Il fallait le triomphe planétaire du démesuré "Elephant" pour que Jack White murisse enfin, abandonne son petit univers clos et vaguement régressif de couleurs primaires où il s'ébattait tranquillement avec sa boîte à jouets (du blues primitif au punk garage) et sa meilleure copine. Sacré guitar hero, il peut ranger sa guitare. Leader reconnu d'un retour du Rock, il peut écouter tous ces démons qui griffent et grognent dans sa tête, jusque là soigneusement contenus grâce d'une musique spectaculairement formaliste. "Get Behind Me Satan" est LE disque qu'on attendait de Jack White, habité, halluciné, novateur, inspiré, tentant des expériences interdites, et surtout prouvant enfin que, derrière les gimmicks, il y a bel et bien un coeur qui bat. [Critique écrite en 2005]
Et à propos de la pochette : Meg et Jack White encore ? Non, Don Diego de la Vega et sa douce señorita plutôt, tout en carmin et en noir, le blanc des bonbons rayés cette fois rélégué en artefact d’art moderne ou de technologie anachronique... Image soignée mais énigmatique : loin du Blues aigrelet du disque, que veulent-ils nous dire, se tournant le dos dans une mise en scène kitsch, alors que, en douce, leurs mains rejouent la création du monde ? Que derrière la pose, l’étincelle peut encore jaillir à tout moment ?