 ans) qui n'auront le plus souvent rien à voir avec la musique originelle (influences Jazz, prog, world music, tribale...). Tate affirmant toujours plus fort que leur musique doit évoluer, qu'il ne peut composer à 30 ou 40 ans la même musique que lorsqu'il en avait 20 que l'Art doit passer avant tout. Bien entendu, ces albums et en particulier Promised Land trouveront leur public, bien que beaucoup de fans de la première heure commencent à tourner le dos au groupe. Ce qui contribuera à écarter le groupe de la scène Metal, Queensrÿche devenant finalement "un second couteau", dont le contenu du prochain album s'apparente toujours à celui d'une pochette surprise.

Parlons brièvement du reste du groupe, Eddie Jackson et Scott Rockenfield la partie rythmique du combo qui ne faiblira jamais, assurant un grosse technique dévastateur contre vents et marrées.

La paire de guitariste des débuts Michael Wilton (un de mes guitaristes préférés) et Chris DeGarmo. Ce dernier, qui visiblement commence à en avoir ras la casquette de la dynamique de Tate il quitte le groupe pour se consacrer à une carrière de pilote d'avion.

Passons rapidement sur l'ère Mike Stone en seconde guitare, dont le son et le jeu lourd, parfois proche de l'indus ne s'est jamais bien marié à la musique du combo. Son successeur Parker Lundgren (gendre de Tate) fera par la suite un merveilleux travail avec son jeu épaulant celui de Wilton.

Arrive ensuite le compromis. Il s'agit de l'album Operation Mindcrime 2. Oui, vous avez bien lu, le mégallo qui ne regardait que devant et jamais derrière, sans doute en manque d'oseille, fait une concession : enregistrer une suite à l'album culte en reprenant de vieux schémas de composition ! Le résultat est plus qu'à la hauteur, et la tournée qui suit est monumentale regroupant trois sets, Mindcrime, Mindcrime2 et best of. Les fans recommencent à croire que le groupe va arrêter de renier ses origines. Et paf : s'en suit les trois plus mauvais albums du groupe et un album de reprise tout bonnement scandaleux !

Les sommets sont atteints sur les dernières tournées, Tate insultant ouvertement les fans réclamant des vieux titres (qu'il est de toute façon incapable de chanter), se faisant siffler lorsqu'il se permet des solos de saxophone et allant même jusqu'à cracher (au sens propre) sur Scott Rockenfield alors occupé à assurer ses parties de batterie, en venant au mains (toujours sur scène) avec Michael Wilton.

Fin de l'aventure pour Tate. Nous apprendrons par la suite le règne de terreur qu'il a fait vivre à son groupe durant les dernières années aidé par sa femme alors manager du groupe. Moche, très moche ce que les autres ont du endurer !

Que faire quand vous être quatre zicos vieillissant, que votre leader vous a fait perdre votre fan base et votre crédibilité, vous laissant littéralement sur la paille et vous intentant un procès pour vous voler le nom de votre groupe ?

Recruter un jeune clone vocal bien sûr !!! Todd La Torre fait son apparition. Tournée de rodage (dans de minuscules clubs) durant la durée du procès, setlist de fou furieux reprenant les titres de Rage for Order non joués live depuis de décennies, et plus globalement tous les titres réclamés par les fans. Le résultat est probant, le dissident n'a plus que ses yeux pour pleurer, d'autant qu'il perd le procès et n'a plus le droit d'utiliser le nom de Queensrÿche.

Premier album avec ce nouveau line-up, cet éponyme renfermant globalement du très moyen et deux titres brillants (Where Dreams Go to Die et Spore) redonnant un peu d'espoir.

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Condition Hüman :

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Après un album et deux tournées avec Todd La Torre au chant, une "fan base" retrouvée, des imbroglios juridiques terminés, le groupe retourne serein en studio pour la première fois depuis longtemps.

Wilton, propulsé leader et compositeur de cette version de Queensryche 2.1, libre de ses mouvements nous livre pas moins de douze brulots ! Douze titres sur lesquels il n'y a rien à jeter, pas un titre en dessous ou au dessus d'un autre, le tout frisant l'excellence, un travail de composition qui impose le respect mais qui nécessitera plusieurs écoutes attentives pour bien piger le truc les mecs.

La voix de La Torre qui pour l'instant se contentait d'être bluffante dans les aigus l'est aussi dans les graves. C'est officiel, La Torre a surpassé les vocaux de Tate avec un spectre plus large et d'une rare profondeur. Se permettant même quelques incartades digne d'un Rob Halford période 80s sur le titre Hellfire. Chapeau bas.

Que dire de la basse/batterie ? Rien, cette partie est impeccable depuis 1983 ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer.

Les guitares ?! C'est là que ça fait mal, très mal, Wilton s'en donne à coeur joie où tout ce qui fait la particularité de son jeu est transcendé et constitue les fondations même de cet album. Les 12 solos sont tout simplement à tomber et l'album regroupe certaines des plus belles partitions guitares du combo, alternant guitare acoustique et le son de son ESP le tout gonflé de feeling et harmonisé dans tous les sens avec le soutien de son acolyte Parker Lundgren.

Beaucoup se sont déjà amusés à dire tel titre sonne comme du The Warning, tel autre comme du Mindcrime ... Et je ne vais pas les blâmer tant la banane sur leur visage est énorme. Toutefois, ce serait bien simpliste de définir cet album de la sorte. Moi j'y vois 12 compositions avant tout très variées, certes influencées par le passé du groupe (enfin !). Mais surtout, la dernier fois que le groupe a pondu un album aussi varié (bien que beaucoup moins complexe) celui-ci s'appelait ... EMPIRE.

Can't you feel it coming? EMPIRE!
Can't you hear it coming? EMPIRE!

Queensrÿche réécrit aujourd'hui son histoire. Et écrit une page de l'histoire du METAL ! Un exemple de persévérance pour nous tous les mecs.