Il y a cinq ans, la Torrini jolie s'était fait remarquer par son minois italo-islandais, qui illustrait son album, tout aussi charmant, de trip-hop. Mais trop hip, et le trip-hop a fait son temps. Emiliana Torrini, elle, a pris son temps. La voilà de retour au port, en mieux et méconnaissable, avec Fisherman's Woman. Si elle était la femme en question, le marin-pêcheur pourrait être Nick Drake ou Bill Callahan de Smog. Ici, tout est luxe spartiate, calme et mélancolie voluptueuse. Très peu de batterie, des instruments acoustiques, des compositions étales, une voix délicate qui sonne comme une trompette pompette dans un club de jazz, à l'heure de la fermeture. Ce disque est un cocon, aussi bon qu'un album de Cat Power, aussi rond et protecteur que la coque d'un bateau. Sur la chanson Lifesaver, on croit même entendre le bois craquer ? c'est en fait le bruit d'un piano déglingué, qu'Emiliana accompagne en jouant d'un accordéon crevé. Chez elle, Emiliana aime le silence autant que la musique. Elle habite maintenant à Brighton, Grande-Bretagne. Pour ses vieux jours, elle aimerait tenir une petite table d'hôte où les guests n'auraient jamais leur mot à dire sur le service. Ou alors, elle se verrait bien accoudée à un piano, chantant des standards de jazz dans un club tendu de velours rouge. Nul ne sait où elle sera dans cinq ans. Nous, on scrutera la ligne des flots en espérant son retour rapide, avec une pêche aussi miraculeuse.(Inrocks)
Phase 1 : imposer sa frimousse italo-islandaise et fricoter avec le succès en compagnie du douteux Roland Orzabal, retraité des pittoresques Tears For Fears, sur un premier album très inégal mais attachant Love In The Time Of Science charriait en effet son lot de pépites electro pop et dévoilait les charmes d'Emiliana Torrini, sa voix et ses mélodies accueillantes abîmées par une production vulgaire. Phase 2 : se mettre à l'abri du besoin (soi et sa descendance sur plusieurs générations) en composant du tube en béton pour Kylie Minogue et un morceau pour la BOF d'un épisode du Seigneur Des Anneaux (celui avec les arbres qui parlent). Phase 3 : la conquête de la crédibilité, résumée en quatre mots (minimalisme, acoustique, Rough Trade). En temps normal, ce genre de repositionnement stratégique pour PME en recherche de nouveaux segments de marché nous donne plutôt envie de mordre. Mais voilà, Fisherman's Woman est un disque charmant qui assume jusqu'au bout son choix du dépouillement et de l'épure. Les chansons d'Emiliana Torrini ne sont pas toujours à la hauteur pour éviter une pointe d'ennui, mais quelques merveilles renversent le coeur. La mélodie de Sunny Road s'épanouit sur les entrelacs d'une guitare bossa et les doux frottements de la rythmique. Today Has Been Ok, Next Time Around et surtout Heartstopper sont à tomber par terre. Entre clochettes, piano et guitares, Emiliana chante d'une voix empreinte de douceur et de mélancolie, comme la petite soeur des Kings Of Convenience.(Magic)


Voilà déjà cinq bonnes années qu’Emiliana Torrini nous a gratifié de son "Love in the Time of Science", délicieux album bercé par l’électro et le trip-hop. Depuis, on l’avait croisé sur la Chanson de Gollum, titre générique des "Deux Tours", le deuxième volet du "Seigneur des Anneaux" de Peter Jackson. On s’inquiétait alors d’un deuxième album sortant en fanfare et cédant à on ne sait quel nouveau phénomène de mode étouffant. C’était bien mal connaître l’italo-islandaise. Celle-ci, débarrassée de sa major, nous offre un "Fisherman’s Woman" sans enluminures inutiles, ouvrant ses bras à une folk minimaliste qui ne met que plus en avant sa voix, douce et malicieuse. On aurait pu d’ailleurs un peu le prévoir puisqu’on l’avait vu lors de certains concerts ranger ses machines pour des prestations tout en acoustique, nous laissant sous le charme…Guitares acoustiques, section rythmique discrète, piano déposant notes et accords sur de petites chansons sans prétention qui pourtant nous envoûtent dans leur dépouillement. Un peadalsteel, un glockenspiel, un mélodica nous font tendre l’oreille. Peut-être pas très accrocheur à la première écoute, juste agréable, les chansons prennent alors toutes leur saveur sur la longueur. Mais alors plus question de s’en débarrasser, il est déjà trop tard…Car c’est bien la force d’Emiliana, avec trois fois rien mais une voix inimitable, elle nous ensorcelle et nous force à rester avec elle, bien au chaud, lors des froids d’hiver ou des mélancoliques pluies d’automne. Un album plus personnel mais qui finalement sera sans doute moins marqué par le temps qui passe que le précédent. Une douceur à garder dans un coin de son cœur et de sa discothèque. (indiepoprock) 
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le 26 févr. 2022

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