Cruel Country
6.9
Cruel Country

Album de Wilco (2022)

Un double album qui fait du bien

Le dernier double album de Wilco remontait à 1996 et, depuis cette date, le groupe nous avait habitués à des productions d'une dizaine de chansons. Surprise ! Le Covid est passé par là et Jeff Tweedy, de plus en plus prolifique au fil des années, a eu le temps de ciseler 21 chansons qu'il a enregistrées dans la foulée avec son groupe. Et le résultat est au-delà des espérances : Cruel country est un très bon double cd qui fait du bien et ne déçoit pas.

Il pouvait pourtant y avoir quelques craintes : les deux derniers opus du groupe étaient en mode mineur, avec une guitare électrique beaucoup moins présente que dans des albums comme Star Wars (2015) ou The Whole love (2011). Bien loin des albums qui avaient fait leur légende et des chansons emblématiques du groupe comme Spiders ou Impossible Germany. D'aucuns diront qu'un virage de productions un peu plus pépères a été pris. C'est vrai, et la production solo parallèle de Tweedy nous rappelle que le chanteur compositeur privilégie désormais les ambiances plus feutrées.

Alors, qu'en est-il de Cruel country, ce double album annoncé dès mai 2022 et qui n'est sorti dans les bacs français qu'en janvier 2023 ? Composé notamment de petits croquis poétiques ou désabusés sur les Etats-Unis, c'est avant tout une œuvre gorgée de mélodies et magnifiquement orchestrée par le sextuor de Chicago. Dès I am my mother, la magie opère, que viennent confirmer des chansons comme Hints, The empty condor, Tonight's the day ou Tired of taking it out on you où l'orchestration est magnifique. La première chanson du second cd, Many words, la plus longue des 21 proposées, est un morceau envoutant commencé avec le très beau piano de Patrick Sansone cédant ensuite sa place à la guitare et à la batterie. Elle installe un climat d'unité et d'osmose entre les six musiciens qui se poursuit sur le cd avec des morceaux très country (Falling appart, A lifetime to find) et de nouvelles perles mélodiques ( Story to tell, Mystery binds) jusqu'à un final presque confidentiel avec The plains, une chanson sur la pointe des pieds comme Tweedy en a composé ces dernières années, tant avec Wilco qu'en solo, en clôture d'album.

Bien sûr, l'usage quasi systématique de la guitare sèche peut faire regretter les fulgurances que Nels Cline sait si bien imprimer à sa six

cordes. Cependant, elle ne nuit pas à la grande beauté des mélodies composées, à la perfection plastique indéniable dans leur exécution et à la parfaite osmose entre ces six musiciens qui travaillent ensemble depuis plus de vingt ans. Et elle suffit au bonheur de l'auditeur qui, avec ce cru 2022, peut respirer : Wilco a encore de -très- beaux restes. C'est une bonne nouvelle.

Ashbey
8
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le 4 juil. 2023

Critique lue 22 fois

Ashbey

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