Vite fait bien fait

Ce très respectable retour aux affaires des Hellacopters intéressera surtout le public déjà conquis du groupe de Stockholm (les paris sont ouverts sur le nombre de mois qu'il faudra à cette critique pour franchir la dizaine de lectures), qui signe un nouvel opus de gros rock punk sur les bords et heavy au milieu. La bifurcation de Nicke Anderson par Imperial State Electric lui a permis d’affûter son approche de la mélodie, mais aussi de rameuter le bassiste Dolph DeBorst, également patron des Datsuns, combo néo-zélandais dont le hard garage teigneux suffit à justifier le transfuge de personnel.
"Eyes of Oblivion" ne révolutionne absolument rien, que ce soit pour la carrière des Hellacopters ou la musique à guitares, mais recèle suffisamment de power chords tapageurs ("Reap a Hurricane", "Positively Not Knowing") de refrains entêtants ("Eyes of Oblivion", "Try Me Tonight") et de virages moins convenus ("So Sorry I Could Die") pour convaincre aisément sans donner l’impression de trop insister. S’il va sans dire que personne n’attendait un Sergeant Pepper de la part d'une bande de chevelus biberonnés au MC5 et à KISS, on est en droit de regretter une production très sèche qui dessert la section rythmique, pourtant en jolie forme sur l'ensemble des chansons. A noter également le retour dans le line-up de Dregen, guitariste co-capitaine des Backyard Babies qui avaient eux aussi étrenné leurs retrouvailles en 2015, avec un nouvel album qui proposait peu de titres marquants malgré un son de production très efficace. Avec les qualités et défauts inverses, "Eyes of Oblivion" s’en tire beaucoup mieux sans pour autant constituer une écoute incontournable de 2022. Les fans iront de toute façon voir le groupe sur scène pour un rendu magnifié, puisque l’ambition du projet est aussi de permettre à la bande de repartir sur les routes.