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Noir Désir, chapitre 2 : « Du Ciment Sous Les Plaines »

Fort mécontent du succès du single « phare » (haha) « Aux sombres héros de l’amer » (comprenez « la mer » …. phare… euh…) de leur chef d’oeuvre précédent, Noir Désir préférait s’éclipser pendant un moment. En tout cas telle est l’interprétation que l’on peut faire en tombant sur cet album, le moins connu du groupe, et qui a plus l’air d’un recueil de faces-b a priori que d’un véritable album quand on l’appréhende la première fois. Paru seulement un an après leur précédent album, ce disque est plus « brut » dans ses sonorités…plus « rock » sans être véritablement hard, on sent une volonté du groupe d’évoluer vers un rock légèrement tinté de blues et épuré de toute influence propre aux années 80.


Ainsi, les influences cold-wave que l’on pouvait encore retrouver discrètement dans certains arrangements sur certains morceaux et au niveau du son de la guitare ont, ici, totalement disparus. Pourtant, le style, lui, reste à peu près le même : il y a toujours cette voix perchée et puissante de Bertrand Cantat (« Tu m’donnes le mal »), cette écriture classe et mystérieuse (« Si rien ne bouge »), ces ambiances en demi-teinte faisant beaucoup intervenir l’harmonica (« Charlie »). Bref, Noir Désir fait toujours du Noir Désir…la seule réelle évolution stylistique par rapport à l’album précédant étant ce retrait des sonorités froides et légèrement acoustiques qui caractérisait essentiellement l’album précédent.


Pour ma part j’avoue avoir été assez déçu la première fois que j’ai écouté cet album…je l’ai redécouvert tout récemment (et réévalué en conséquent) pour rédiger un article sur tous les albums du groupe. Rien ne semblait sortir du lot là-dedans et les 50 minutes me paraissaient bien longues. Pourtant, force est de constater que les bonnes chansons (grandes parfois même) sont belles et bien là! Oui mais petit problème…elles sont présentes à un même endroit du disque…sur la première moitié…passé « De l’or » il faudra vraiment tendre l’oreille pour tomber sur des morceaux réellement marquants!


Tout commence avec un « No No No » pas trop jojo sans être désagréable où Bertrand Cantat nous illumine de son accent Français sur un rythme légèrement plat (même si niveau accent il fera plus fort que cela à l’avenir). Puis, dès le morceau « En route pour la joie » (dont les paroles donnent son titre à l’album) on rigole déjà beaucoup moins…les guitares sont rapides et acérées, Cantat est bien remonté, le groupe semble déterminé à enchaîner les breaks et à générer une excitation instantanée (les refrains : « Hosanna, Hosanna et en route pour la joie » sont réellement addictifs et entraînants!). « Charlie » nous régale par son harmonica mélancolique et mélodieuse nous plongeant dans une atmosphère urbaine et crépusculaire, tandis que le plus rock « Tu M’donnes le mal » sur lequel Cantat donne plus que jamais de la voix déploie une énergie incroyable! Mais LE chef d’oeuvre du disque reste incontestablement (peut-être encore plus que « En route pour la joie ») : « Si rien ne bouge » sur lequel la voix de Bertrant Cantat est discrète et apaisée puis monte en puissance petit à petit à mesure que la rythmique subtile (accompagnée d’une guitare sèche) et lancinante s’emballe. Épuré et presque minimaliste ce morceau n’en dégage pas moins une classe et une beauté qui touche à l’absolu, et ce, avec très peu d’effets…bon allez j’ose : c’est sans doute un des meilleurs morceaux du groupe…découvert un peu tard en ce qui me concerne mais heureusement découvert quand même!


Les deux morceaux suivants ne sont pas mauvais non plus…particulièrement « De l’or » dont l’apport de chœurs bien en place viennent ponctuer le morceau et servir de support au rythme quasiment dansant de l’ensemble. Malheureusement le soufflet retombe quelque peu pendant le reste de l’album…je l’ai déjà dit plus haut mais passé la première moitié du disque il faut s’accrocher pour tomber sur un morceau qui soit un minimum marquant. Rien n’est réellement mauvais, tout se laisse écouter…mais ça n’est pas ce que l’on attend habituellement en écoutant un morceau de Noir Désir… « La chanson de la main » qui tente de refaire vivre (un peu en vain) les atmosphères fantomatiques du premier EP est même pas toujours terrible par exemple. Mais bon…rien de catastrophique non plus…et puis « Les Oriflammes » et « Le Zen Emoi » restent plutôt entraînants et savoureux avec une batterie toujours bien en place et accrocheuse.


Bref, c’est un album assez bon au final…bien meilleur que le premier EP du groupe mais largement moins prenant du début à la fin que le précédent album et inférieur aux albums à venir…à cause d’un aspect légèrement inégal et de quelques morceaux légèrement faibles mélodiquement…qui sont tout de même compensés par deux ou trois grandes chansons. Et si avec le recul le principal défaut de « Du ciment sous des plaines » était de se situer entre un « Veuillez rendre l’âme (à qui elle appartient) » et un « Tostaky »? Il y a de fortes chances…quoi qu’il en soit cet album au maigre succès et à la maigre renommée mérite d’être redécouvert ne serait-ce que pour les quelques belles chansons citées plus haut, il aura au moins permis au groupe de ne pas se ramollir avant de creuser un peu plus brutalement la brèche ouverte ici par des sonorités plus âpres et électriques sur leur album suivant…le renommé « Tostaky »!

Venomesque
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le 26 août 2017

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